dimanche 4 décembre 2016

Traitement, poids, culpabilité

Je prends des neuroleptiques (Tercian, Risperdal) Les neuroleptiques agissent de trois manières sur le poids :
- Ils modifient le métabolisme
- Ils ralentissent physiquement (ils fatiguent)
- Ils sont orexigènes = ils donnent drôlement faim, tout le temps

Synthèse : depuis ma hausse de traitement il y  a deux ans suite à une rechute, j'ai pris vingt kilos.
Et je culpabilise doublement. Je culpabilise de ne pas être dans les normes imposées esthétiques, de santé, d'être un peu moins désirable pour l'être aimé, de ne pas contrôler ma faim, de ne pas contrôler mon corps, de ne pas contrôler mon apparence and all the shit. Et ça me fait chier que les gen-tes me demandent si je suis enceinte, comme si ça les regardait en plus.
Mais je culpabilise aussi de culpabiliser, parce que la lutte contre la grossophobie m'importe, m'apparait nécessaire et pertinente, contre le bodyshaming aussi, je culpabilise de me trouver moche, en moins bonne santé (je suis essoufflée et c'est pas que la clope) et qu'aucun vêtement ne me sois séant puisque je ne trouve pas mon corps séant, bref, de ne pas réussir à positiver mon apparence, de manquer de force, d'inspiration, d'échouer au plus proche et intime comme militante. Et cela je n'ose pas en parler sur les groupes, parce qu'en plus je risquerais de déprimer d'autres gros-ses et de les freiner dans leurs démarche de "positivment" (?) de leur corps. En gros c'est capital pour les autres et moi je peux mordre ma chique.


Je ne vis cependant pas (plus, il y eu mes parents, très durement parfois) de pressions au quotidien pour contrôler et faire baisser le chiffre sur la balance, le militantisme des gros-ses a fait du bien sur la première part de ma culpabilité, je peux argumenter et me positionner face au regard des autres (et de l'Autre) et pour le côté militant, je commence à me dire "hey, ne projette pas le mal que tu penses de toi sur autrui."

Le travail sans doute jamais achevé d'acceptation de mon corps (et de ma personne plus généralement) est laborieux et lent, égratigné par mon histoire, mes troubles dépressifs et d’auto agressivité physique mais il vaut le coup, car chaque millimètre d'estime de mon corps gagné est un litre d'oxygène qui arrive à mes poumons, chaque gramme d'équilibrage militant aussi. Mon corps et moi, sommes arrivés à un compromis qui me semble bien, ne pas prendre plus, ne pas battre ma coulpe, niveau militantisme, entre "moi" et "moi" qui ô surprise ne suis pas parfait ni déconstruite complètement - LOL- aimer davantage le dedans et l'enveloppe. Pas si mal non ?

samedi 3 décembre 2016

Femme au foyer féministe et psychotique

J'étais infirmière, j'ai eu à demander ma retraite anticipée pour invalidité en raison de mes troubles psychotiques à l'âge de 41 ans. Dans le même temps, ce qui est une coïncidence, je me suis installée chez mon compagnon, qui travaille à l'extérieur et ai proposé (presqu'imposé) le fait que je me charge des tâches ménagères. Le fait de ne pas avoir de travail rémunéré n'est donc pas un plein choix (même si j'aurais pu tenter une quatrième adaptation de poste ou une reconversion) mais le fait d'assumer le travail à la maison l'est.
Je suis par ailleurs féministe.
Je souhaite parler dans ce billet de la conjonction de ces facteurs.

Pour nous femmes féministes le travail à la maison n'est pas péjoratif, même si nous militons contre le fait que les femmes l'assurent en grande majorité. La grosse nuance est que ce n'est un travail ni rémunéré ni valorisé socialement, par contre indispensable à la vie du foyer et de la société. Pendant que les femmes récurent les chiottes, les hommes n'ont pas à le faire et ont donc du temps et de l'énergie à investir dans la sphère publique et sociale, voilà en très gros le propos.
Ce dont je me suis pleinement rendue compte en travaillant à la maison : quand nous (couple cishet, ok) voyons des ami-es, mon compagnon peut parler de son taff, de ses recherches, ses problèmes avec les collègues, ses succès professionnels et recueillera intérêt, estime, compassion. Moi, je peux difficilement parler de ma cuvette de toilette éclatante grâce aux galets effervescents que je fabrique moi-même ou de mes draps de lits pas au top au contact malgré assouplissant et repassage. Enfin, je peux, mais tout le monde s'en tape.
Pourtant, je retire de grandes satisfaction et un vrai épanouissement dans ces tâches et il ne me viendrait pas l'idée de reprocher quoi que ce soit à ma moitié, ou à nos ami-es. Les choses sont ainsi, c'est culturel, social, systémique et ce n'est pas parce qu'une action n'est pas mise en lumière que c'est de la merde.
Le ménage demande organisation, maitrise de techniques et de produits (des bases en chimie, en physique), savoir faire. Et comme face à un juteux contrat signé, on peut être complètement satisfait-e et accompli-e devant un foyer propret et agréable à vivre.
Je ne me sens pas rabaissée de m'en charger. C'est le travail que j’accomplis pour moi-même (oui, je sais, seul-e il faut le faire aussi - mais en couple il faudrait en faire moitié moins), mon compagnon, notre couple et la communauté - la société.
Il s'avère donc que je suis psychotique (le fait qu'il s'agisse de troubles schizo-affectifs ou de ce qu'on appelait autrefois une psychose maniaco dépressive est questionné en ce moment), ce qui est mon talon d'achille pour un travail rémunéré. C'est loin d'être le cas pour toutes les personnes vivant avec ces troubles, mais c'est ce qui m'empêche de travailler à l'extérieur et aussi de soutenir moralement comme je le souhaiterais l'homme que j'aime. Il est mon pilier, s'il vacille, je tremble. Je trouve d'autres ressources extérieures, comme mon infirmière référente au CMP, ou des cachets en plus, ou des proches, mais je ne suis pas aussi soutenante que je le voudrais. Me charger de notre ménage est aussi ma manière de le soutenir au quotidien, de m'occuper de lui, en plaçant dans mes routines une grande part à son plaisir de trouver, manger, telle ou telle chose. C'est pour moi une belle manière de prendre soin de l'autre, d'aller vers une relation plus symétrique dans ce que l'on s'apporte l'un à l'autre.
Je ne pense pas que toustes les psychotiques m'en voudront si je dis que nous sommes plus fragiles que les NT, avec besoin de davantage de soutient, d'étayage, en tout cas sur le moyen et long terme.

Pour en revenir au féminisme, il me semble que nous devrions (mais sans dout est-ce déjà fait...?) creuser davantage le pouvoir (l'empowerment) lié au travail ménager et ce qu'il implique dans le couple, le groupe, la société. Pas seulement dans ce que j'ai décrit sur la satisfaction d'avoir fait du bon travail, mais dans le contrôle de l'organisation du foyer (du couchage aux repas, aux comptes, à l'éducation des enfants), dans les choix de mode de vie, et sur la force des liens de sororité : je n'ai jamais connu complicité et soutien entre femmes que sur les groupes FB de rangement, ménage... et certainement pas sur les groupes féministes où nous sommes très violentes entre noues. J'ai vraiment eu l'impression de découvrir le monde secret mais si capital des femmes, dans tous les aspects de la vie.


En fait pour avoir un espace non mixte bien vécu par tout le monde il faut parler récurage de salle de bain


...

jeudi 10 novembre 2016

"Je suis passé pour un-e débile" les oublié-es des luttes

Il y a quelque temps un-e ami-e, militant-e contre la psychophobie et autiste fonctionnelle HQI a dit ça dans une conversation, à plusieurs reprises : "je suis passé-e pour un-e débile".
S'en est suivi une discussion assez courte sur la pertinence de dire du mal des personnes avec un Bas QI en leur absence.
Les BQI sont oublié-es des luttes, ainsi que les psychotiques les plus "malades", les plus typiques de cette structure de personnalité. Il est difficile de remettre en cause ses privilèges (cet-te ami-e, que j'aime, est racisé-e, un-e non-binaire, issu-e du lumpen prolétariat, des privilèges iel en a peu) ça met mal à l'aise et en colère (moi même suis une femme cisgenre blanche). Cependant nou-es avons toustes à faire ces questionnements, à remettre en cause. Nou-es sommes nombreuxses en tant que militant-es actifves à être Haut Potentiel, à être fonctionnel-les. Sinon hey, nou-es aurions peu ou pas les moyens psychiques d'écrire des notes de blog, d'administrer et/ou modérer des groupes ou des forums.

Il est plus facile de défendre et protéger des gen-tes "comme nou-es" et de s'opposer ou reproduire l'oppression sur des personnes moins aptes à se défendre et encore plus moquées et bashées que nou-es. Nou-es avons à prendre garde à ces glissements et à rester vigilant-es pour une lutte réellement pour toustes.

Riez des dominants nom d'un chien

Alors Non, Donald Trump n'est pas "déficient mental" il n'est pas "psychopathe" ni "schizophrène" ou "bipolaire".
"Si on peut plus rire" me disait-on sur FaceBook il y a peu : alors si, on peut rire, peut-être même que l'on doit rire, mais rire des Mecs blancs cisgenre hétéro, parce que Donald Trump n'est pas l'incarnation d'un trouble psychique, mais l'incarnation de la masculinité toxique, homophobe, misogyne, violeuse, raciste, qui prend son terreau non dans le DSM V mais dans toutes les blagues que vous dites "au second degré c'est pour rire"

dimanche 6 novembre 2016

Mon expérience de la méditation pleine conscience

Bwalors je me suis mise à la méditation pleine conscience. Cette technique de remédiation m'a été conseillée par la neuropsychologue qui a investigué mes troubles cognitifs qui sont en fait inexistants (long story bro-sis). Grosso merdo on peut dire que la technique devait me servir à mieux me repérer géographiquement, gros point faible invalidant dans la vie quotidienne.

J'ai commencé (et continuer) à pratiquer sur l'appli Petit Bambou, au début une séance de dix muntes chaque jour, puis quinze, maintenant vingt. Je précise que huit séances sont gratuites, les autres accessibles avec un abonnement. Cette neuropsychologue m'a aussi conseillé le livre de Christophe André "Je médite jour après jour" (sur ma PAL).

Cela consiste à prendre conscience de son corps et des éléments de son psychisme (pensées, émotions) dans le moment présent. Un gros travail est donc fait autours du corps, et de la mise à distance des émotions et pensées dites automatiques ailleurs.

