mardi 5 septembre 2017
Amour, fusion, dépendance et troubles
"On" dit que la fusion c'est le mal, que ça n'existe qu'avec sa maman durant les 9 premiers mois de vie, qu'après le papa fait tiers et sépare, et que si on tente de fusionner à nouveau par après c'est PATHOLOGIQUE.
C'est ce que j'ai appris de ma soeur étudiante en psycho, des livres de psychanalyse que je lisais ado, de mes maigres cours de psy à l'école d'infirmière, de la bouche des psychiatres avec qui j'ai travaillé, et plus globalement qui m'ont "soignée".
Visiblement la recherche de fusion va avec la psychose, grosso merdo parce qu'on n'est pas fini-e-s, qu'on n'a pas de dedans et de dehors et qu'on emmerde les normalement nevrotiques et les soignant-e-s avec notre supposée avidité.
Bon. Mais moi je fusionne. Je vis une relation plutôt fusionnelle avec mon père, et une relation fusionnelle avec mon compagnon (mon amour donc)
Faut dire, oui, je suis dépendante, affectivement. Je me sens pas aliénée avec mon amoureux, je me sens complète, un sentiment de complétude que je n'avais jamais vécu auparavant. Il est mon étai, je suis le sien d'une autre manière. On ne s'engueule jamais, on ne fait pas tous ces trucs passionnels destructeurs qu'on voit dans les films et dans la tête des psy rigides.
En fait quand c'est consensuel la relation fusionnelle c'est très reposant.
Mais pour bien des soignant-e-s (pas les mien-ne-s actuellement je précise) c'est la mort, c'est vouloir retourner dans le ventre de maman pour y pourrir, c'est l'horreur, c'est mal. Il ne faut pas. Je ne sais pas faire autrement ? Peut-être, quasiment constitutionnellement, je ne peux pas ? C'est pas grave il faut pas, c'est pas normal, c'est pathologique. Iels ont une vraie obsession avec ça, iels pathologisent notre façon d'aimer. Comme s'il existait un mode d'emploi universel de la fucking Relation Saine.
Seulement ma tête elle est moyen saine, mon coeur lui obéit. Oui j'ai des troubles et je préfère les accompagner et vivre avec que de lutter contre et rester malheureuse toute ma vie, mais "normalisée" ce qui ferait surtout plaisir aux normauxles
C'est comme cette histoire de "se confronter au vide" qui nous serait absolument nécessaire à nous psychotiques. Se faire chier avec zero activité des heures durant, voilà ce qui serait bon pour notre hygiène mentale.
Oui j'appelle mon père trois fois par jour, oui je dépéris trop longtemps éloignée de mon Amour, oui je suis dépendante, oui je suis psychotique et malade bien que pas en état de maladie (pas en crise) ET ALORS.
Ça peut être envisagé comme une manière de vivre sa vie, pas comme un fonctionnement malsain. Et puis c'est paradoxal de dire "vous êtes psychotique donc vous ferez les choses contrairement à votre personnalité psychotique". Vouloir de toutes les personnes, psychotiques ou non d'ailleurs, qu'elles se conforment à un certain type de relations amoureuses ou familiale sous couvert de théorie largement psychanalytique c'est de la psychophobie, de l'intrusion, de l'irrespect et de la violence.
Inscription à :
Articles (Atom)