lundi 4 décembre 2017

Psychosomatique, mon cul

Alors je suis en deuil actuellement. J'ai enterré mon papa il y a un moins d'un mois, et nous avions une relation fusionnelle. Je vis ma douleur dans mon corps.

Mais revenons aux prémisses de vivre sa douleur dans son corps, sous le prisme d'une "malade désignée".
Enfant j'étais très dépressive. J'avais plein de maladies de peau chelou. Nous savons, nous féministes, que les enfants sont la catégorie sociale la plus maltraitée. C'est passé à l'as. Je criais ma souffrance dans ma peau : eczémas chelous atypiques, prurits de la tête avec croûtes, trucs bizarres : elle met mal sa crème/se lave mal. Et tant pis si le dermatologue a dit "elle est nerveuse ce sont des lésiopns de grattage" tout pour pas passer par les psy pour enfants et le stigmate.
Quand j'ai été ado, ma soeur plus agée faisait des études de psycho. Elle a importé le terme "psychosomatique". Ca a été la fête. La toux, les sifflements dans les poumons, les douleurs, les odontalgies, la fatigue chronique et aigue, c'est psychomatique.
Funfact : le dire n'améliore ni le psycho, ni le somatique. On est jsuet ensuite souffrant, en ayant l'impression qu'onb cherche la merde. Donc allez crever apôtres de la psychosomat'.
Depuis sans doute mon adolescneceje souffre d'asthme, ce "cri d'amour qui s'étouffe" (lol). Quasi jamais traité parce que c'est "dans la tête". Alors non, c'est dans les bronches (et le systeme immunitaire) et ça se soigne très bien. Avec inhalateur aujourd'hui ça se tempère.

A l'âge de 22 ans youpi je suis en HP. Où je suis sévèrement maltraitée, pour des prolemes wtf (suttures sans anesthésie, camisole chimiquequi me fait baver, chambre d'isolement avec juste un slip et deux couverture) mais la messe est dite : je suis folle.

Pour le corps médical dorénavan, tout ce qui sortira des clous comme symptome sera psychosomatique. Tchin tchin mon asthme. Les caries et les dents qui a force tombent (effet des neuroleptiques aussi mais çaon s'en fout), l'hypertension, l'arythmie.
Et en fait face à un nouveau medecin il suffit de dire "oui j'ai un traitement, je prends tercian et risperdal" pour qu'il referme son Vidal et vous conseille de faire de la méditation/yoga/sport.

Je parle aussi ici des mes ami-es qui ont souffert de sous diagnostics car Pa/Na : mon ami-e sam, qui souffre du SED et a du entendre pendant 18 ans que c'est 'langoisse, les ami-es qui ont la fibro etc.


Dans toute ma carrière, hormis l'enfance, j'ai eu une seule maladie psychosomatique, liée au stress (et non à ma patho, mais aux horaires et rythme de ouf) : la proctalgie fugace. C'est un spasme du rectum sous trop de stress. C'est à dfire en gros avoir mal au cul (mais fort) quand on est trop sollicité.


Alors je suis en deuil actuellement, j'ai enterré mon petit papa chéri et je vis mon deuil dans mon corps. Mais pas par des maladies "psychosomatiques". Par mes troubles récurrents qui viennent quand je suis fatiguée (hemorroides, mycose, herpès), par des hallus tactiles (faux prurit) enchainant des troubles comportementaux (je m'arrache la peau de la gueule), des phénomènes hallucinatoires cénesthésiques (boyaux qui se tordent, cerveau qui vibre, vertiges).


Tout reste dans le cadre de la douleur qui s'exprime chez une schizo, ou chez une personne lambda choquée.

Moi maintenant quand j'entends le mot psychosomtaique je sors ma boite de codoliprane.

lundi 27 novembre 2017

Le NTsplaining déni de folie



Pour les celleuxsses qui ne comprendraient pas le titre : NT : neurotypique, plus largement psychotypique, non fou-folle quoi.
Splaining : au départ mansplaining ou mecsplication, utilisé dans la lutte féministe pour décrire les hommes cis reprenant des concerné-e-s pour leur expliquer ce qu'est le féminisme, ou leur domaine de compétence, ou la vie, alors qu'OSEF.


