jeudi 13 septembre 2018
Schizo lucide
Aussi appelé "Vous êtes une exception" ou encore "C'est ça qui fait pas schizo" (citations originales de mon psychiatre hospitalier)
Alors oui par périodes aiguës (surtout accès maniaque, décompensations schizophréniques) je peux délirer à fond les ballons et être hallucinée, et je peux encore entendre et sentir des "trucs" dans ma tête en période disons stable.
Cependant je les critique toujours, en live. Je sais que le "déni" et la non conscience des troubles semblent fondatrices du diag de schizo. Mais, alors que je me croyais seule dans ce cas et encore plus bizarre que les autres bizarres, je suis loin d'être un cas isolé.
J'en ai pris conscience en fréquentant les groupes et autres NAPA.
C'est simple, l'idée délirante est une conviction erronée. Mais ce n'est pas parce que je critique cette idée en même temps qu'elle se produit qu'elle n'est pas une conviction. Je suis convaincue de parler à Freyja/avoir des énergies particulières/être capable d'écrire de la littérature psy qui révolutionnera le monde et en même temps je sais que c'est infondé. Alors souvent je me laisse vivre mon délire (qui pour le coup est agréable) sans essayer d'évangeliser les foules avec mon truc.
C'est comme les hallus : j'entends la tourterelle, mon cerveau et mes aponévroses vibrent, je ressens des vertiges, j'entends mon père chuchoter à mon oreille ou mon amoureux rentrer. Je les entends et ressens réellement mais je sais que ce n'est pas réel. Et contrazirement à l'idée assez ancrée que le savoir les fait disparaitre, ça ne les fait pas disparaitre.
Par moments je peux dérailler hein, bien sûr, parce que ça engendre une tonne d'émotions, de sensations, de ressentis. Et ça peut être genre allô, je ne peux plus refouler mes trucs tout arrive en chantant.
Mais je suis complètement capable de dire plus ou moins calmement au psychiatre "J'ai des idées bizarres en ce moment".
Ca ne veut pas dire que je suis "moins malade". Ca ne veut pas dire que je suis guérie. Ca ne veut pas dire que j'invente des trucs et qu'en fait c'est pas délirant. Ca veut juste dire que je suis à peu près lucide sur ce qu'il se passe dans ma tête.
Le Dr B (que je chéris, le psychiatre hospitalier qui m'a suivie pendant 15 ans) m'a ainsi dit, alors que je lui expliquais que lors de ma dernière crise je m'étais vue décompenser sans rien pouvoir faire "ça fait pas schizo". Il était bien embêté. Ca remettait en question son diag.
Je pense que les psychiatres hospitaliers ont un biais : ils connaissent surtout des personnes hospitalisées, donc dans un état de maladie relevant de l'urgence. Iels voient pas ou peu les psychotiques qui se gèrent à la maison, et qui sont on va dire comme moi. Parce qu'on est nombreuxses. Et qu'on est légitimes. Peut-être bien que les symptômes positifs sont juste l'expression d'un excès de sérotonine ou autre neuro transmetteur, et qu'on n'a pas toustes des problemes psychiques sérieux (mais que du coup ces dits symptômes en crée, ainsi que la discrimination psychophobe)
Mais non, je ne suis pas une exception, et big up à toustes celleux qui parlent à leurs hallus en sachant qu'elles sont un pur produit de leur esprit.
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