jeudi 29 août 2019
Une pensée pour les malades alcooliques
Je parlerai plus précisément des l'alcool même si toutes les addictions méritent évidemment qu'on s'y penche mais d'une part c'est celle que je connais le mieux pour être en proie avec depuis 25 ans et être en lien avec des services d'addicto à ce sujet depuis une quinzaine d'années, de plus c'est sans doute les images auqxuqelles nous sommes le plus exposé-e-s dans la vie courante et, mon thème ici, sur les réseaux sociaux.
Une pensée pour les malades alcoolqiues. La France est le 5ème pays au niveau mondial pour la prévalence des problèmes liés à l'alcool. C'est la deuxieme cause de mortalité en France, en 10% des adultes sont en difficulté avec l'alcool (chiffres inserm).
Ce qui signifie que vous connaissez forcement plusieurs malades alcooliques, ou personnes ayant une consommation problématique, que ces personnes en soit consciente ou non.
J'ai je crois 119 ami-e-s Facebook ce qui signifie environ dix malades alcooliques dans mes ami-e-s, et sans doute plu car beaucoup de mes ami-e-s sont de fols et il y a une comorbidité importante des addictions avec les differentes conditions psychiatriques.
Sachez que parmi ces personnes certaines sont traitées ou en cours de traitement, certaines sont abstinentes par choix, environ personne ne va se vanter d'être malade alcoolique vu le stigmate et de ce que je fais personne ne fait de prosélytisme anti alcool active parmi sa liste de contact. Donc le propos n'est jamais, je répète le propos n'est jamais, ni dans ce billet, de vous dire de vous censurer ou d'arrêter de consommer. Chacun-e fait comme iel veut/peut.
Je suis moi-même censément abstinente (ça reste bien aléatoire mais disons que j'essaye de limiter au plus fort ma conso et ne pas consommer) et je peux être, malgré un traitement, en proie à des cravings (envie/besoin irrépressible de consommer)
Ces cravings peuvent être déclenchés par des mots, des images, donc une pensée pour vos potes alcooliques quand vous postez la photo de votre bière fraiche ou de verre de vin avec le message "moment détente miam miam". Essayez de garder à l'esprit qu'alors vous faites la promotion d'un psychotrope, d'un stupefiant plus toxique que les opiacés (si on ecarte les risques liés aux modes deconso problematique dus à la penalisation de ces consos)
Je ne vous demande pas de ne pas le faire mais juste d'y penser. Cette photo que vous trouvez anodine voire cool ou fancy peut mettre en difficulté plusieurs personnes de vos contacts. Recadrez à l'esprit en vous demandant si vous feriez gratuitement la promotion d'un autre produit stupefiant de manière si banalisée.
Pro tip : evitez de splainer vos ami-e-s en difficulté avec l'alcool. Osef que votre cousin ou votre ami ai eu maille à partir avec l'alcool seule la personne concernée est experte d'elle même. Evitez d'être violent-e même si ça remue des choses très fortes (je me doute qu'avoir eu un-e parent-e malade alcoolique ou un-e ami-e ou proche mort-e de l'alcool est très traumatisant, passez alors juste votre chemin, chaque personne est unique et le topic du déni fait partie de la maladie. Les modes de "s'en sortir" sont aussi divers) Surtout si ces personnes sont déjà conscientes du probleme et/ou en soin. Vous savez quoi ? Elles et leur équipe d'addicto savent mieux que vous.
Une pensée pour les malades alcooliques quand vous choisissez vos termes. "Alcoolo" "arsouille" "pochtron" lol c'est drôle mais c'et surtout sitgmatisant. Je sais aussi que ça fait partie des vannes qu'on se balanceentre potes ou envers soi ^même et ô magie ça tape souvent dans le vrai.
Les recommandations de l'OMS en matière de conso c'est de ne pas dépasser deux verres d’alcool/j pour les femmes (ou plutot personnes afab) et 3 pour les homms (ou plutot personnes amab) Cela non pour un ratio pois tailles mais parceque les personnes afab ont proportionnellement plus de masse graisseuse ce qui "conduit" mieux l'alcool etle rend davantage toxique. En se reservant une journée d'abstinence par semaine.