Aujourd'hui Eric m'a appelée. Ce pote connu en cure de réhab alcool n'a jamais voulu croire que je suis folle, que j'ai des troubles psy, que je suis schizophrène.
Il pense que les psychiatres me manipulent, qu'il "connait des schizos et ils sont pas comme toi" et aussi que je me crée des problèmes juste pour de petits moments d'humeur.
Aujourd'hui, en mode je suis le noyau de l'univers, il m'a carrément sorti "Je ne comprends pas pourquoi tu dis que tu as des troubles psy vu que t'en as jamais eu avec moi"


Donc pour tous les Eric de la planète :
- Les psychiatres savent mieux que toi, et surtout moi, première concernée, je sais mieux que toi.
- Je ne me cherche ni des problèmes ni une originalité. Quand tu as des troubles stigmatisants, et que parfois tu en souffres, tu ne te penses pas le centre du monde
- Je n'ai pas en permanence des symptômes visibles de ma schizophrénie. Ce que tu ne vois pas peut exister
- Tu es psychophobe : tu penses que je ne suis pas schizo car tu me trouves sympa et sensée. Spoiler alerte : nous pouvons être sympas et sensé-e-s. La schizophrénie n'impacte pas les compétences cognitives, les fous-folles peuvent être sympas, méchant-e-s, et tout le panel entre. Nous sommes des gen-te-s, des êtres humains.
- Tu nies mes ressentis, ma vie passée sans toi, mes problèmes ou pas et la façon dont je me perçois. Plus grave tu m'incites à me passer de mes traitements. Tu es dangereux et blessant.
- The last but not the least : va te faire cuire le cul.


A la bonne vôtre :)

mardi 5 septembre 2017

Amour, fusion, dépendance et troubles






"On" dit que la fusion c'est le mal, que ça n'existe qu'avec sa maman durant les 9 premiers mois de vie, qu'après le papa fait tiers et sépare, et que si on tente de fusionner à nouveau par après c'est PATHOLOGIQUE.

C'est ce que j'ai appris de ma soeur étudiante en psycho, des livres de psychanalyse que je lisais ado, de mes maigres cours de psy à l'école d'infirmière, de la bouche des psychiatres avec qui j'ai travaillé, et plus globalement qui m'ont "soignée".

Visiblement la recherche de fusion va avec la psychose, grosso merdo parce qu'on n'est pas fini-e-s, qu'on n'a pas de dedans et de dehors et qu'on emmerde les normalement nevrotiques et les soignant-e-s avec notre supposée avidité.

Bon. Mais moi je fusionne. Je vis une relation plutôt fusionnelle avec mon père, et une relation fusionnelle avec mon compagnon (mon amour donc)

Faut dire, oui, je suis dépendante, affectivement. Je me sens pas aliénée avec mon amoureux, je me sens complète, un sentiment de complétude que je n'avais jamais vécu auparavant. Il est mon étai, je suis le sien d'une autre manière. On ne s'engueule jamais, on ne fait pas tous ces trucs passionnels destructeurs qu'on voit dans les films et dans la tête des psy rigides.

En fait quand c'est consensuel la relation fusionnelle c'est très reposant.

Mais pour bien des soignant-e-s (pas les mien-ne-s actuellement je précise) c'est la mort, c'est vouloir retourner dans le ventre de maman pour y pourrir, c'est l'horreur, c'est mal. Il ne faut pas. Je ne sais pas faire autrement ? Peut-être, quasiment constitutionnellement, je ne peux pas ? C'est pas grave il faut pas, c'est pas normal, c'est pathologique. Iels ont une vraie obsession avec ça, iels pathologisent notre façon d'aimer. Comme s'il existait un mode d'emploi universel de la fucking Relation Saine.


Seulement ma tête elle est moyen saine, mon coeur lui obéit. Oui j'ai des troubles et je préfère les accompagner et vivre avec que de lutter contre et rester malheureuse toute ma vie, mais "normalisée" ce qui ferait surtout plaisir aux normauxles
C'est comme cette histoire de "se confronter au vide" qui nous serait absolument nécessaire à nous psychotiques. Se faire chier avec zero activité des heures durant, voilà ce qui serait bon pour notre hygiène mentale.

Oui j'appelle mon père trois fois par jour, oui je dépéris trop longtemps éloignée de mon Amour, oui je suis dépendante, oui je suis psychotique et malade bien que pas en état de maladie (pas en crise) ET ALORS.