Mes limites sont celles de la méthode à appliquer aux personnes psychotiques en particulier : de l'angoisse à appliquer la consigne de se sentir respirer par la peau en particulier (rien que le voir écrire doit être trigger pour un certain nombre). En effet, j'ai fait des expériences extrêmes de psychoses avec sensation de dissolution du corps et de l'esprit dans le Monde et les Autres et ce n'était pas franchement positif. Cependant la méthode m'a tellement apporté niveau sensations de mon corps que j'arrive presque à appliquer cette consigne et le ressentir positivement (justement parce que maintenant et ceci tout le temps, j'ai à peu près conscience de mon enveloppe corporelle).
Une autre limite est plus en lien avec les troubles schizo-affectifs et devrait résonner péjorativement chez les personnes avec Troubles de Personnalité Borderline (TPB) : "vous n'avez nulle part où aller". Ce hic est donc inhérent à la plateforme même et à la prof en cause. Cette phrase est bien sûr à entendre dans le sens "vous n'avez pas de train à prendre dans les cinq minutes, il n'y a nulle part où vous deviez aller là maintenant" mais elle résonne lugubrement dans mes massives angoisses d'abandon.
Enfin, si jamais je suis agitée, excitée de façon positive ou négative, angoissée plus qu'habituellement ou avec une vieille hallu résiduelle, il m'est quasiment impossible de mener à bien une séance. Soit parce que je ne tiens pas en place (donc très difficile je pense pour les personnes avec Trouble Déficit Attention/Hyperactivité) soit parce que l'angoisse ou la tristesse m'envahissent massivement (le lâcher prise) et sont ensuite extrêmement difficiles à surmonter. Cependant j'essaye au moins de démarrer la séance car je suis persuadée qu'une pratique quotidienne aide à maitriser les moments difficiles, mais avec beaucoup d'expérience dans la technique.

Je connais les bénéfices de la méditation au bout d'une séance, que je fais le matin, à l'issue de laquelle je suis pêchue, claire et lucide. Cela m'aide à m'éveiller pleinement et à démarrer ma journée de manière plus dynamique qu'en scrollant sur Facebook pendant deux ou trois heures et cependant sans violence. A moyen terme (mois 1) je ressens beaucoup mieux mon corps, mon enveloppe corporelle. Difficile à expliquer mais je sens mieux mon psychisme dans mon corps, je clive moins pensées et physique. Le moins est que du coup je ressens les douleurs (quasi totalement anesthésiée avant) donc mon genou arthrosé se rappelle à moi ainsi que les tendinites et les petites caries, mais aussi une sorte de sensation de portage par mon propre corps. Un psychanalyste spécial dirait que je ressens la Mère en mon corps. C'est très agréable, même "soulageant" et reposant. A pas mal de moments de mes journées je me conscientise, consciemment ou non, dans le moment présent. La réalité me parait "plus réelle", sans le "filtre" psychotique, très légèrement décalé de la réalité (les vrais savent) et je remarque des choses, objets, lumières particulières, ombres dans mon environnement que je n'avais jamais notées auparavant.

Je suis plus présente à mon environnement et effectivement cela se constate sur le repérage en scooter, sur lequel je ne suis plus en pilote automatique.

En ayant effectué trois commandes d'un même objet onéreux par erreur, j'ai éprouvé un début d'attaque d'angoisse. J'ai utilisé les outils de méditation pleine conscience en même temps qu'un saupoudrage de Thérapies Comportementalo-Cognitives, je me suis resituée et rassurée dans le moment ("je ne vais pas mourir" "je ne suis pas menacée" "je ne suis pas ruinée") ce qui m'a permis de ne pas partir en live et de pouvoir rationaliser, donc me calmer et rester simplement préoccupée "normalement".

Mon aimé me trouve également changée de manière positive, plus concentrée, plus présente, donc ce n'est pas simplement une vue de l'esprit.

En conclusion : je recommande la méditation de pleine conscience comme technique de remédiation sur les "troubles" ou "pseudo troubles" cités chez la personne psychotique, à commencer en période de stabilité et/ou rétablissement, voir sur le plus long terme si il est possible de la pratiquer en période de crise ou de moins bien.

vendredi 4 novembre 2016

Comparaison troubles psy et somatiques, les limites

On a tendance dans le milieu militant, ou simplement soutenant, de comparer nos troubles ou neuroatypicités avec des troubles physiques, pour être parlant-es et faire comprendre des choses aux NA.
De blaster les idées reçues et les conseils du type "bouge-toi" "vois la vie du côté positif" etc. (tmtc)

Cependant je lance aujourd'hui la réflexion et suis super open aux réponses que pourront peut-être m'apporter des personnes en situation de handicap, visible ou invisible et des maladies physiques, visibles et invisibles : cette comparaison n'est-elle pas un abus, ne relève-t-elle pas du capacitisme lorsqu'un-e NT physiquement valide et/ou en bonne santé en use ? Personnellement je ne sais rien, je ne peux pas me rendre compte du validisme exercé contre ces personnes, du poids au quotidien, des conseils alakon reçus (bouge toi, fais du sport, bois des infus, ça doit s'entendre aussi. Et le "l'important c'est le moral"), la minimisation du handicap-de la maladie, le je m'en foutisme global.

Je m'abstiendrai dorénavant de faire ce genre de parallèle, j'ai à trouver un autre moyen percutant d’illustrer mes ressentis et ma pensée par rapport au validisme NT vs NA, pour ne pas laisser des gen-tes en plan dans ma lutte anti psychophobie

mardi 25 octobre 2016

" Tu t'en fous tant que tu vas bien"

J'ai entendu cet insert hier d'une proche et je l'entends de la part d'autres proches régulièrement.

Je devrais m'en foutre de mon diagnostic tant que je vais bien. Je devrais prendre un traitement, finalement sans savoir pourquoi, tant qu'il me fait du bien. Je ne pourrais échanger avec aucun-e concerné-e, je ne pourrais pas me renseigner sur mes troubles donc les comprendre mieux. Je devrais oblitérer la partie de moi que sont mes troubles ("avec ta maladie") pour me dire, le nez au vent "trilala je vais bien le reste jemenfousjemenfousjemenfous". Je devrais ne pas me renseigner pour m'aider à prévenir les rechutes. Je devrais dire aux gen-tes avec qui je fais connaissance : "Je ne sais pas ce que j'ai mais je vais bien :) ". Je devrais annoncer aux expert-es pour mon invalidité "c'est compliqué, mais là je vais bien, mais je ne peux plus travailler, parce que sinon, je ne sais pas ce que j'ai mais ça ne va pas"

Je devrais rester dans le noir, je ne devrais jamais prononcer les mots qui font peur "schizophrénie" "bipolarité" "psychose" et les garder comme une ombre qui plane, inexplorés et inexplorables du fait de mon ignorance.


Je vais bien mais je ne m'en fous pas. Nou-es NA avons le droit de savoir, de nommer, de mettre des mots, de nous éduquer, d'échanger entre nou-es, de communiquer avec les soignant-es sur une communauté de savoir.

dimanche 16 octobre 2016

Mes ami-e-s "qu'ont quelque chose"






On me dit souvent "Tu ne devrai pas trainer avec des gen-tes à problème" "un-e nouveaulle copin-e ? Dépressivfe ? T'as pas besoin de ça" et autre "Tu te trouves toujours des gen-tes qui vont pas bien"

C'est vrai, déjà parce que je ne sais pas si ça existe des gen-tes qui sont en parfaite santé sans souci à tout point de vue : si c'est le cas illes restent entre elleux ou n'ont pas envie de trainer avec moi; je n'en ai jamais rencontré.

D'autre part je n'éloigne pas de ma vie soigneusement des personnes qui souffrent d'un truc ou d'un autre, ou qui ont des parts de leur vie compliquée. Déjà ça a été mon cas aussi (et je reste atypique et psychotique hein) et ensuite je ne vois pas pourquoi isoler encore plus des personnes en difficulté. La société et ce qui fait les humain-es m'a dit ma moitié archéologue, c'est le social et le fait de ne "pas abandonner les blessé-es" Si la société (et elle tend à ça, je le sais) c'est foutre à la poubelle les bras cassés, je n'appellerai plus ça société.

Enfin, oui, je fréquente beaucoup de personnes neuroatypiques et dire que ces personnes me font du mal parce qu'elles vont mal est violent (et politique). Ca signifierait que les NA tirent vers le bas (idée reçue), que nous n'avons rien à apporter, que nous ne pouvons soutenir, que nos handicaps, ou maladies, ou troubles, ou atypicités nous rendent toxiques et anxiogènes et seulement cela. Or, les autres NA ont leur richesse personnelle à apporter en plus de leurs troubles et discuter et se soutenir entre personnes ayant vécu des expériences similaires (et ayant vécu et vivant une forme de rejet normatif par la société et ces célèbres gen-tes-qui-vont-super-bien-mais-qu'on-voit-jamais) est hyper précieux et beaucoup plus soutenant. Dire que les NA "tirent vers le bas" les autres NA c'est nous dénier notre force d'auto support, nos capacités d'organisation - notre rationnalité, notre volonté. Notre pouvoir.


La chose la plus précieuse que l'on m'ai dite à propos de mes troubles schizo affectifs est "je t'aime avec ta maladie"
Mon aimé, lors de ma dernière décompensation. Avec. DE toute façon on peut pas faire sans hein.

mercredi 5 octobre 2016

La quête d'un-e bon-ne soignant-e



Il y a un message que je voudrais lancer aux professionnel-les de santé mentale : On sait ce qu'on veut (aller moins mal, mieux, se rétablir pourquoi pas) mais on sait rarement comment, je veux dire par là :comment y arriver, qui consulter, qu'est-ce que cet-te soignant-e attend de nous, bref, "comment ça marche ?"

Je ne m'avancerai pas dans les médecines naturelles, que je ne connais que très mal, mais il doit aussi y avoir des soignant-es "qui nous conviennent" et d'autres moins. D'expériences de techniques autres que médecine classique j'ai rencontré des gen-tes qui pour moi étaient super et m'ont énormément apporté, d'autres non, voire qui m'ont nui.

J'ai vu quantité de médecins généralistes (tous des hommes d'ailleurs) et je dois dire que mon palmarès fout un peu les jetons. Le très dans le relationnel mais qui ne veut pas me "psychiatriser" à 17 ans (dont pas envoyée vers un-e spécialiste), celui qui s'en tape un peu, est gêné et évite de me regarder dans les yeux, celui qui m’abrutit de sédatifs et me viole...

Comme cadette d'une future psychologue et intéressée par la psychologie j'avais quelques bases en matière de spécialistes : lae psychiatre peut prescrire, conduire des thérapies, est remboursé-e au moins en partie, lae psychologue n'est pas remboursé-e, ne peut pas prescrire et conduit des thérapies par la parole, lae psychanalyste doit avoir fait uen psychanalyse et être affilié-e à une Ecole de psychanalyse et peut de plus être psychiatre, psychologue, sans autre diplôme.