Davantage ce n'est pas anodin (déjà ces petites doses sont toxiques, sachez le, au passage) et chaque cuite est comme un nouveau coup porté au foie, pancréas, hippocampe (region du cerveau lié a la memoire immediate)
Mais une pensée pour les malades alcooliques quand vous faites la promo de l'alcool, que ce soit le mojito siroté sur votre terrasse, le recit d'une cuite prise lors d'un concert, les "vantardises" habituelle à propos de votre capacité à "encaisser", la fierté de clocher rapport a votre alcool national ou local.
Une pensée pour les malades alcooliques quand vous parlez du "pochtron" du coin ou de "la viande saoule" lors des matches de foot. Scoop : on est des êtres humains.
Au passage je ne demanderai jamais à personne de "pardonner" ou d'accepter les trucs craignos qu'on peut faire sous produit (agressions, conduites mettant en danger autrui etc)
Juste une pensée pour les malades alcooliques avant de poster, parce que c'est une maladie, parce quec'est une addiction puissante et qu'on est exposé-e-s au produit sans cesse tout le temps, partout, à chaque minute quasiment (et qu'on nous jette des pierres quand on consomme pas)(et qu'on nous jette aussi des pierres quand on consomme "trop" ou "pas bien")
mardi 20 août 2019
La créativité des fols
Pour démarrer je voudrais pointer qu'il existe depuis une dizaine d'année un genre d'injonction à la créativité pour toustes (ou alors une appétence de toustes pour la créativité, mais il me semble que c'est induit). Pour se montrer épanoui-e et réalisé-e il faut créer un tas de trucs, bijoux, photos, tricot, dessin etc. Il me semble que ça fait partie du package "le bonheur est obligatoire"
La romantisation et la fétichisation de certains types de folie conduit au lieu commun "les fols (notamment psychotiques) sont des grand-e-s créatifves, iels voient des choses que le commun des mortels ne voiet pas et ont une sensiblité houlala.
On attend de nous de réaliser des fresques apocalyptiques représentant nos angoisses et hallus les plus flippantes ou merveilleuse, de faire découvrir au NT l'entièreté de notre âme tourmentée.
Déjà cette fascination pour nos mondes intérieurs est hyper malaisante. On nous demande de nous mettre à nu, une fois de plus sans tenir compte de notre besoin de dignité et d'intimité, afin que les personnes NT se payent de petits frissons à moindre coût. On monte en épingle les cas de crétaeurices de génie fols (le plus couramment Van Gogh ou Artaud) sans tenir compte que leur génie venait de leur génie et pas de leur folie en soi. Je 'ergoterai pas sur "peut-on créer quand on est heureuxse ?" parce que je n'en ai pas les moyens livresques et que ça me semble vidé de sens.
D'ailleurs, toustes les fols sont iels malheureuxses ? Non.
Cette association de folie et de créativité débridée est hyper reloue à vivre. Il existe des personnes créatifves, il existe des personnes fols, et les deux n'ont as de corrélation.La création peut être un passe-temps, pour certaines personnes TSA par exemple un intérêt spécifique, une manière de se sentir bien, une catharsis. Pour tout le monde.
Personnellement je ne suis pas du tout créative. Déjà parce que je n'en ai pas les moyens cognitifs et psychomoteurs (je ne peux pas convoquer une image ou un son, ce qui explique que je me perde mais aussi que je ne puisse décrire une personne même très bien connue sans avoir une photo ou la personne en face) Donc mes maladroites tentatives de dessins se feront par des copiages, mes tricots à trous avec des modèles, mon écrit restera bancal car je suis une grosse coassarde et ne travaille pas mes textes.
Il n'y a pas un-e poète planqué-e derrière chaque schizophrene, un-e peintre derrière chaque personne TPB (je ne minore pas le bénéfice de la création pour ces personnes, je pointe juste que le talent ou le travail ou la amitrise ne proviennent pas de la folie, et que par ailleurs une personne NT peut avoir des choses à dire et exprimer)
On nous demande encore et toujours de gerber nos affects à la face du monde, nous dotant de skills obscurs pour les arts divers, nous enjoignant à créer pour "poser nos émotions" ou "exprimer notre colère" mais j'ai envie de dire que ces choses là nous appartiennent et qu'à moins d'en avoir envie de capacité ça n'a pas a forcement figurer dans une galerie d'art brut pour assouvir une curiosité que je trouve malsaine à propos de nos psychismes.
C'est le mythe de lae poète tourmenté-e, dulla peintre fol, des tournesols hallucinés et des performances fortes en emotion.
