D'un S qui veut dire Seresta
J'ai été dépendante au Zolpidem durant une année, et je parle d'en prendre beaucoup, tout le temps, et c'est hallucinogène et confusant. Je ne parle pas de l'accoutumance qui vient quand on prend un hypnotique un peu trop longtemps, mais du vrai détournement de la molécule à des fins ludiques. Ça a été l'horreur. J'avais auparavant été mise sous Tranxene 50, xanax et lysanxuia à l'adolescence, sans trop d'effet sur mes angoisses, aussi bizarre que cela puisse paraitre.
Sevrée, de moi-même à 30 ans, je n'ai repris de BZD qu'il y a deux ans, sous forme de ce Seresta, la plus petite dose (10mg, il en existe du 50mg), d'abord pour le sevrage alcoolique, ensuite comme pur anxiolytique en plus du Tercian.
Et je me sens coupable d'en prendre. Pourtant je ne le détourne pas de son usage, je le prends aux doses prescrites, je ne bois évidemment pas d'alcool avec.
Ma psychiatre veut le supprimer de l'ordonnance en priorité. "Parce que les benzos..." sous entendu, parce que les benzo ça sert pas à grand chose sur la pathologie, c'est plutôt des Treets (ami-e des années 80 tu sauras de quoi je parle)(ami-e plus jeune c'est l'ancien nom des M&M's,)
L'article linké plus haut m'a fait réfléchir à cette grande culpabilité. Mon problème est que "les benzos j'aime bien ça", comme je le dis. Parce que c'est agréable. Parce que ça agit vite, parce que je me sens spécialement détendue sous faible dose de BZD.
Et alors ? Les BZD ne combattent pas les mêmes angoisses que les neuroleptiques sédatifs. Oui, elles détendent aussi le corps. Oui avec je me sens parfaitement bien, et j'en ai bien le droit. Mon fond anxieux est permanent, ça va de doucement préoccupée à tétanisée (ce qui est de plus en plus rare) et oui, le Seresta est un médicament qui est utile sur mes troubles (anxieux ici)(et allo, c'est bien un anxiolytique)
Le problème est que quand on est pathologisé, quand on est malade psy, les phrmacien-nes se méfient de nos traitements, c'est courant. On a droit au double préjugé "mais c'est une drogue" + "de toute façon c'est psy c'est pas vital" Or nous savons que c'est un médicament, et que "le psy" est vital.
On lit et on entend beaucoup de gen-tes, NT surtout, pester contre "celleux qui en prennent comme des bonbons", que ça devrait être plus sévèrement réglementé, moins prescrit, qu'en France on en consomme trop.
Je sais pas, c'est vrai que les français-es consomment beaucoup de BZD, mais c'est peut-être aussi car nous avons un accès aux soins particulièrement efficace. Pas parce que nous sommes plus anxieuxses ou en addiction.
Oui, le produit peut être détourné, j'en suis l'exemple avec Zolpidem (qui est très particulier, étant un hypnotique et du fait de son action atypique euphorisante et hallucinogene, ce que ne sont pas les autres benzo). Mais il me semble que ça reste marginal et je ne vois pas pourquoi punir tous les NA de comportements égalemment NA d'une minorité.
Le grand tabou me semble le "plaisir" pris en même temps que le soin. Comme si cela était incompatible. Mais il s'apparente au plaisir de ne plus avoir mal au crâne en permanence grâce à une moléculoe nouvelle, ou au plaisir de pouvoir respirer pleinement après la première prescription de Breezhaler. Et même si ça rendait tout-e content-e hein. On va dégager le soin car plaisant ? La morphine aussi c'est plaisant, mais utile à celleux qui souffrent. Les BZD sont utiles à celleux qui souffrent aussi. Et les usager-es sont conscients des risques d'accoutumance et de dépendance. Les médecins nous le rappellent.
Je rage de plus quand j'entends que certaines BZD pourraient être déremboursées : traitement de confort. De confort vraiment ? Prendre un Tercian supplémentaire me calme au bout de 30 à 45mn. Une BZD sous la langue : 5 à 10mn. Ca compte en crise d'angoisse, en attaque de panique, je le garantis.
On nous fait peur en nous disant qu'elles pourraient être un facteur favorisant l'apparition de démences dans le grand âge. Fuck, les BZD ont mauvaise réputation. Tellement que celleux qui en ont besoin culpabilisent de les prendre.
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