Il y a des courants divers, les outils freudiens, lacaniens, systémiques, comportementalo-cognitifs, PNL, analyse transactionnelle, whatever, qu'au fond on ne nous explique jamais vraiment.

Donc ce que je voulais, à 18 ans, c'était : remboursé-e, la parole et pourquoi pas de la médication chimique. J'étais adepte de Bettelheim et Dolto qui me semblaient spcéialement bienveillants donc je me suis dirigée vers une psychiatre psychanalyste spécialisée enfants-ados.

13 ans de rien. Elle ne parlait pas, n'était pas interventionniste au point que c'est moi qui devait demander l'hôpital quand je me lamais trop et ne me lavais plus depuis des semaines, j'attendais parfois 2h dans la salle d'attente avec cinq autres usager-es, pas vraiment de cadre, ne voulait pas me laisser partir "vous aurez besoin de moi toute votre vie"

Parce qu'il faut se mettre dans la peau de l'usager-e : on se dit qu'on est incurable, à force, que c'est le modus operandi habituel (après tout qui n'a jamais attendu chez lae médecin, lae dentiste), qu'on est un-e mauvais-e patient-e qui n'arrive pas à aller mieux, qu'on se soigne quoi merde alors quoi ? On ne se dit pas forcément "je suis avec un-e soignant-e qui ne me va pas / qui travaille comme une merde" (oui ça existe)

Pareil quand on arrive à l'hôpital psy "pour être protégé-e, adapter le traitement" toussa. On arrive on sait pas quoi foutre. Souvent on a vu une ribambelle de soignant-e avant d'être reçu-e, moi par un-e interne j'arrivais en urgence et il faut re-re-re-re expliquer sa life (anamnèse) et sa problématique (généralement arrivé-es à ce point on est super angoissé-e et épuisé-e) On nous fait visiter le service et pof dans la chambre. Moi je me suis dit la première fois "je vais faire un max pour vite aller mieux" oui mais quoi ? Il faut parler aux équipes oui mais quand, comment ?On se pointe dans leur bureau et on dit "coucou, je voudrais parler pour guérir" ? Si on n'a pas de problème du jour particulier ? Et perso je suis timide et j'ose pas sociabiliser avec les autres usager-es au début.

Bref, c'est déjà un long parcours pour savoir ce qui nous convient (face à des sachants qui nous impressionnent et qui ont de facto une emprise d'autorité sur nous) et le "aidez nous à vous aider" merci, donnez nous les clés.

vendredi 2 septembre 2016

"Vous pouvez comprendre" : Ras le cul !





Cet article est garanti sans #NotAllPsy et sans #OuiMaisIelsOntDeBonsCôtésAuFond et sans #NotAllNT

Aujourd'hui je me suis triturée le cerveau pour la millionième fois dans mon parcours de soignée pour élaborer ma demande d'entretiens infirmiers auprès de ma psychiatre, en Octobre. Pourquoi préparer si soigneusement une simple demande de soins ? Parce que, comme me l'avait dit une fois mon ancien psychiatre "Vous êtes trop "bien" pour bénéficier d'aide, mais trop malade pour vivre bien"

Oui, je suis le plus souvent calme en hôpital, oui, je semble parfaitement normale garantie NT sans OGM élevée sous la mère et oui, j'AI ÉTÉ infirmière et comprendre je peux mais tout supporter je veux plus.

Alors je suis calme et j'ai un bon accès à la communication. On me dit même pertinente, cultivée, blabla. C'est pas une raison pour laisser passer les vols à mon égard, le harcèlement et les agressions sexuelles que je subis, les insultes, le "vous pouvez comprendre, vous n'êtes pas comme eux" est méprisant envers les personnes plus délirantes/aux symptômes plus flamboyants/plus invalidés et injuste pour moi. Si je ne me défends presque pas, c'est parce que je sais que me pendent au nez l'exclusion ou la contention si je gueule ou tire une tarte.
Être hospitalisé-e en HP, ce "c'est pas le Club Med", n'est pas facile ami-e-s soignant-e-s. Vous qui passez 8h/j (dont 5 dans le bureau) avec les fous en crise, vous êtes déjà en burn out. Alors H24, quand on est soit même fou-folle en crise, pardon hein, mais c'est parfois insupportable.
Me coller une patiente déficitaire cognitive dans ma chambre, très exaspérante car vient sans cesse au contact, parc que moi "je suis calme" "je suis bien" et "je peux comprendre" c'est de la maltraitance, c'est juste qu'avec d'autres usagères en chambre elle se ferait cogner, c'est me faire subir son bavardage incessant à 5cm même quand je suis dans mon lit sous les couvertures et c'est insupportable, quand j'ai du mla à me reposer, quand ma chambre est mon refuge contre les grands délirants. Et ce qui est encore plus insupportable, c'est qu'alors qu'à la base immensément angoissée, dépressive, sub délirante, je me vois répondre des "vous êtes à l'hôpital". Sérieux ? Je me croyais à un cocktail entre gens de la haute.
Quand je me fais harceler dès cinq heures du matin par le mec qui me demande en boucle une pipe c'est "oui il est comme ça" "on ne peut rien faire" "il est pas comme vous vous pouvez comprendre" Allo ? Je l'ai jamais entendu demander une pipe à une infirmière, c'est donc bien que malgré tout "il peut entendre" Il n'est même pas "repris"
Comme je "suis bien" (morte de lol), quand je signale des cafards dans la piaule on me dit de "signaler ça à une personne de la gestion entretien" Ah ben oui tiens, je vais faire ton boulot. Et je demande à la personne d'entretien "faut m'amener une des bêtes qu'on sache ce qu'on est" Nom d'un chien, et après on me dira d'aller acheter le matos de désinsectisation ?


Des anecdotes comme ça j'en ai plein.

Être "trop malade mais trop bien en même temps" (j'ai même eu le droit à "vous n'êtes pas tout le temps schizophrène" j'avais répondu avec cet humour qui plait tant "Je suis tellement schizophrène que la moitié du temps je le suis pas") me vaut aussi, hors hospit, un allègement massif des soins : ma psychiatre donc veut ne me voir que tous les six mois. Puisque je vais bien. Simplement, je vais bien parce que j'ai des soins. Je le sais quand on les espace trop, ça va plus. L'addicto m'a fait le coup j'ai rechuté (j'ai pas l'air d'une vieille alcoolique non plus, en fait boire 1l de pastis par jour ça passe bien si en rdv tu parles normalement et que tu fais ton âge et pas vingt ans de plus) Donc je veux des entretiens infirmiers genre tous les 15j.

Et aujourd'hui je me suis surprise à me torturer parce que moi on me demande "et pourquoi ?" on me demande "quel est le sens de ce soin" et autres demandes de justification. Alors, si un psy s'apprete à me le demander spoiler alert : parce que je veux pas rechuter. Parce que la psy c'est aussi des soins rapprochés à des gen-tes qui vont à peu près bien qui le demandent justement en ce moment je suis en capacité de le savoir

Au premier entretien c'était le refus d'enlever le Baclo et si je n'étais pas d'accord "vous pouvez chercher un autre psychiatre" n'est-ce pas. Pour l'enlever au second et vouloir enlever dans la foulée "tout sauf la piqure" parce que mon dossier psy (qui fait peur) a été lu et que je suis devenue une usagère exceptionnel. J'ai toujours été calme. Mais ça m'a bien refroidie d'avoir voulu parler d'égale à égale avec la psychiatre. Chercher un autre psy, qui sera donc privé hein et pas au CMP. Avec pas de tiers payant.


Après ça on doit croire au respect des usager-es ? Que la relation est égalitaire, et que "le patient au centre des soins ? Parce que la Charte du Patient Hospitalisée est affichée au mur ? Je n'y crois plus.


Ras le cul




jeudi 1 septembre 2016

Ma psychophobie intériorisée

Je n'ai longtemps pas eu conscience d'être schizophrène, il y a encore deux ans je l'ignorais. Quand j'ai rencontré mon actuel aimé je le lui ai dit avant que nous ne soyons ensemble en ces termes "J'ai des troubles schizoaffectifs"; quand il m'a demandé ce dont il s'agissait j'ai répondu "Des espèces de troubles bipolaires, schizo je sais pas pourquoi" façon de dire "c'est pour décorer en fait". Mais c'est ce que mon psychiatre me disait. Cela est plus récemment, quand je parlais du fait que je me sois vue décompenser à travers la folie, il m'a dit "c'est ça qui ne fait pas schizophrène" Ma dernière décompensation en cure l'a été sur un changement de traitement psy par le médecin psychiatre du centre de cure. Je ne me savais pas schizophrène, toujours et il m'avait dit à la lecture de mon ordonnance "Je ne vous vois pas schizophrène" ce qui m'avait grandement soulagée et libérée. J'avais abondé en ressortant mon histoire de pas vraiment schizo, plusieurs diagnostics reçus, hospitalisations humanitaires car intoxications alcooliques et médicamenteuses chronique qui créaient les troubles bizarres. Traitement modifié, j'ai décompensé vite et de manière très impressionnante, car sur un mode quasi-catatonique.
Un médecin qui me recevait pour une expertise (d'arrêt longue durée) m'a accueillie d'un "bonjour ! Alors vous êtes un peu déprimée, vous ne voulez plus travailler" avant de se sentir péteux quand je lui ai expliqué mes troubles et montré mes cicatrices.

Quel sont les points communs à ces deux petites histoires ? Mon déni d'abord, qui est un mécanisme de défense, lors d'un deuil notamment, mais habituellement moins long (là je parle de 20 ans de vie si je ne compte pas la dépression infantile); la réaction des médecins quand ils me voient en période de rémission (ou en cours de rétablissement maintenant), donc "normale" ne me pensent pas comme schizophrène. Parce que pour elleux une "vraie psychotique" délire, n'a pas conscience de ses troubles, "a l'air folle" quoi.

Et j'ai longtemps pensé de cette manière là aussi. Et si je suis convaincue que c'était une défense, je suis certaine aussi que ça a été prolongé et entretenu par cette pensée soignante, et le fait que je sois moi-même soignante, et très intéressée depuis longtemps par la psychiatrie a fondé ma croyance en les paroles des médecins. Qui dit que la psychose c'est mal. Et flagrant, que ça se voit sur la tête. Et comme ça m'était insupportable d'être "folle", et que la moitié du temps je ne l'étais pas, cela a nourri mon déni : cette pensée soignante dit sans dire (car ne mentalise pas je crois) qu'il y a les "vrais schizophrènes" et les "personnes avec des troubles qui permettent un rétablissement", celleux qui travaillent à l'exterieur et celleux qui ne le peuvent pas, les anormaux et les pas tout à fait normaux parmi les usager-es, es graves et les pas graves, les foutu-es et celleux pour qui on a de l'espoir. Si un-e parti-e pour être schizophrène se révèle stable entre les crises, c'est "qu'iel n'est pas schizophrène", on modifie le diagnostic... et le pronostic.
Cela m'a ironiquement piégée en tant qu'infirmière schizophrène (on peut pas être des deux côtés de la barrière spas) mais aussi en tant qu'usagère de la psychiatrie.
Celui nuit à beaucoup de schizophrènes "exceptionnel-les comme moi" car cela influe sur les soins, la politique de soins, le traitement, le relationnel soignant-es usager-es.