Pro tip : on est plein à juste savoir dresser une assiette de nouilles et à peindre comme des manches.
D'où ma réticence à tous les ateliers d'art thérapie en institut. On en discutait dernièrement sur un groupe. Ca va consister à chanter façon chorale d'ecole primaire (des hits comme"les champs élysées"), peut-être taper sur quelque tambourin, pour faire sortir nos émotions (dafuq). Les mediums proposés sont divers mais souvent limités par les maigres moyens financiers des HP.
Ma grande angoisse sont les ateliers dessins/peinture et "terre". Je produits des objets très infantiles par maladresse, il nous est arement proposé des trucs pour nous améliorer, on nous met face a la galise ou la feuille blanche en nous disant "créez" et on peut repartir avec sa production (pour la montrer à papa maman ?)
Généralement devant le medium mon cerveau est saveur "........." même si (rarement) un thème est donné. Selon les personnes le résultat est aléatoire, souvent très maladroit (on ne s'improvise pas dessineteurice, des techniques sont à acquerir), perso ça m'angoisse (car j'ai deux mains gauches et je rame) et ensuite on doit parler de sa création et de ce qu'on a ressenti en 'effectuant, avec parfois bonus interprétation sauvage de mes bonhmmes patates (je suis apeine d'un lvl plus élevé que ça)
Bref c'est assez infantilisanten soi etle côté "thérapeutique" m'achppe souvent. On n'apprend rien. On passe une heure à créer son truc. On parle certes mais devant tout un groupe de personnes qu'on connait pas forcément,99% j'ai rien àdire de mon oiseau naïf et baveux ou de mes oreilles de chat (à part "j'aime les chats"), bref, c'est chaud.
Une autre source problematique pour moi est la fétichisation de nos réalisations. Parce que c'est fait par un-e ol c'est super, c'est matière à éclate croustillante, surtout pour les tenants de la psyk. Un oeuvre réussie de la part d'un-e fol c'est tellement exotique, ça donne tellement prise à son inconscient, à l'observation de sa folie, c'est si fort. Ainsi des soignant-e-s peuvent mettre en place des ateliers pour préparer une expo interne ou externe ou une œuvre d'envergure à exposer sur le parvis de l'HP, même si ça se révèle sans intérêt et/ou moche. C'est fait par des fols alors c'est si cool, et puis "ça leur fait tellement de bien et ça les valorise". Déso moi exposer mes croûtes ça m'humilie.
So infantilisant. Et pour les personnes fols ayant un réel talent il existe la tentativesouvent réussie de s'approprier son art singulier pour le disséquer et ne le voir qu'au travers du prisme de sa folie. Tellement réducteur.
Foutez nous la paix srx.
lundi 12 août 2019
Bon passing NT, avantages et inconvenients
Il m'est venu cette pensée au decours d'une discussion avec l'être aimé : je peux avoir un bon passing NT. Qu'est-ce que le passing ? Au départ utilisé par les personnes racisées pour désigner les personnes racisées ayant une peau claire sous le terme white passing (passer pour un-e blanc-he), puis par les personnes trans* (avoir l'air cis avec une expression de genre correspondant à son genre réel) il est plus ou moins rpris par les personnes NAPA pour dire en gros "avoir l'air normal".
Il est une vérité que je m'exprime bien verbalement, avec des termes choisis avec soin et précis, une certaine abondance de vocabulair et un certain recul sur mes symptômes et troubles. C'est un mix de capacités personnelles et de privilèges : j'ai eu le privilège d'avoir été élevée par une maman éduquée, qui m'a inscrite très tôt à la bibliotheque municipale, d'avoir certaines facilités à l'école et d'avoir très tôt eu le goût de lire (on choisit pas ce qu'on aime faire) Ce qui fait que maintenant j'ai un très bon score au QI verbal (avec tous les biais qu'il comporte mais j'en conclus que j'ai un bon niveau de langage pour une française avec le français comme langue maternelle, et qui a poursuivi ses études jusqu'au niveau L2)
Bref, je peux avoir l'air normale en premier contact avec les gens (particulièrement dans mes bonnes périodes, quand je suis un peu trop angoissée ou que je suis plus ou moins parasitée je garde un abord étrange) Et ce particulièrement en relation duelle ou en discussion à trois (plus je décroche)
Les préjugés liés aux schizophrénies et aux personnes schizophrenes font qu'enormément de gen-te-s (dont pas mal de soignant-e-s) pensent qu'on n'a pas accès au langage et/ou à la lucidité. Ou de manière parcellaire et cryptée. Cela peut s'avérer exact pour certaines personnes schizo avec un certain type de schizophrénies (car les schizophrénies se declinent au pluriel) et les soignant-e-s notamment hospitalier-e-s ont surtout des contacts avec des personnes en crise donc n'ayant pas forcement accès à ces formes de communication à ce moment là.