Ça peut être envisagé comme une manière de vivre sa vie, pas comme un fonctionnement malsain. Et puis c'est paradoxal de dire "vous êtes psychotique donc vous ferez les choses contrairement à votre personnalité psychotique". Vouloir de toutes les personnes, psychotiques ou non d'ailleurs, qu'elles se conforment à un certain type de relations amoureuses ou familiale sous couvert de théorie largement psychanalytique c'est de la psychophobie, de l'intrusion, de l'irrespect et de la violence.

dimanche 13 août 2017

Addiction et caca

En tant qu'alcoolique je me suis ramassé la crème de la discrimination dans la gueule (et le reste du corps). Je ne sais même pas si les addictions se classent vraiment dans les troubles psychiques, ou neuro, ou comportementaux, sans doute les trois. Mais l'alcoolisme a pas vraiment bonne presse, surtout chez une femme (une femme qui boit houlala c'est vilain, sauf quand il s'agit de la violer où là c'est fort commode) Et mon alcoolisme fut trash, à acheter la bouteille d'alcool fort à paqs cher le matin, tmtc les regards des hotesses de caisse, des autres client-e-s, de soi dans sa tête.


Mais l'alcool m'a aussi fait faire bien de la merde. Je ne parle pas simplement de me ridiculiser en ayant bu, me vomir dessus/sur d'autres gen-te-s, me mettre en danger. Je ne parle même pas "seulement" d'avoir mis la vie d'autrui en danger en roulant bourrée, d'avoir blessé des gen-te-s en les engueulant bourrée, d'avoir été lourde sexuellement auprès de gen-te-s (aka le consentement c'est pas fait pour les grouik) : l'alcool rend drôlement con. Et dangereuxse.


Un des problèmes quand on est addict et l'alcool fait pas exception c'est quand il n'y en a plus. Et qu'on en veut, et qu'on ne peut pas tellement ne pas en boire. Soit parce que syndrome de manque physique, soit parce que craving (appel physique à boire venant de notre propre cerveau), soit parce que envie immense, et je parle d'un truc violent comme d'être séparé-e de son premier amour fou à l'âge de treize ans.
Moi dans ces moments là on croirait que je me clive, comme si une partie de moi était fort raisonnable et disait "ça te fera les pattes, il suffit d'en chier quelques jours/d'aller aux urgences mendier du valium" et une autre partie élaborait des stratégies des plus indécentes pour boire. Ca peut être voler 20€ dans le sac à main de maman (pardon maman)(parce que le probleme est parfois l'argent), ça peut être inventer des pipeaux pour se faire prêter de l'argent/offrir un verre. Et dernièrement ça a été la faire à l'envers à mon conjoint pour boire. Parce qu'il est mon compagnon, m'aime, et de ce fait ne supporte pas de me voir m'enquiller une bouteille de vodka en attaquant à 9h am. Donc boire en cachette. C'est "marrant" parce que ça me gênait moins de camoufler à mes vieux quand je vivais seule. Après tout je voyais ça comme ma petite manie, ma petite addiction que je me gère (étonnant comme on a toujours ou presque l'impression de bien gérer ses addictions) et beaucoup quelque chose que je fais seule (parce que marre de me faire violer dans les bars) et qui est à moi mon mien mon précieux rien ne nous sépareraaaaaa.
Alors c'est moche, c'est un peu babasse parce que bon, une bouteille de vodka derrière la cravate ça se voit, s'entend, se sent. Il y a un mécanisme au-deça de la raison et un truc impérieux à la "yolo, je vais me miner puis on verra bien après"

Seulement j'ai décidé que c'était ma responsabilité et d'arrêter de couiner que je suis addict et c'est pas moi c'est la bouteille. Parce que comme dit Lou Lubie dans Goupil ou Face "on ne choisit pas ce que l'on ressent mais on peut choisir ce que l'on fait" Alors certes parfois c'est vachement plus dur qu'à d'autres moments pour d'autres choses.  Mais je choisis.
Pour le point, après des entretiens avec une médecienne alcoologue très forte et écoutante, discussion avec mon aimé et moi-même j'ai décidé de tenter la conso raisonnable.
Sortir du secret.
Sortir de la "double vie" du double moi, de faire du caca avec du caca parce que je m'imagine que ceci, que cela, que pas grave, qu'incurable, que laissezmoitranquilleseuleavecmonproduit.
Je choisis d'être une femme adulte face à une difficulté, je choisis de gérer en fait. Ca marchera peut-être pas, je ferai ce qu'il faut pour.