Ce point de vue psychophobe "vrai fou" "pas trop fou ça va" prend racine également dans la manière dont la médecine a longtemps traité les psychotiques, coercition, renfermement, dont la folie est depuis longtemps (toujours en Occident ?) considérée comme une maladie contagieuse méprisable. Ce point de vue est aussi celui de la société, celui qui a fondé ma psychophobie intériorisée : je ne suis pas vraiment malade, donc je le fais exprès (alcool et autres toxiques produisant...) pour rechercher l'attention, je me plains pour rien, d'autres personnes ont plus grave (comme s'il fallait hiérarchiserles troubles psy) et surtout en fond constant : omg non pas ça dites moi que ce n'est pas ça. Cette chape de pas avoir entendu au sens psycho le diagnostic pendant 15 ans. Quand je l'ai réalisé j'ai ressenti un tel soulagement en même temps que la douleur (et je suis beaucoup plus stable depuis) !

On n'a pas fini de lutter pour que tout aille de l'avant.

Pourquoi dis-je "psychophobie"

Je m'érige contre une norme de principe mainstream

- Je le dis parce que c'est souvent sans conscience du mal produit, comme beaucoup d'oppressions. De mauvaises habitudes qui semblent minimes peuvent occasionner de gros dégâts in fine, ou encore "les petits ruisseaux font le lit des grands fleuves"
- Parce qu'on m'a déjà traitée de "sale folle" dans la rue et en privé. Et sur Internet, est-il besoin de le dire.
- Parce que la contention qui se généralise en Hôpital Psy
- Parce qu'à ma banque on m'a refusé un retrait qui m'avait pourtant été autorisé avec ma forme de curatelle en me demandant de justifier le document du Jugement (deuxième curatelle, simple celle-là) Et que l'agente bancaire a dit à sa collègues "elle est sous curatelle" et elles ont ri.
- Parce que le fait que certain-e-s de mes proches soient respectueux avec mes NA et moi me parait miraculeux, alors que ça devrait être la norme
- Parce que l'Art Brut, qui romantise la folie, paye peu ou pas les artistes en se faisant un blé monstre dessus, et cache cela sous un tapis de "c'est de l'Art réalisé par des personnes jamais formées". Par contre l'Art par des fous existe, et devrait être respecté.
- Parce que les thrillers innombrables sur des dits-schizophrènes qui tuent, violent et mutilent, voire mangent les gen-tes en série
- Parce qu'on rit au dépend des pathologisés mais rarement avec elleux.
- Parce que "situation schizophrene " aux infos "situation borderline" au bureau "psychose collective" à la radio
- Parce qu'au commissariat avant une garde à vue la médecin appelé n'a pas jugé bon de me procurer des soins quand j'ai dit avoir besoin de mon traitement psy surtout sur une situation aussi anxiogène et que j'ai été transférée aux "cachots" quand j'ai été agitée en cellule "de luxe", cachots où on m'a laissé hurler pendant six heures
- Et parce que le policier qui m'a sortie de cellule et laissé (gentiment) fumer une clope m'a dit "vous ne devriez pas prendre ce traitement : vous avez vu la loque que vous êtes ?Je dis ça pour vous"
- Parce que pour trop de monde "les terroristes" sont "des fous". Dans bien trop de média aussi.
- Parce que "schizophrénie" signifie beaucoup trop "deux personnalités distinctes (dont une malsaine)" pour bien trop de non-pathologisés. Parce que NA ou pathologie signifie forcément malsain-e pour beaucoup de gen-tes
- Parce que "tu te plains pour rien" Non.
- Parce que "c'est dans la tête que ça se passe". Ben oui. C'est pas dans les pieds
- Parce que "tu devrais sortir" "tu devrais voir plus de monde" "tu devrais faire un effort quoi" et si je peux pas ?
- Parce que les injonctions au bonheur avec l'accusation sous jacente que si tu l'es pas tu es forcément mauvais-e vivant-e, victime de la société consumériste (lol) et pas très pertinent-e ni ouvert-e d'esprit. Gosh, if you knew
- Parce que les conseils de santé de la part de gen-tes non concerné-es avant même de savoir plu avant. En vrac, liste non exhaustive "tu devrais prendre plus de médicaments" "tu devrais pas prendre des médicaments t'en as pas besoin/ça rend malade/t'as juste une personnalité comme ça" "tu devrais faire du yoga" "tu devrais faire du sport" "les benzodiazépines rendent dépendants" "t'as essayé la verveine ?" On s'occupe de nou-es même comme on veut et surtout comme on peut.
- Parce qu'il y a eu l'élimination des malades mentaux et des inadaptés sociaux durant la Seconde Guerre Mondiale
- Parce qu'avant ça il y a eu la psychiatrie asilaire et les services de défectologie (usager-es déficitaires)
- Encore avant la Nef des fous où les fou-olles étaient déplacé-e vers des terrains de rase campagne depuis les ville
- Parce que maintenant il y a une dérive sécuritaire dans les politiques de soins de psy
- Parce que "parano", "schizo", "débile" sont utilisés comme insultes. Et qu'il existe les termes injurieux de "golmon", "taré",..., et "qu'"hysterique" est resté dans le langage comme insulte et comme pathologie, alors qu'on parle maintenant de "syndrôme de conversion".Parce que "t'es dingue" est utilisé par tout le monde (même moi parfois) au troisième degré le deuxieme signifiant "t'es tellement pas un fou mais c'est lol de te parer faussement de leur flamboyance et/ou de leurs symptômes dégueulasse", le troisième degré, celui qui est caché à tous, c'est que la folie est dégueulasse.
- Parce que la camisole chimique sur du long terme
- Parce que les pharmacien-nes sont toujours plus rigoureux avec moi et mes ordonnances de médicaments psychotropes qu'avec les autres gen-tes que je connais qui ont besoin d'autre chose, alors que je n'ai jamais détourné d'ordonnance. Un proche  peut avoir une boite de somnifères sans ordonnance, alors que mon traitement psy inquiète sur mes intentions
- Parce que les campagnes de prise en charge de la douleur ne parlent pas de la douleur psychique. On m'a jamais demandé de noter ma douleur psy sur une échelle de 1 à 10 , la physique, si
- Parce qu'en hôpital psy a contrario la prise en charge somatique est bancale. Que j'ai déjà vécu un abcès dentaire puis sont eclatement sans recevoir de soins dentaires ni pouvoir m'y rendre moi-même

lundi 29 août 2016

L'ambivalence face aux soins pour les Nul-les

JTM mais tu m'persécutes bb


Est-ce un reproche, une constatation ? Bien souvent il est dit que les usager-es des psy* privés ou publics, des CMP et surtout des hôpitaux psy sont ambivalents face aux soins. Que nous en voulons et n'en voulons pas, que nous aimons nous nous méfions, que nous allons et venons.
Oui, je veux des soins, j'en ai besoin et en suis consciente. Oui, mais c'est comme tous les consentements, il ne s'agit pas seulement de dire "oui" ou "non", encore faut-il avoir le choix de son oui, de son non, de son "oui mais" "non mais".
Quand j'entre à l'HP, je vois le psy (souvent un interne) qui établit avec moi un contrat de soin.
Lol, j'déconne.
Je vois le psy qui m'impose un cadre, souvent très strict, pas négociable, si je suis pas d'accord je peux me casser et me passer de soin pour voir un peu si j'aime pas être en pyjama.
Les mots sont importants, il ne s'agit pas d'un contrat de soins passé entre deux parties à égalité (comme, j'en suis fermement convaincue, il se devrait) mais un médecin tout-puissant qui va imposer, parfois sans l'expliciter, un cadre sécuritaire pour son propre confort et sa propre sécurité. Parce que sérieux, pas pouvoir aller boire un café à la cafet' de l’hôpital ou passer deux appels par jour, je pense pas que ça soit pour ma propre sécurité et ma propre aise.
Ça pose les bases. Et je ne pourrai jamais le contester, ou argumenter, ou assouplir un temps soit peu ("elle cherche la faille""iel essaye de transgresser") sans qu'on me dise que c'est le contrat que j'ai passé avec le médecin. Obéis ou crève, voilà le contrat.
Par rapport aux équipes, on nous reproche d'être méfiant-e-s, trop familie-res, distant-e, de cliver (scinder psychiquement les équipes avec d'un côté les bon-nes et de l'autre les mauvais-es)
Méfiant-e : en plus des troubles (je suis paranoïde donc, donc ouais) j'ai du mal à faire confiance à une personne qui a fouillé mon sac à main et mes petites culotte pour me confisquer mon échantillon de parfum pour mon bien. Il m'est arrivé aussi de tomber sur des gen-tes pervers-es à force de respecter le cadre à la lettre, cf le billet précédent où j'ai du prévenir mon boulot en deux jours alors que j'étais hospitalisée en urgence. Ou dans "sortie accompagnée une heure" de me refuser la sortie avec mon père car il n'est pas précisé "accompagnée de sa famille". Excusez-moi de pas me fier à ces personnes.
Trop familie-res : on me l'a jamais reproché, sauf face aux autres usager-es (???) Oui OK ça peut aussi signer des troubles (hypomanie, toussa) mais rechercher du réconfort dans des moments d'angoisse et se sentir particulièrement proche d'une personne a qui on a confié ses angoisses les plus profondes et ses secrets les mieux enfouis, ça me parait pas dingue.
Distant-e : cela m'a été notifié, je ne parlais pas assez avec les infirmie-res. Alors dans ce service les infirmie-res étaient le plus souvent enfermé-es dans le bureau. En plus aller les voir, OK, mais pour dire quoi ? C'est un peu chaud de nous poser dans la chambre en disant "on va vous aider" et on a envie mais on sait pas quoi faire pour aider les équipes à nous aider. Avec les ateliers, c'est plus facile. Initier soi-même un entretien comme ça, j'ai jamais su.
Clivant-e : ben comment dire, sans parler des affinités particulières, certain-es membres d'équipes sont de vrais têtes de con. Ne nous voilons pas la face, j'ai été inf aussi et j'ai d'ailleurs aussi été la pas fiable de l'équipe, il y a parfois, le plus souvent (mais moins maintenant j'ai l'impression) des gen-tes réellement méchant-es, pervers-es ou je sais pas, pas fiables. Tout le monde le sait dans l'équipe mais au nom de la cohésion du discours iels sont pas contredits ou repris. Alors oui, y'a des bons et des mauvais.