Grosso modo ce que je veux dire c'est que presque personne en discutant avec moi ne m'imaginerait schizo. Et que nombre de soignant-e-s me trouvent un cas exceptionnel (ce qui est une erreur, on est plein comme moi, mais on va pas toustes vers les soins psychiatrique avec ma facilité ni ma soumission)
Ma vêture est normie aussi, même si je peux me montrer fort flamboyante, ce qui est facilité par mon revenu regulier (je peux me payer des fringues passe partout et neuves quoi)
Je n'ai qu'une légère dysrathrie de la mâchoire et n'ai pas de postures etranges, sauf en cas de forte angoisse dissociative pas de regard écarquillé et/ou fixe - mon regard est plutôt fuyant), je stimme beaucoup mais peu en public et de manière tolérée socialement (jambes qui tressaute, grattages)
Tout ce pack m'apporte évidemment bien des avantages : en entretien d'embauche ou à la banque, dans les administrations ou auprès de collègues de l'être aimé, au travail, je ne me fais pas discriminer/lancer de caillou. Spontanément je me présente comme d’abord "sympa" donc généralement les gen-te-s ont une première bonne impression de moi. Je ne subis pas le stigmate au quotidien.
Par contre rester présente au monde me coûte énormément au niveau psychique et fatigue physique du cerveau. Et dans un groupe de plus de trois je "plane" vite et m'isole. Donc mes proches ne se rendent pas toujours (pas souvent) compte de combien il m'est fatiguant de rester à table trois heures à bavarder (merci aux excuses clopes et toilette pour les pauses qu'elles permettent), mon conjoint même qui est haitué est régulièrement surpris que je ne sois pas très présente.
Pour avoir fait une approche de l'autohypnose au cours d'une cure je peux dire que je passe la moitié de ma vie en auto transe hypnotique (auto protection du cerveau)
Voilà pour la sphère privée et le level de fatigue.
Pour la sphere soin c'est compliqué aussi. Même stable je reste très fragile et ai besoin d'énormément d'étayage pour rester stable. Mais quand je vais bien et m'exprime bien j'ai juste... l'air d'aller bien et qu'on peut me revoir dans trois mois (psychiatre). Alors que je ne vais pas bien plus d'un mois d'affilée. Ou que le traitement peut être diminué de telle et telle façon alors que j'en ai besoin pour rester stable. J'ai l'air si normale , qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? Au fond je n'ai besoin que d'un support chimique minimal pour fonctionner.
Mon infirmière aussi même si elle conçoit que je ne puisse travailler ou même assurer une demi journée de bénévolat par semaine voudrait me voir sortir plus, fréquenter davantage de NT, faire des choses en plus de tâches ménagères (que j'ai déjà du mal à accomplir), sortir prendre l'air, me remettre en forme, faire du sport regulièrement etc. Elle a je pense tendance à oublier que je sis pas mal dysfonctionnelle et qu'en réalité j'ai pas dix mille spoons par jour.
Au GEM que j'ai fréquenté les animatrices aussi me semble t il me voient moins ou pas malade.
Comme je le lisais (en anglais) sur le mur fb d'un ami "ce n'est pas parce que je porte mon fardeau qu'il n'est pas lourd"
C'est le côté fléau du mot "invisible" dans "maladie invisible/handicap invisible".
Aors bon : non, je ne suis pas très fonctionnelle, oui je peux bavarder de manière pertinente et j'ai du recul sur mes troubles ce qui ne les minore en aucun cas, jamais, même si ça permet d'essayer de les gérer plus facilement, oui je suis très fatigable psychiquement, oui j'ai besoin d'un lourd traitement pour juste souffrir a minima, oui une journée en famille doit se résoudre par deux pleines journées de sieste, non je ne peux pas "faire tout ça". Nonje ne veux/peux pas sortir de ma zone de confort, de mon périmètre de sécurité, c'est une question pas de confort mais de survie.
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