Je me suis parfois posée la question de ma responsabilité, pour mes épisodes délirants et ce que j'en ai fait, pour mes comportements sous et sans alcool aussi. Je crois que c'est bien de prendre la responsabilité. A mon propre tribunal de dedans ma tête y'aura peut-être des circonstances atténuantes mais pas de vrai non lieu.Auto bienveillante mais prendre les rênes de ma vie. Agir ma vie et dans ma vie. Donc agir l'alcool, pas être agie par icelui.

jeudi 13 juillet 2017

Entrée dans la psychose

Alors j'ai lu le bouquin "Le fou et le mouvement du monde" d'Henri Grivois qui est psychiatre si j'ai tout bien compris. Il y parle de l'entrée dans la folie et du sentiment de concernement, moment clé selon lui où tout peut basculer ou pas vers ces terres étranges que constitue la psychose.

Alors de voix de concernée je veux parler et narrer mon expérience d'entrée dans la psychose à l'adolescence, et de ce long moment (un an peut-être) sans hallus, sans delire, sans symptôme productif ou symptomes construits, dans l'incomprehension et l'étrangeté.
Je ne me rappelle plus mon âge mais j'étais lycéenne, pas encore étudiante infirmière. Donc j'ai 17 ans ou moins. Moins, sans aucun doute, car je me souviens de mon été post bac comme d'un été lumineux où j'ai profité à fond, une parenthèse avant "la vraie vie des gens qui travaillent".
Je me souviens de moments où je errais "en ville" sans comprendre rien à rien. De ce sentiment d'inquiétante étrangeté concernant le monde  entier : j'avais perdu tous les codes. Impossible de savoir, à l'époque certainement pas, je ne mentalisais pas je vivais, j'expérimentais, et impossible à savoir non plus maintenant si l'angoisse massive précédait ces états où en découlait. Deux ados qui se tiennent la main ? Indéchiffrable, la jeune fille est assez grande pour traverser la route seule. Le sgen-te-s ne me voient pas, je suis comme dans une bulle et observe la population et le monde depuis un état au-delà ou en-deça (et tiens Grivois ton sentiment de concernement.
Croiser des potes ? Je ne sais plus leur parler, je ne sais plus que dire, que faire, comment. Je bafouille les mots sus par coeur et qui ont perdu toute moëlle, tout intérêt, tout sens "salut-ça-va? Moi-ça-va"
Les potes me disent alors "ça a pas l'air d'aller" et en effet ça ne va pas. Je parle d'outre tombe, d'outre monde, d'un espace et d'un temps modifiés où je demeure seule.
Je m'habille étrangement, pas atypiquement, pas comme un perroquet d'amazonie ou un déguisement : un jean trop court trop petit, un pull mal accordé qui fait bizarre, des chaussures qui sonnent étranges. Je m'en rends compte le matin mais je-ne-trouve-rien-d'autre tant mon champ de conscience et d'observation est altéré. Je vois comme par le petit bout de la lorgnette, je m'habille car je sais sans le comprendre vraiment qu'il le faut, avec ce que je trouve à tâtons dans l'armoire ou sur le sol. Alors on me trouve bizarre, je le sais sans le savoir. De ces experiences répétées, par phases de deux trois jours de temps en temps, je garde la capacité de reconnaitre un schizophrene dans cet état de visu, par le "truc qui cloche" dans la vêture : ça parait "normal" mais il existe un décalage, tout le flot de ce qui est évident et logique quand on s'habille est faussé.
Pa sde délire, pas d'hallus donc, du flou. Du flou et un jeu de miroirs déformants, de lunettes déformantes. Une angoisse sourde mais plombante, qui tord le coeur, et toujours cette question aujourd'hui : l'angoisse terrifiante tord elle les choses ou l'inquiétante étrangeté angoisse-t-elle ?
Un jour, le lendemain, le surlendemain, je suis "revenue". De ces périodes aussi je garde l'habitude de dire d'un-e usager-e en fin de crise psychotique "iel est revenue" "iel est pas revenu-e tout à fait bien". Moi je sais qu'on part ailleurs. On est étranger-e à soi et au monde mais en soi. L'intérieur et l'exterieur se floutent, sont perturbés. Je reviens, donc, et je mets des vêtements "qui votn bien". Un jean random, un tee shirt qui ne cloche pas, des baskets adéquates. Je me souviens de ma mère "ah, ça a l'air d'aller mieux". Je maintiens, pas qu'à ma tête, pas qu'à mon regard redevenu net et mes gestes moins lents, à mes haits "comme il faut" littéralement.
Je suis revenue je suis fatiguée et j'ai l'impression quel'intérieur de mon crâne est ce vieux chausson confortable dans lequel il est bon et familier de se glisser. J'aurai la même sensation en retour d'acide. Ma tête en forme cette vieille copine. Ô moi-moi-moi, ma psyché chérie. Mon moi intérieur.