J'ai bien conscience qu'on peut pas avoir toute l'hospit "à la carte" et que parfois il y a des contraintes liées à mon état, au manque de personnel, de moyens... Par contre quand on me dit "c'est pas le club Med" pardon mais pouvez-vous répéter ? Vous pensez qu'on vient à l'hosto pour se dorer la pilule en salle télé fumeur ? Lulz.

Donc voilà, des soignant-es géniauxles m'ont aidée énormément, certain-es m'ont même sauvé la vie, je serais morte sans l'HP, sans doute et j'ai besoin de soins. Mais y'a des couacs. Et c'est beaucoup ça mon ambivalence. Pas (ou pas seulement) "la colère de se savoir dépendant-e"

Top 10 des trucs absurdes entendus en HP




- "On va faire l'inventaire" à l'entrée. Pour pas dire "On va fouiller toutes vos affaires personnelles". Et on ne fait jamais l'inventaire à la sortie.

- "Vous avez vu que vous pouviez survivre à la chambre forte. Nous on n'en était pas surs". Tu sais la chambre de contention, là où on te cloitre pour te protéger de toi-même

- Après un appel à ma cadre pour prévenir de l'arrêt maladie, tombée sur une collègue qui me conseille de rappeler dans une heure "Vous avez passé votre coup de fil. C'est un par jour a dit le médecin"

- "On sait qui vous a volé votre argent mais on ne peut rien faire. Vous pouvez comprendre, "ils" ne sont pas comme vous"

- "Il faut vous laver tous les jours" "Mais la douche est fermée la plupart du temps" "Vous semblez un peu persécutée"

-"Donner votre linge à laver à votre maman vous garde dépendante. Vous le donnerez à la lingerie de l'hôpital désormais" et faut le marquer au feutre.

- "Non, vous ne pouvez pas avoir vos livres dans la chambre forte. Vous pourriez vous faire du mal avec"

- "Maintenant vous allez vous mettre en pyjama. Non, pas le votre, le bleu de l'hôpital"

-"Faut vous laver les cheveux là" quand enfermée en chambre ça fait des jours que j'ai pas eu droit à la douche

-"Le médecin n'a pas noté le dosage du Lexomil, je ne peux pas vous le donner" à 18h, sans proposer d'appeler le médecin, et alors que je sais qu'il n'y a qu'un dosage de Lexomil.

dimanche 28 août 2016

Seresta et réflexions sur les benzodiazépines

D'un S qui veut dire Seresta
 
 
Le Seresta et les benzodiazépines (BZD) en général sont une grande histoire d'amour et de crainte pour moi. Ainsi quand j'ai lu ce billet je me suis sentie comprise.

J'ai été dépendante au Zolpidem durant une année, et je parle d'en prendre beaucoup, tout le temps, et c'est hallucinogène et confusant. Je ne parle pas de l'accoutumance qui vient quand on prend un hypnotique un peu trop longtemps, mais du vrai détournement de la molécule à des fins ludiques. Ça a été l'horreur. J'avais auparavant été mise sous Tranxene 50, xanax et lysanxuia à l'adolescence, sans trop d'effet sur mes angoisses, aussi bizarre que cela puisse paraitre.

Sevrée, de moi-même à 30 ans, je n'ai repris de BZD qu'il y a deux ans, sous forme de ce Seresta, la plus petite dose (10mg, il en existe du 50mg), d'abord pour le sevrage alcoolique, ensuite comme pur anxiolytique en plus du Tercian.


Et je me sens coupable d'en prendre. Pourtant je ne le détourne pas de son usage, je le prends aux doses prescrites, je ne bois évidemment pas d'alcool avec.
Ma psychiatre veut le supprimer de l'ordonnance en priorité. "Parce que les benzos..." sous entendu, parce que les benzo ça sert pas à grand chose sur la pathologie, c'est plutôt des Treets (ami-e des années 80 tu sauras de quoi je parle)(ami-e plus jeune c'est l'ancien nom des M&M's,)

L'article linké plus haut m'a fait réfléchir à cette grande culpabilité. Mon problème est que "les benzos j'aime bien ça", comme je le dis. Parce que c'est agréable. Parce que ça agit vite, parce que je me sens spécialement détendue sous faible dose de BZD.

Et alors ? Les BZD ne combattent pas les mêmes angoisses que les neuroleptiques sédatifs. Oui, elles détendent aussi le corps. Oui avec je me sens parfaitement bien, et j'en ai bien le droit. Mon fond anxieux est permanent, ça va de doucement préoccupée à tétanisée (ce qui est de plus en plus rare) et oui, le Seresta est un médicament qui est utile sur mes troubles (anxieux ici)(et allo, c'est bien un anxiolytique)

Le problème est que quand on est pathologisé, quand on est malade psy, les phrmacien-nes se méfient de nos traitements, c'est courant. On a droit au double préjugé "mais c'est une drogue" + "de toute façon c'est psy c'est pas vital" Or nous savons que c'est un médicament, et que "le psy" est vital.

On lit et on entend beaucoup de gen-tes, NT surtout, pester contre "celleux qui en prennent comme des bonbons", que ça devrait être plus sévèrement réglementé, moins prescrit, qu'en France on en consomme trop.

Je sais pas, c'est vrai que les français-es consomment beaucoup de BZD, mais c'est peut-être aussi car nous avons un accès aux soins particulièrement efficace. Pas parce que nous sommes plus anxieuxses ou en addiction.

Oui, le produit peut être détourné, j'en suis l'exemple avec Zolpidem (qui est très particulier, étant un hypnotique et du fait de son action atypique euphorisante et hallucinogene, ce que ne sont pas les autres benzo). Mais il me semble que ça reste marginal et je ne vois pas pourquoi punir tous les NA de comportements égalemment NA d'une minorité.

Le grand tabou me semble le "plaisir" pris en même temps que le soin. Comme si cela était incompatible. Mais il s'apparente au plaisir de ne plus avoir mal au crâne en permanence grâce à une moléculoe nouvelle, ou au plaisir de pouvoir respirer pleinement après la première prescription de Breezhaler. Et même si ça rendait tout-e content-e hein. On va dégager le soin car plaisant ? La morphine aussi c'est plaisant, mais utile à celleux qui souffrent. Les BZD sont utiles à celleux qui souffrent aussi. Et les usager-es sont conscients des risques d'accoutumance et de dépendance. Les médecins nous le rappellent.


Je rage de plus quand j'entends que certaines BZD pourraient être déremboursées : traitement de confort. De confort vraiment ? Prendre un Tercian supplémentaire me calme au bout de 30 à 45mn. Une BZD sous la langue : 5 à 10mn. Ca compte en crise d'angoisse, en attaque de panique, je le garantis.

On nous fait peur en nous disant qu'elles pourraient être un facteur favorisant l'apparition de démences dans le grand âge. Fuck, les BZD ont mauvaise réputation. Tellement que celleux qui en ont besoin culpabilisent de les prendre.

samedi 27 août 2016

Capable oui, mais

En avoir ou pas, de la pêche
Je me trouve un peu entre deux feux sur une question qui interroge en ce moment : tu es capable de/ça serait bien si tu (travaillais, arrêtais de fumer, mincissais) maintenant que tu vas bien. vs Mais
C'est hyper positif et j'apprécie qu'on ne m'infantilise pas et qu'on me sache capable. Travailler (parfois douze heures par jour) ou peser 60kg après un régime je l'ai fait par le passé (et il n'y a pas si longtemps que ça)
Cependant, travailler j'ai renoncé (parce qu'on a beau croire j'aime bien bosser, alors Dad, qui a dû mal avec la retraite à 65 ans, imagine à 40) parce que des échecs flamboyants et douloureux (et longs à remonter) à 4 reprises (je suis obstinée mais au bout de vingt ans je finis par comprendre), et je n'ai pas vraiment envie de m'astreindre à un régime/ à un sevrage tabagique, qui vont être pénibles à vivre (comme beaucoup de choses me dira-t-on) Et je ne fais pas spécialement grand chose de mes journées. Peut-être que je suis une grosse couleuvre hein (mais je ne crois pas) cependant j'en ai tellement chié durant mes (multiples et longues) décompensations, ça gonfle tellement (et ça freine) le fond anxio depressif larvé (ou pas larvé hein y'a des phases c'est la fête) depuis 35 ans que fokof, j'ai envie de rester sur mes acquis. Peut-être pas hyper longtemps et pas pour tout, mais je demande une retraite quoi.
En thérapie par la parole avec ma psychologue adorée Jany j'ai évoqué le fait, qu'elle a validé, que chaque effort fait (et allo, se passer d'alcool, etre sous cachetons et sortir de la catatonie ça fait du taff) est comme pour l'enfant mais en chiant. Enfant on apprend chaque jour, c'est positif mais parfois on peut etre en colère parce que c'est comme la mer cet effort, sans cesse recommencé. Apprendre à manger seul-e, à être propre, à se laver seul-e etc. Y'a toujours une nouvelle tâche à apprendre.
Ben mes troubles c'est pareil, par tranches de 5 ans. Je repars pas de zéro mais quasi. J'apprends à contenir mes angoisses (voire mes délires et hallus), j'apprends à prendre des neuroleptiques au gramme et à dormir, je réapprend à faire ma nuit complète, je réapprends (sauf dernièrement) l'hygiene corporelle, etc. On me dit "tu reviens de loin" et oui, et j'en reviens à pieds, dudes. 

Donc ça semble long parce que le cycle est long, mais posay tranquille, comme vous les NT en vacances, c'est à dire en vacances dans ma tête, je me relaxe complet. Et puis je redémarre. Mais arrivée au sommet du col, je souffle un peu. Ce "un peu" peut durer 1 ou 2 ans. Peut-être que ce "un peu", dans des conditions optimales, peut durer plus.

Mais please, laissez moi mes grandes vacances.

Mon experience du Baclofène

Ceci n'est évidemment que mon expérience subjective de la molécule


J'ai pris du Baclofène de 2014 à maintenant. Il m'a été prescrit dans le cadre d'un sevrage alcoolique visant l'abstinence. Je le précise car maintenant un courant d'addicto-alcool va vers une consommation raisonnée plutôt que l'abstinence. Mais je suis incapable d'avoir une conso raisonnée d'alcool, et que j'ai fait le choix d'arrêter de boire pour tout un tas de raisons qui peuvent paraitre évidentes mais ne le sont pas toujours quand on est dans l'addiction. Baclofène est maintenant aussi prescrit parfois dans le cadre d'autres addictions, et des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) Il diminue les craving, c'est-à-dire les pulsions à consommer.

