mardi 20 août 2019

La créativité des fols






Pour démarrer je voudrais pointer qu'il existe depuis une dizaine d'année un genre d'injonction à la créativité pour toustes (ou alors une appétence de toustes pour la créativité, mais il me semble que c'est induit). Pour se montrer épanoui-e et réalisé-e il faut créer un tas de trucs, bijoux, photos, tricot, dessin etc. Il me semble que ça fait partie du package "le bonheur est obligatoire"

La romantisation et la fétichisation de certains types de folie conduit au lieu commun "les fols (notamment psychotiques) sont des grand-e-s créatifves, iels voient des choses que le commun des mortels ne voiet pas et ont une sensiblité houlala.

On attend de nous de réaliser des fresques apocalyptiques représentant nos angoisses et hallus les plus flippantes ou merveilleuse, de faire découvrir au NT l'entièreté de notre âme tourmentée.

Déjà cette fascination pour nos mondes intérieurs est hyper malaisante. On nous demande de nous mettre à nu, une fois de plus sans tenir compte de notre besoin de dignité et d'intimité, afin que les personnes NT se payent de petits frissons à moindre coût. On monte en épingle les cas de crétaeurices de génie fols (le plus couramment Van Gogh ou Artaud) sans tenir compte que leur génie venait de leur génie et pas de leur folie en soi. Je 'ergoterai pas sur "peut-on créer quand on est heureuxse ?" parce que je n'en ai pas les moyens livresques et que ça me semble vidé de sens.

D'ailleurs, toustes les fols sont iels malheureuxses ? Non.

Cette association de folie et de créativité débridée est hyper reloue à vivre. Il existe des personnes créatifves, il existe des personnes fols, et les deux n'ont as de corrélation.La création peut être un passe-temps, pour certaines personnes TSA par exemple un intérêt spécifique, une manière de se sentir bien, une catharsis. Pour tout le monde.

Personnellement je ne suis pas du tout créative. Déjà parce que je n'en ai pas les moyens cognitifs et psychomoteurs (je ne peux pas convoquer une image ou un son, ce qui explique que je me perde mais aussi que je ne puisse décrire une personne même très bien connue sans avoir une photo ou la personne en face) Donc mes maladroites tentatives de dessins se feront par des copiages, mes tricots à trous avec des modèles, mon écrit restera bancal car je suis une grosse coassarde et ne travaille pas mes textes.

Il n'y a pas un-e poète planqué-e derrière chaque schizophrene, un-e peintre derrière chaque personne TPB (je ne minore pas le bénéfice de la création pour ces personnes, je pointe juste que le talent ou le travail ou la amitrise ne proviennent pas de la folie, et que par ailleurs une personne NT peut avoir des choses à dire et exprimer)

On nous demande encore et toujours de gerber nos affects à la face du monde, nous dotant de skills obscurs pour les arts divers, nous enjoignant à créer pour "poser nos émotions" ou "exprimer notre colère" mais j'ai envie de dire que ces choses là nous appartiennent et qu'à moins d'en avoir envie de capacité ça n'a pas a forcement figurer dans une galerie d'art brut pour assouvir une curiosité que je trouve malsaine à propos de nos psychismes.

C'est le mythe de lae poète tourmenté-e, dulla peintre fol, des tournesols hallucinés et des performances fortes en emotion.

Pro tip : on est plein à juste savoir dresser une assiette de nouilles et à peindre comme des manches.

D'où ma réticence à tous les ateliers d'art thérapie en institut. On en discutait dernièrement sur un groupe. Ca va consister à chanter façon chorale d'ecole primaire (des hits comme"les champs élysées"), peut-être taper sur quelque tambourin, pour faire sortir nos émotions (dafuq). Les mediums proposés sont divers mais souvent limités par les maigres moyens financiers des HP.
Ma grande angoisse sont les ateliers dessins/peinture et "terre". Je produits des objets très infantiles par maladresse, il nous est arement proposé des trucs pour nous améliorer, on nous met face a la galise ou la feuille blanche en nous disant "créez" et on peut repartir avec sa production (pour la montrer à papa maman ?)

Généralement devant le medium mon cerveau est saveur "........." même si (rarement) un thème est donné. Selon les personnes le résultat est aléatoire, souvent très maladroit (on ne s'improvise pas dessineteurice, des techniques sont à acquerir), perso ça m'angoisse (car j'ai deux mains gauches et je rame) et ensuite on doit parler de sa création et de ce qu'on a ressenti en 'effectuant, avec parfois bonus interprétation sauvage de mes bonhmmes patates (je suis apeine d'un lvl plus élevé que ça)

Bref c'est assez infantilisanten soi etle côté "thérapeutique" m'achppe souvent. On n'apprend rien. On passe une heure à créer son truc. On parle certes mais devant tout un groupe de personnes qu'on connait pas forcément,99% j'ai rien àdire de mon oiseau naïf et baveux ou de mes oreilles de chat (à part "j'aime les chats"), bref, c'est chaud.


Une autre source problematique pour moi est la fétichisation de nos réalisations. Parce que c'est fait par un-e ol c'est super, c'est matière à éclate croustillante, surtout pour les tenants de la psyk. Un oeuvre réussie de la part d'un-e fol c'est tellement exotique, ça donne tellement prise à son inconscient, à l'observation de sa folie, c'est si fort. Ainsi des soignant-e-s peuvent mettre en place des ateliers pour préparer une expo interne ou externe ou une œuvre d'envergure à exposer sur le parvis de l'HP, même si ça se révèle sans intérêt et/ou moche. C'est fait par des fols alors c'est si cool, et puis "ça leur fait tellement de bien et ça les valorise". Déso moi exposer mes croûtes ça m'humilie.

So infantilisant. Et pour les personnes fols ayant un réel talent il existe la tentativesouvent réussie de s'approprier son art singulier pour le disséquer et ne le voir qu'au travers du prisme de sa folie. Tellement réducteur.

Foutez nous la paix srx.

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