dimanche 13 août 2017

Addiction et caca

En tant qu'alcoolique je me suis ramassé la crème de la discrimination dans la gueule (et le reste du corps). Je ne sais même pas si les addictions se classent vraiment dans les troubles psychiques, ou neuro, ou comportementaux, sans doute les trois. Mais l'alcoolisme a pas vraiment bonne presse, surtout chez une femme (une femme qui boit houlala c'est vilain, sauf quand il s'agit de la violer où là c'est fort commode) Et mon alcoolisme fut trash, à acheter la bouteille d'alcool fort à paqs cher le matin, tmtc les regards des hotesses de caisse, des autres client-e-s, de soi dans sa tête.


Mais l'alcool m'a aussi fait faire bien de la merde. Je ne parle pas simplement de me ridiculiser en ayant bu, me vomir dessus/sur d'autres gen-te-s, me mettre en danger. Je ne parle même pas "seulement" d'avoir mis la vie d'autrui en danger en roulant bourrée, d'avoir blessé des gen-te-s en les engueulant bourrée, d'avoir été lourde sexuellement auprès de gen-te-s (aka le consentement c'est pas fait pour les grouik) : l'alcool rend drôlement con. Et dangereuxse.


Un des problèmes quand on est addict et l'alcool fait pas exception c'est quand il n'y en a plus. Et qu'on en veut, et qu'on ne peut pas tellement ne pas en boire. Soit parce que syndrome de manque physique, soit parce que craving (appel physique à boire venant de notre propre cerveau), soit parce que envie immense, et je parle d'un truc violent comme d'être séparé-e de son premier amour fou à l'âge de treize ans.
Moi dans ces moments là on croirait que je me clive, comme si une partie de moi était fort raisonnable et disait "ça te fera les pattes, il suffit d'en chier quelques jours/d'aller aux urgences mendier du valium" et une autre partie élaborait des stratégies des plus indécentes pour boire. Ca peut être voler 20€ dans le sac à main de maman (pardon maman)(parce que le probleme est parfois l'argent), ça peut être inventer des pipeaux pour se faire prêter de l'argent/offrir un verre. Et dernièrement ça a été la faire à l'envers à mon conjoint pour boire. Parce qu'il est mon compagnon, m'aime, et de ce fait ne supporte pas de me voir m'enquiller une bouteille de vodka en attaquant à 9h am. Donc boire en cachette. C'est "marrant" parce que ça me gênait moins de camoufler à mes vieux quand je vivais seule. Après tout je voyais ça comme ma petite manie, ma petite addiction que je me gère (étonnant comme on a toujours ou presque l'impression de bien gérer ses addictions) et beaucoup quelque chose que je fais seule (parce que marre de me faire violer dans les bars) et qui est à moi mon mien mon précieux rien ne nous sépareraaaaaa.
Alors c'est moche, c'est un peu babasse parce que bon, une bouteille de vodka derrière la cravate ça se voit, s'entend, se sent. Il y a un mécanisme au-deça de la raison et un truc impérieux à la "yolo, je vais me miner puis on verra bien après"

Seulement j'ai décidé que c'était ma responsabilité et d'arrêter de couiner que je suis addict et c'est pas moi c'est la bouteille. Parce que comme dit Lou Lubie dans Goupil ou Face "on ne choisit pas ce que l'on ressent mais on peut choisir ce que l'on fait" Alors certes parfois c'est vachement plus dur qu'à d'autres moments pour d'autres choses.  Mais je choisis.
Pour le point, après des entretiens avec une médecienne alcoologue très forte et écoutante, discussion avec mon aimé et moi-même j'ai décidé de tenter la conso raisonnable.
Sortir du secret.
Sortir de la "double vie" du double moi, de faire du caca avec du caca parce que je m'imagine que ceci, que cela, que pas grave, qu'incurable, que laissezmoitranquilleseuleavecmonproduit.
Je choisis d'être une femme adulte face à une difficulté, je choisis de gérer en fait. Ca marchera peut-être pas, je ferai ce qu'il faut pour.

Je me suis parfois posée la question de ma responsabilité, pour mes épisodes délirants et ce que j'en ai fait, pour mes comportements sous et sans alcool aussi. Je crois que c'est bien de prendre la responsabilité. A mon propre tribunal de dedans ma tête y'aura peut-être des circonstances atténuantes mais pas de vrai non lieu.Auto bienveillante mais prendre les rênes de ma vie. Agir ma vie et dans ma vie. Donc agir l'alcool, pas être agie par icelui.