Mon addicto a commencé très prudemment, par des doses très au-dessous de la dose minimale recommandée pour le sevrage alcoolique, soit 5mg/j, pour être augmenté au départ à 15mg/j. Mon addicto a été très prudente car un des effets indésirables du Baclo maintenant connu est la majoration de risque d'état maniaque ou mixte, et ma schizophrénie est bipolaire.
Je n'avais pas envie de boire. Je me sentais ébrieuse sans cesse. J'avais aussi des nausées, des sueurs nocturnes, des troubles de la mémoire immédiate et de l'attention, j'étais dans la ouate quoi, mais j'ai continué à le prendre car pour le sevrage c'était génial : pas un craving, des envies (à différencier) parfois mais rien d'insurmontable. Mon sevrage se passait à domicile j'avais un arrêt de travail de 8j (risque épileptique)
Idéal pour moi pour ce sverage en vivant seule (à l'époque)
Les effets secondaires ont fini par se calmer, et mon médecin psychiatre m'a confié, quand l'addicto lui a demandé son avis pour monter encore "je ne sais pas, je ne l'aime pas, on nous le vend et c'est un genre de super-benzo, pas testé sur les malades psy" (ce qui est vrai)

Le Baclo ne m'a pas empêché de rechuter un an plus tard (l'éthylisme est une maladie à rechute et des facteurs extérieurs sont rentrés en compte) et cette fois j'ai décidé de faire une cure de sevrage et de m'occuper de cela plus en profondeur, pour la deuxième fois.


La cure se passait très bien, cependant suite à des rebondissements mon Baclo m'a été augmenté à 120mg, soit 4 comprimés trois fois par jour, et j'ai commencé à mal le vivre.


Je faisais des réveils confus en pleine nuit, heureusement je ne vivais plus seule, mon compagnon me retrouvait dans la cuisine en train d'attendre que le café coule (sans avoir fait de café) ou à essayer d'ouvrir une porte dans une étagère à linge. Mes rêves étaient très malsains, confus et hachés, comme des rêves de cuite. Je suais énormément la nuit, à changer les draps de lit. Cela s'est considérablement amélioré en changeant l'ordre des prises, passant à 4*3 comprimés, plus un au coucher.
De plus je me sentais étrange juste avant et une heure après chaque prise : sensation de cerveau qui vibre, de muscles qui vibrent, comme une sensation de la première clop du matin qui défonce, en plus violent.

Bref, j'ai voulu l'arrêter et j'ai appris qu'à ces doses c'est la croix et la bananière. Je risquais la crise d'épilepsie voir le délirum tremens à un arrêt trop brutal, bref, il fallait reprendre le sevrage.

Et le sevrage, qui s'est fait par -10mg/j toutes les semaines, ça n'a pas été de la tarte. Comme un sevrage en benzo, sauf que dose maxi quoi.
Donc pendant 3 mois les "vibrations" du cerveau amplifiée les trois jours autour d'une diminution, la vieille angoisse sous jacente et états de semi mal qui m'est coutumière lors des sevrages aux benzo et j'ai vécu l'arrêt total et définitif comme une délivrance. Honnêtement pour un traitement contre les addictions j'ai trouvé ça chaud.

En résumé le Baclofène m'a été utile pour plus de confort pendant la première année d'abstinence, il n'a pas garanti la stabilité de l'abstinence (il n'est donc pas pour moi le traitement miracle comme certaines asso nous le vantent) et les effets indésirables sont mal connus et costauds (pour etre allée sur le forumbaclofene, je dirais qu'ils varient énormément d'une personne à l'autre)
Ah, je suis quand même parvenue au stade d'indifférence face à l'alcool mais ça, baclo, cure, travail perso ? (au bout d'un an sans consommer du tout, donc effet de "réparation" du cerveau aussi)

De plus je suis un peu fâchée par rapport à l'augmentation, par un médecin psychiatre, de cette molécule qui sur les personnes malades psy et/ou pathologisées a des effets chelous (hallus, décompensations)

jeudi 25 août 2016

Des troubles de garçon






Des attitudes (des troubles) de garçon, j'y ai eu droit depuis mon adolescence, quand mes troubles se sont manifestés de manière foisonnante.

Avant ? Une dépression infantile jamais soignée, qui se voyait (parents, profs) mais ne faisait pas de vague. Très féminin après tout.

Et puis les 17 ans, la rupture amoureuse qui a inauguré mes troubles, et mon attitude moins renfermée. Je m'étais fait des amies de lycée pétroleuses, je démarrais une vie sociale (fêtes...), je buvais en fait depuis mes treize ans, en cachette, le whisky de ma mere, mais cela ne se voyait pas.

De petites filles sage et inhibée, je suis devenue une sorte de monstre multigenré, masculine et virile, une personne "impossible".

Je précise, et ça me fait chier de le faire, que je suis une cisfemme bisexuelle.


A 15/17 ans, j'ai découvert le pouvoir et la malediction d'un corps de cisfemme, les seins, les jambes, l'emprise sur les hommes. J'avais de multiples amants de passage, qui m'ont été reprochés comme "non respect de ma personne" puis comme "attitude de mec". Quoi, une jeune femme ne peut prendre de plaisir comme elle veut avec son propre corps ? Non.
Je buvais énormément en soirée, et aussi chez moi, je fumais le shit. On a eu tôt fait de m'apprendre que c'était un alcoolisme de garçon. Le binge drinking. Une femme n'a pas le droit de souffrir et s'auto soigner comme un mec.

Alors, et parce que j'aimais embrasser mes copines, on m'a dit que j'étais lesbienne. Pas en ces termes, cela est évident. Outée sans le désirer et même sans savoir vraiment que j'aimais les filles aussi. Toute nue dans le placard grand ouvert.

Je résistais. Plus tard Despentes m'a appris le mot "virile" que j'ai adopté. Je suis une cisfemme virile. Je suis bisexuelle. Je ne suis pas un monstre. Mais ça n'a pas été facile.

Et aujourd'hui je pousse ma gueulante contre l'idée reçue qui voudrait que les femmes aient tels symptomes, telles maladies (alcoolisme discret et caché, depression melancolique, histrionisme a la rigueur "pour les plus chiante") et les homme d'autres (alcoolisme flamboyant, psychopathies, TPB, liberté sexuelle), idées reçues qui font que nous sommes mal soignées, stigamatisée.
Aujourd'hui je voudrais dire qu'un trouble n'est pas désiré, pas recherché, que s'il est subversif c'est malgré noues. Et que je souffre bien comme je peux.

mercredi 24 août 2016

Childless et "Je sais"



Je n'ai pas d'enfant, n'en veut pas. Ça tombe bien, la société préfère que je n'en ai pas. Parce que je suis psychotique et que dieu sait ce que ça donnerait ma foi.

Très honnêtement ça a été beaucoup en raison de mes troubles que par le passé je n'ai pas eu d'enfant, de mes troubles oui, mais aussi de l'absence de partenaire stable dans ma vie. Je ne me sentais tout simplement pas capable d'élever seule un-e enfant. Et je n'en avais pas envie, parce que l'envie d'enfant défonce tout, je crois.

Petite fille je n'avais pas de poupon, grande fille je me projetais pilote d'essai pas maman du tout (quoi que ça ne soit pas incompatible), ado je refusais avec fougue cette idée, adulte je m'en carrais.


Aujourd'hui je suis stable et avec un partenaire très stable (et qui ne veux pas d'enfant) Mais mon choix n'a pas changé, malgré, je me dois de le dire aussi, une angoisse diffuse à l'idée d'être sans descendance (le fameux "quand tu seras vieille" sauf que prout)

Cependant, malgré ce qu'on me dit "je sais ce que c'est".


Une de mes meilleures amies est tombée enceinte voilà une dizaine d'années. Elle était en "couple" libre avec un ami. Il avait déjà trois enfants. Par ailleurs, infirmière, elle suivait des études d'infirmières anésthésiste. Enfin, elle avait depuis quelques années un fort désir d'enfant.


J'ai su la grossesse avant elle quand elle m'a dit "boh, j'azi u  léger retard. Et des nausées"
J'ai su la première qu'il y avait deux bébés. J'ai eu la primeur de l'echo.
En arrêt maladie je m'occupais beaucoup de ma pote. Quand elle m'a demandé que faire j'ai dit "je crois que tu le veux" "et mes études ?" "tu as déjà un métier" Je pense qu'elle me croyait de tout crin pro avortement pour toutes tout le temps.

J'ai suivi l'arrondissement, c'est moi qui prenait le ventre et la meuf en photo, qui m'enqsuerrait de tout, qui visitait. J'étais en arrêt longue durée.

Je me sentais bizarre : je ne connaissais personne de ma génération ayant un bébé. Je croyais que j'allais décompenser. La blague, je faisais ma couvade en fait.

J'ai été là quand l'amie a été hospitalisée pour hypertension, j'ai tricoté des layettes plus que minuscules, taille préma, j'ai fait visite quotidienne à l'hôpital. Et puis un jour, sans nouvelles, j'ai appelé et elle m'a dit "j'ai eu des toutes petites filles"


Je me rappelle qu'Agathe pesait 2.100kg et Aglée 1.800kg, elle etait en  couveuse.


J'ai eu le droit de le voir via la néonat, à travers une vitre.

J'ai amené ma layette (que les sage femmes ont kiffé) et j'ai attendu, hyper anxieuse : je savais Aglaée minuscule et sondée.

Quand je les ai vues, un attachement immédiat et incroyablement fort s'est produit. C'était pas que c'était les plus beaux bébés du monde, c'est que j'aurais tout fait pour elles, inconditionnellement, tout.


Et je le pense encore. Alors que la pote et moi on s'st éloignée, que j'ai pas vu les petites filles(criblées de photos a l'époque) depuis des années. L'une, l'autre ou les deux peuvent debarquer à ma porte n'importe quand et dire j'ai tué trois personnes, je les protegerais sans jugement. Je n'appelle que rarement, pas de cadeau à Noeal, mais je les aime toujours pleinement et inconditionnellement. Plus que mes propres nieces.


Alors je sais ce que c'est d'avoir des enfants. Et que ça ne m'a pas donné l'envie de faire des enfants. Que plein de mères psychotiques élèvent très bien leurs enfanst, seules ou pas. Mais que moi, j'en veux pas. Ca se sent ou pas. C'est pas plus con que d'avoir envie d'en faire, ni plus définitif, non?


Alors, paix sur les childfree.

