Il s'avère que je vis une rechute dépressive et alcoolique. Cela a surtout été aigu ces derniers jours, les causes peuvent en être multiples : juste la vie de mon cerveau, une modification de traitement voilà 4 mois, vivre à mon tour en soutien de mon compagnon qui traverse un burn-out (un état dépressif donc) depuis un an.
C'est ce dernier point qui a surtout été douloureux ces derniers temps, entre le sentiment d'impuissance saisissant, l'absence psychique même en présence, la peine de voir l'être aimé souffrir. Ce sont là des réactions classiques et assez typiques de ma part, m'a rassurée mon infirmière référente.
Il est à noter que mon conjoint ne souhaite pas se médiquer - ni rencontrer un-e soignant-e specialisé-e pour poser un peu sa souffrance. Cela est son choix que je respecte, c'est sa tête, son psychisme, sa vie et sa souffrance.
De mon côté qu'avons-nous ? Une personne, une femme (cis) (je crois que c'est important) avec troubles schizo affectifs tendance dépressive, médiqués et psychiatrisés depuis une vingtaine d'année. Une femme fatiguée, qui se remet à consommer de l'alcool d'abord par pulsion, puis comme automédication, puis parce que plus le choix.
Oui mon aimé a entendu ma peine, le manque d'attention dont je me sens (à tort ou à raison mais visiblement à raison) dépérir, ma lutte quotidienne et archi fatigante pour ne pas prendre pour moi la multitude de petites remarques dues à l'irritabilité dépressive de mon conjoint. Il ne pouvait rien y faire visiblement, ce n'est pas la fête pour lui non plus.
Mais la réponse a été de m'enjoindre à voir rapidement mon médecin psychiatre
Ce que j'ai fait par ailleurs avec un doublement de mon traitement antidepresseur. De femme fatiguée qui avec sa particularité souffre de manière aigue d'une situation extra-ordinaire sur la durée, je suis passée à personne malade devant corriger de mauvais penchants par des soins chimiques.
Frères et soeurs en folie vous voyez ce dont je parle. Les fucking injonctions
"prends tes cachets"
"tu n'es pas en colère c'est ta maladie qui parle"
"parles-en à ton psy"
"il faut corriger ça"
Nos souffrances peuvent être massives (vmvc). Elles durent. Elles ne s'expriment pas joliment par de longs poèmes tristes et beaux sous la pluie. Il y a de l'alcool (ou autre), des larmes avec de la gnare et du spasme du sanglots, des reproches parfois, des cris, des comportements plus ou moins "choquants". On n'est pas des beauelles, on correspond pas à l'image romantisée du fou. Surtout les femmes parmi nou-e-s je crois, qui sont fantasmées très minces, très introverties, très languides. Aura de la mélancolie, de TCA hyper fantasmées et romantisées, de la meuf qui se suicide par amour (sans abimer son frele et beau corps)
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier disait Stieg Dagerman. Cependant d'une part, là où nous cherchons les bras chauds de la consolation souvent nous trouvons un renvoi vers les froides clés à mollettes psychiatriques pour "réparer" "to fix" "arranger" notre cerveau (et nos personnes mêmes) d'autre part une terrible silenciation d'émotions légitimes vise à nous normaliser et à nous faire taire.
Nous fousolles sommes déconsidérés, parfois même infantilisés ou animalisés (consigne entre Infirmier-es de ne pas se contredire devant un-e usager-e de peine de lae perturber, comme on le dit en éducation face à de petit-e-s enfant-e-s, de notre besoin de cadre comme si nous étions en cours d'éducation, ou de dressage, de ne pas nous mentir parce que "ils le sentiraient" sic, entendu plusieurs fois)
L'expression et l'intensité atypiques de nos émotions semble invalider pour la masse des normauxles leur légitimité. La psychophobie s'exprime alors à plein, sous forme de peur, malaise, rejet, souvent bien policés et présentés comme conseils bienveillants. Ce paternalisme doublé de froideur réactive nous fait dépérir chaque jour plus.
Je prends deux fois plus de paroxetine pour que mon conjoint supporte ma réaction à son état que par ailleurs il ne traite pas.
Il est très beau ton article, des <3 et des chats pour toi !
RépondreSupprimerCa me renvoie à un souvenir d'ado. J'avais perdu mon père quelques mois plus tôt. J'allais mal (oh, quelle chose étonnante, ne pas danser la jig quand on vient de perdre qqun qu'on aime, non vraiment !)
RépondreSupprimerJe vais chez mon médecin pour tout autre chose (une angine, si je me souviens bien). Il constate que j'ai pris du poids (oui, hyperphagie mon amour).
Il me demande illico comment je vais vis à vis de la mort de mon père. Je me mets à pleurer.
Sa réponse immédiate : "Je peux te prescrire quelque chose, ça t'aiderait".
Alors ouaip, sans doute que ça aurait pu m'être d'une utilité d'être aidée à l'époque. A coup sûr, même. Je pense que ca aurait eu moyen de m'éviter un bon 10 ans d'hyperphagie et d'automutilation.
Sauf que le fait que ce mec ne valide strictement en rien ma souffrance, qu'elle soit vue comme uniquement un symptôme... Bah non seulement c'était complètement impossible pour moi d'accepter cette "aide", mais ca m'a durablement éloigné de toute demande d'aide...