Et promouvons la sterilisation contraceptive, en plus du DIU et de l'implant.

mardi 23 août 2016

Ma Mad Culture : Cat Woman

I'm a cat woman hear me roar
 
 
Je parle ici de Catwoman telle qu'elle apparait dans Batman Returns, incarnée par Michelle Pfeiffer.
Tout l'univers de Gotham m'a toujours plu (et aujourd'hui, alors que je découvre plus avant les univers DC et Marvel, toute la thématique du/de la super héro-ïne.)
Parce que dark, qui correspond bien à ce que je ressentais jeune ado, quand les premiers films Batman sont sortis. C'est aux alentours de mes quinze ans que les personnages de Batman (dont j'avais acheté des figurines que je plaçais autour de mon lit la nuit pour me protéger) et Catwoman (dont j'ai mieux saisi la profondeur) ont commencé à prendre un profond sens pour moi.
J'avais peur des hommes - je n'en ai plus peur. Trouble particulier ? Non, le fait d'avoir été suivie dans la rue et touchée au pubis à 12 ans, abordée, pelotée dans des bars des boites de nuit à partir de 15 (pas par des jeunes hommes, par des trentenaires, des quadras en goguette), avoir eu plusieurs fois la trouille en faisant du stop, j'avais peur des hommes parce que beaucoup d'hommes menacent l'intégrité physique et psychique des jeunes femmes. Je me sentais vulnérable. Et Catwoman cassait la gueule (les couilles plutôt) des violeurs.
Mais c'est son côté trouble qui me plaisait le plus, son côté deux personnalités. Pas que les schizophrénies occasionnent cela, mais parce que je buvais déjà sérieusement et que cela changeait mes idées et mon comportement. Parce que le changement, le gros des angoisses, les clashes et les TS arrivaient au soir couchant et au profond de la nuit et que ma mère m'avait demandé "comment peut-on être si intelligent la journée et devenir si con la nuit ?"
Quelque chose de pulsionnel, d'animal m'advenait, comme une bête qui se libère et où, le matin revenu, je ne me reconnaissais pas. Et SElina ne reconnaissait pas Catwoman.
La scène m'a beaucoup marquée du retour de Ms Kyle pré transformation "chéri je suis rentrée.. ah oui je vis seule" et cette scène se répétant après la tranformation (après que les hommes malveillants et la mort l'aient rendue mi chatte, brisée mais forte) hachurée, brisée, comme un automatisme se révélant. J'adorais son côté très sexuel explosant la brutalité sexuelle viriliste, le sage materiel de couture formant un noir et luisant et couturé vêtement de justicière. J'aimais comme en valsant avec Batman elle était là et ailleurs, elle était l'une et l'autre. 

Catwoman était ma réalité et mon moi fantasmé, capable la nuit de sortir se venger et venger les femmes. Solitaire ô combien. Noire.

Catwoman comme Batman, comme les loups-garous, comme certains zombies, ont toujours représenté pour moi la cohabitation difficile entre deux facettes de personnalité, et la douleur apaisante de la nuit.

lundi 22 août 2016

L'expérience de la folie en toustes







Une conversation avec une amie, Ch., "NT" et sourde (ceci a son importance dans l’expérience subjective de perceptions différentes de la norme édictée). Je m'étonne qu'elle me dise faire la même expérience de la jalousie que moi. Elle s'étonne de me lire pathologiser cette expérience de la jalousie. S'ensuit une discussion autours des termes NA/NT et de l'expérience de la folie, d'une ou de folies, que chacun-e peut être amené-e à vivre.

J'ai précédemment parlé du terme NA, en tentant une ontologie un peu bancal (beaucoup bancale) Le terme en soi ne me satisfait pas, et je pense le laisser, car il convient aux neurodivergent-es surtout, qui l'ont initié et qui leur est propre. Si j'ai besoin d'un terme pour nous nommer, nous fous, folles, comme je l'ai écrit dans ce précédent billet, c'est dans une optique militante de lutte contre la psychophobie (lutte dont je n’exclus absolument pas les NA, évidemment), je me (nous) définis donc en "contre" la "normalité" et le rejet. Le terme que je compte adopter est "pathologisé-es", à qui l'On attribue une pathologie (dans le comportement, le discours, etc.) ce qui colle mieux de plus avec ma vision foucaldienne de la folie et de son traitement par l'Etat, le systeme (donc "les gen-tes", cellules du systeme biopolitique - moi comprise hein)

Ch. me dit que toustes pouvns faire expérience de la folie. Effectivement je me sentais en porte-à-faux par rapport à la pathologisation de personnes meurtrières, car il ne s'agit pas de personnes psychotiques, mais qui ont cependant pour certain-e-s commis des crimes je dirais étonnants, flamboyants, atypiques. Je pense à monsieur Dupont, Madame Durand, qui subitement volent un robinet chez Casto, ou partent de chez eux sans attache d'un coup. J'utilisais le terme, je l'utilisais sans jugement de "tourner la carte". "Il/elle/iel a tourné la carte et est partie de chez ellui/ a abattu un policier".

Freud je crois disait que la psyché peut etre comme un diamant, des plus solides, mais avec une paille, et eclater lors d'une chute, sur un angle très particulier qui sera la fragilité de ce diamant là. Une situation, un évéenement, une série d'événement peut faire aboutir à un état de folie avec ou sans passage à l'acte.

Certaines personnes font une expérience de la folie intense, ce que l'on appelle une Bouffée Délirante Aiguë, se rétablir rapidement et ne plus connaitre aucun trouble.


Mais dans la vie plus "classique", l'expérience d'un état d'étrangeté, d'intensité différente, peut croiser le chemin de tout-e un-e chacun-e. L'état amoureux passionnel en est un exemple rebattu. On peut le pathologiser, hypomanie, monomanie, fébrilité. L’expérience mystique aussi, qui est si forte (le Christ ou Mahomet ne sont pas moins bizarres que Freyja)


Croiser dans une déchirure au cours d'une lecture une sorte d'éblouissement est un état, passager, pas toujours maîtrisé, de folie, une autre oeuvre d'art également, qui arrache de soi, met dans cet état hors de soi qui ne se connait pas que sous la colère ou la terreur. Il y a une trentaine d'année est apparu le "cas" étrange d'une jeune femme retrouvée morte, car elle lisait Saint-John Perse nue, assise dans la neige.


Enfin,je me détourne vers Albert Camus et sa description de l'absurdité de l'existence (le Mythe de Sisyphe) si impensablme parfois qu'on peut être amené à "faire le saut" (devenir croyant pour donner un foutu sens à tout cela) ou se suicider (mais il faut imaginer Sisyphe heureux)

Les réalités et le politique






J'avoue très humblement n'avoir fait aucune recherche avant d'écrire ce billet, pas même taper "réalité" ou "réel" dans un moteur de recherche (qu'est-ce que le Réel ? Demande à Google)

On m'a souvent dit (et assez comme un reproche) "tu n'es pas dans la réalité", avec un gloubi-boulga mélangeant "tu es délirante" et "tu n'es pas réaliste". Mais ça doit être de venir d'une famille de soignante, et entourage itou.
Des soignant-es m'ont dit régulièrement, en moments de crises, que je n'étais pas dans la réalité. Ce que je comprenais et concevais, mais pas tout-à-fait. Car, eh oui, il n'y a pas de ligne franche, de frontière, avec d'un côté la réalité et de l'autre le n'importe quoi psychotique. L'Interzone dont je parlais dans un précédent billet est englobé dans la réalité. On peut être à moitié dans la réalité, ou pas dans la réalité que pour un truc (délire en secteur, ma jalousie passée), bref, ce n'est pas si clair que "y être ou pas" (en avoir ou pas, des hallus)

Ainsi j'ai pu "être dans la réalité" pour faire une démarche administrative de manière posée, conduire ma panda avec une émotion qui me vient, et dans la voiture, en restant aware de la route, demander tout haut à  Freyja "et il m'aimera si je le dis trois fois" et l'entendre me répondre comme si elle était assise à la place du mort "Si tu le dis trois fois, il t'aimera". Et avoir parfaitement conscience qu'il s'agit d'une hallucination produite par mon cerveau-ma psyché.
C'est très important de savoir, pour les non concerné-e-s, que savoir qu'une hallu est une hallu ne la fait pas disparaitre ni ne la rend moins réaliste. C'est même complètement flippant, ce sentiment que sa raison s'échappe et qu'il se produit des trucs limite aléatoire sur lesquels on a peu de prise.

Bref, c'est comme si j'étais dans la réalité, mais une partie de mon cerveau non. Sans que je puisse controler. Voyez-vous, ce n'est ni simple ni clair ni évident, comme notion, comme concept, comme vécu.


Par ailleurs on peur prendre pour acquis que nous avons toustes, sensoriellement, intellectuellement, effectivement,... une interprétation différente du monde (de l'extérieur comme dit Freud) Nous avons toustes une réalité propre. J'enfonce même les portes ouvertes en disant cela. Et ce qui devient politique c'est que certain-es ont une réalité encore plus personnelle que d'autres (que la majorité) Je parle ici de mes frères et soeurs en psychose, et des personnes NA en général. Là où le concept réalité et l'usage qui en est fait est politique, c'est que du fait de cette perception atypique ("faussée", "déviante", "pathologique") de la réalité nous sommes rejeté-es et notre parole invalidée. Un outil que j'ai utilisé pour moi, dont je n'ai sans doute pas la primeur mais je l'ai "réinventée" si cela existe, puis pour mes usager-es est le concept de réalité commune. Nous avons toustes notre réalité, qui se recoupe sur une réalité commune dont nous avons besoin pour vivre pragmatiquement (manger des aliments comestibles, nous hydrater) et communiquer les un-es avec les autres. Au-delà de la langue et du langage. Un arbre est un arbre, un végétal qui produit de l'oxygene etc. Une personne est une entité vivante de la même espèce que nous. Seule moi entend Freyja. Les Avengers c'est Marvel. Une baguette de pain s'il-vous-plait. Je t'aime. Etc.

C’est important au niveau militant et au niveau soignant parce que ça parle aussi des symptômes, de leur préservation, de leur sens, de leur importance, du fait qu'ils soient invalidants, neutres, ou aidants. Des voix peuvent être malveillantes, d'autres neutres, d'autres bienveillantes. ET y'a pas de "mais c'est des hallus, caca"
Je discutais il y a une heure avec quelqu'une psychologue me parlant de l'ère des psychiatres humanistes (formés dans les années 70 au sein de courant antipsychiatriques, plus ouverts) et d'un retour de jeunes psychiatres plus froids, plus dans la prescription lourde, le renfermement et, hélas, le "je m'en lave lesmains". Le sécuritaire disais-je, et elle me répondait "sécuritaire pour elleux"
L'ère de l'abrasion des productions délirantes et hallucinatoires, de réalités différentes, qui ont pourtant une fonction et un sens.

Certaines choses pour moi ne sont pas réelles. Les grandes manœuvres boursières qu'effectuent les traders, sérieux, c'est du vent, c'est des bits. Qui ont d'énormes répercussions sur la vie quotidiennes de gen-tes souvent beaucoup moins fortuné-es. C'est politique aussi de questionner cette réalité là. Un partie de ma folie me protégeait de cela. Ce qui est réel, ce que l'on nous vend, la manière dont un système nous forme, et dans le cas de nombreux psychotiques, nous broie et nous exclu. Oui, moi je questionne la réalité qu'ielles m'imposes, les 1%. Bien plus toxique que les incantations d'amour de Freyja et pourtant pour lesquelles on n'a jamais enfermé personne. Alors que la psychophobie tue, chaque jour.

Ma folie est-elle un refuge ?

Billet sponsorisé par Freud et mon ami-e K
 
Fâchée à mort (me disais-je) avec la psychanalyse, pour diverses raisons, j'ai entrepris de relire S. Freud pour éclaircir mes idées à tout ce propos.
Eh bien Freud est sympa et tout et il me réconcilie partiellement avec cette discipline.
 
Je n'ai que peu relu de ses opus, mais je me suis intéressée à Névrose et Psychose, étant psychotique. J'y ai (ré) appris que si la névrose signe un conflit refoulé entre le Moi et le Ca ("je veux niquer mon beau frèr... OMG maggle"), la psychose signe un conflit entre le Moi et l'extérieur. Que la psychose, ses manifestations, sont un refuge.
 
 
C'est une idée très reprise et très courante (je pense au pif à Henri Laborit Saint Homme qui a inventé les neuroleptiques premiers traitements chimiques des psychoses soit-il remercié là-haut merci Henri merci; et à la pensée populaire, dirai-je) C'est une pensée très reprise et qui m'a toujours hérissée. Merci la gueule du refuge, les angoisses, la dissociation, les délires pas joyeux... Mais force est de constater que je pensais ici à la version "populaire" de cette image, un peu, plutôt, comme dans [alerte spoiler] Brazil, le film de Terry Gilliam, où le fou, la folle, est dans un monde onirique très beau, libre, apaisant, coloré.
 
En ayant discuté avec mon ami-e K, iel me dit "c'est un refuge, comme la drogue, avec ses horreurs, mais un refuge"
On peut toujours chercher moins pire et on ne cherche pas consciemment, non plus. Peut-être que nous en saurons plus avec l'avancée de la science (des neuro science) mais il est vrai qu'être hors réalité, dans l'interzone, pendant près de vingt ans m'a protégée de bien des choses réelles comme fantasmées (je parle pour moi, avec le recul que j'ai sur mon parcours) et j'aimerais que tout le monde comprenne que fantasmé c'est égal à réel dans la tête, ça a la même force.
 
Je parle du monde tel qu'il est, finance, géopolitique, etc. J'en étais protégée (maintenant je flippe). Je parle surtout de "mon petit monde" avec mes convictions de mésamour,  d’abandon, de mort, de désir de meurtre contre moi (fondées très très tôt - j'étais déjà malade  enfant)
 
 
Pour ma part je garderai donc le terme d'Interzone, créé par William Burroughs dans Le Festin nu, la zone des fous, des drogué-es, des alcoolos et des paumé-es, un refuge bien dur, mais un refuge et un endroit à la fois en soi et en dehors soi.

jeudi 18 août 2016

Prendre un...

Prendre son courage à deux mains. Prendre un Seresta pour rester calme ne pas tomber dans la grand trou noir où le loup me mange, et puis prendre un dolirhume "contient de la pseudoéphédrine" pour ne pas dormir car il reste du taff à faire, il reste à rester en vie et vigile, à ne pas dormir, pas cotonner, pas s'encoconner.
Prendre l'inhalateur pour les bronches, l'antibiotique, prendre le Tercian de midi et la Paroxétine du matin, se sentir corps chimique, se sentir dans la complexe pharmaco pornographique, mais qu'est-ce que je produits moi, du travail sexuel du travail ménager et puis de la douleur, et enfin des câlins et de la régression.
Droite se regarder. Moche, non, je sais pas, étrange entité debout devant moi, debout toujours à genoux.
Déterminée avec la terreur qui colle à la nuque. Oui, je sais, oui, je vois maintenant, mais non je ne sais rien et ce Seresta il fera effet quand.
Tachycardie de Dolirhume, de litres de cafés de dizaines de grammes de tabac, tachycardie de douleur, battement de savoir, ne pas savoir, ne plus vouloir deviner, mort le petit lumignon, mortes les diodes et les antennes et morts les verres déformant.
Prendre du temps, buter contre le temps, ouvrir la bouche en carpe koï, rester béante dans le bassin froid et vert, ouvrir si grand la bouche pour que rien ne sorte, juste entre insectes et larves. Ca pense dans la tête, ça tape contre les côtés et enfin ça broie la cage thoracique, un pieu émoussé qui s'éreinte contre le coeur organe.
Cerveau-machine, technocorps, hormones et neuroleptiques, godes et pseudoéphédrine, sérotonine et mélatonine, progestérone et latex et surtout un jeans solide en toile de Nimes, bleue.
Dans mes rêves je perds mes dents, dans mes rêves je suis toujours à l'hôpital, et personne ne sait ce qu'est l'amour, l'ocytocyne, les contractions pré menstruelles, le Nexplanon, la cyprine, le coeur sec, les yeux secs, la bouche sèche (Bioxtran)
Prendre de la chimie s'enrouler dans les bactéries, les virus, sirop contre la toux qui ne came même pas, regret de THC ? Même pas, sucer ce Seresta et attendre que toute la funèbre fête foraine s’éteigne et rideau.

vendredi 12 août 2016

Ma jalousie, cet herpès

(Parce que c'est pas forcément sexuel mais ça peut, ça fait mal et ça revient toujours, et qu'aucun soin ne l'éradique)
Voilà la jalousie, ma vieille ennemie, qui revient taper à la porte. Peu importe le contexte, hein, elle n'est jamais "justifiée". Elle peut se baser au départ sur un fait (on va dire un coup de canif dans le contrat) ou sur rien, ma jalousie son truc c'est de générer et de se nourrir de surinterprétations de signes plus ou moins pertinents (plutôt moins on va pas se mentir)
Par exemple par le passé ça a pu être des volets plus ou moins entrouverts. Eh ouais.
Il y a donc toute une dynamique délirante dans cette jalousie pathologique, une idée fixe, presque un TOC psychique, qui s'impose, qui revient, qui résiste à tout apaisement rationnel (se poursuit en continu malgré la critique active), enfle et diminue en longues pulsations douloureuses et brûlantes. Cette morue entraine aussi des troubles du comportement, parce que, réellement, les idées, la colère et le désarroi (mais surtout la colère) sont si forts que je peux me retrouver littéralement hors de moi.
Actuellement, je gère. Sérieux je gère, surtout que c'est une histoire vraiment entre moi et moi, que j'ai fait beaucoup de progrès en vingt ans, que je tiens à ne pas faire de mal à mon amoureux que je chéris (et qui me le rend bien) ni à rendre notre histoire commune compliquée ou impossible (ça me foutrait en l'air)
Mais d'où vient cette jalousie ? J'ai entendu plusieurs hypothèse, je pressens, je semi formule l'idée que soit c'est plurifactoriel, soit toutes ces hypothèses sont des parti pris ancien de psy* et peut-être même bien de la merde.
On m'a parlé de peur de ne pas être aimée. D'angoisse d'abandon. Qui se fonderait dans la petite enfance. Pourquoi pas, mais je pense sincèrement ne plus avoir cette angoisse de cette façon. Pas du tout inconsciemment (même si bon, logiquement ce qui est inconscient joue en souterrain) en ce sens que j'en ai conscience, non d'une peur de l'abandon lancée dans l'air, née d'un problème dans la prime enfance (dans mon cas) mais de l'évaluation réelle de ma dependance psychique, sentimentale et financière à un mon aimé. Donc oui je me sens vulnérable et fragile, je pense même revoir un-e psychologue pour travailler l'acceptation de ma dépendance (parce que oui, mes troubles schizo affectifs ont des consequences réelles) mais c'est là quelque chose que je vois parfaitement, je vois pas pourquoi je serais jalouse par la bande. Quand j'ai le moindre souci, j'en parle calmement avec mon conjoint pour liquider ça et ça fonctionne.
On m'a parlé de possessivité (je pense aux libertin-e-s et polyamoureuxses en fait) Du fait de ne pas supporter "partager" (mais c'est pas une dose qu'on partage un coeur ou un corps, je suis ok, je le formule ainsi par flemme), de vouloir l'autre à soi. Or, même si l'événement ne s'est jamais présenté ici, je suis très au calme à l'idée que mon aimé ai des relations sexuelles avec une autre et je conçois très bien qu'il aime plusieurs personnes (même de manière "un peu amoureuse") Parce que je suis devenue philosophe, parce que la vie est ainsi, parce que moi-même quoi :) 
Et c'est très clair pour moi, c'est pas le "tu dis ça mais au fond tu vois que ça pose problème" qui est un va-tout opposé à nombre de personnes, surtout NA, pour court circuiter nos propres analyses d'un problème, pour nous faire entrer dans un cadre souvent psychanalytique.
Donc what ? Pourquoi l'idée revient comme une poussée d'herpès, brulante et excluante, me gonfle, me sous-torture (pour le moment c'est assez bien maitrisé) pourquoi les idées qui viennent, pourquoi "ça pense tout seul dans la tête". En gros, pourquoi je délire, sur ce thème. Et j'ai treize ans de psychothérapie analytique + 20 ans de traitements chimiques + 3 ans avec une psychologue clinicenne à raison d'une séance/semaine hein. C'est pas comme si j'avais jamais travaillé ça.
Au final, le mépris de ce syndrome (c'est plus un symptôme mais un réseau de) me semble la bonne option, comme mon inquiétude perpétuelle d'être ruinée financièrement (omg j'ai plus d'argent j'en aurai plus jamais... ah si) ou autre rumination morbide que je me pèle régulièrement me semble la meilleure démarche. Do not feed the troll. Jalouxse, tmtc.


Edit : après avoir posé ce billet ma réflexion s'est développée et plus que la peur de n'être pas aimée je pense de manière discontinue (rarement) n'être simplement pas aimable. De n'être rien, un déchet, voire un boulet. Mon credo est un peu "mais tu vas l'avouer que tu me quittes oui ou merde ?!" (comme ça ça sera fait) Cela s'est beaucoup apaisé aussi avec des "retours" des discussions que j'ai eue avec d'anciens amoureux avec qui j'ai vécu/à qui j'ai fait vivre l'enfer. Les deux personnes concernées m'ont dit qu'elles m'aimaient et voyaient bien que je déraisonnais mais n'étaient plus capable de gérer mes débordements. N'en pouvaient plus. En fait ça m'a rappelé que nous sommes deux dans la relation et que la personne qui est avec moi l'a choisi. N'est pas myope et sait à qui elle à affaire (même si ok on ne le sait jamais totalement), que je ne peux pas être une "impostrice" (surtout que je ne le cherche pas), bref, en subjectivant les partenaires je suis moins inquiète de revirement brutal.