Ces expériences se sont poursuivies pendant à peu près une année, parfois au lycée (on comprend celleux qui sont harcelé-e-s ou isolé-e-s du coup), parfois le we ou les vacances, dans la rue, parfois à la maison. Appel aux familles et ami-e-s, quand ma maman me demandait si ça allait, que ça avait pas l'air d'aller, que se passe-t-il, je répondais sincèrement "ça va, je ne sais pas". Mon enfance dépressive à dire "je ne sais pas" pour ma tristesse, une partie de mon adolescence à dire "je ne sais pas", la confusion. Je ne savais vraiment pas. Je ne cherchais même pas à savoir, je me questionnais peu, c'était juste comme ça. Je crois qu'alors je pensais que c'était dans l'ordre des choses et ainsi pour tout le monde, la vie quoi.

Ce n'est qu'après que son venus les troubles du comportement, puisaddictifs, puis délirants.

S'il vous plait, soyons gentils avec les jeunes psychotiques

dimanche 2 juillet 2017

Troubles schizo-affectifs, TCA et diététique

Ce n'est pas la première fois que j'aborde le sujet : les traitements psychotropes incitent à une prise de poids conséquentes - j'en prends des tas.
Actuellement je pèse 90kg environ et je continuais à prendre tranquillement, au rythme d'un ou deux kgs par mois.
Toujours en conflit avec moi-même, et avec mon corps, comme me le disait avec pertinence (lol) un interne en psy me recousant sans anesthésie, espérant probablement me réconcilier avec ma peau dans la douleur et sans xylocaïne, toujours en conflit avec ce corps étrange, donc, j'ai rencontré, par petits bouts, le body positivism. J'étais un peu réservée tout de même, les femmes magnifiques qui se prenaient en photo étaient... eh bien magnifiques, avec des grosses silhouettes mais en sablier, des nez fins et droits, de belles pommettes, des tatouages old school trop classe et les cheveux multicolores. Et des fringues waouh.
Moi j'ai pas trop de seins et surtout du ventre, une face des plus étranges et pas très gracieuse selon les normes, je peux pas me colorer les cheveux, mes tatouages ont bavé et j'arrivais pas à me saper, hashtag budget hashtag t'as de bons url ? Et surtout toutes ces meufs semblaient hyper fortes et sûres d'elles. Moi, bof.
Puis j'ai pris connaissance du mouvement fat acceptance, de la lutte contre la grossophobie, j'ai lu des autrices comme Daria Marx, ou Lau, ou Gabrielle Deydier et je me suis dit, à force : mais merde quoi, je me torture deux années sur trois juste pour entrer dans un 38, je reste affamée terriblement pour conserver ce poids - que m'impose la société et mon regard formaté par icelle- j'en ai ras de me maltraiter.


Ce préambule pour dire un peu où je me trouvais il y a un mois environ, par rapport à ma corpulence, au niveau personnelle et, politique dirais-je. Quand même, mon infirmière référente au CMP, C., qui est une soignante parfaite, me proposait de temps en temps de me peser, uniquement si je le souhaitait, et puis m'a appris que le CMP disposait dans son équipe d'une diététicienne, alors pour "faire le point, me stabiliser" j'ai pris rdv.

Vous ai-je déjà dit que ce CMP est une perle qui regorge de professionnel-le-s géniauxles ? (ou simplement normauxles et aidant-e-s, c'est plutôt presque partout ailleurs la stupéfaction)
Au cours de l'entretien, où ne m'a pas même été demandé mùon poids ni de me peser, j'ai appris (chose que tout mon entourage avait constaté sans m'en parler directement)que je souffrais de troubles du comportement alimentaire induits par mes troubles psychiques (comorbidité dirons nous) et au traitement.
Donc hyperphagie prandiale (beaucoup manger lors des repas - je ne ressens pas la satiété) et crise nocturne d'hyperphagie. Un grand classique m'a indiqué la diététicienne avec les neuroleptiques, ainsi qu'une appétence pour le sucré et de fréquentes "fringales". Mes périodes de restriction alimentaire, bien qu'alors tout le monde me félicite pour ma perte de poids et ma bonne forme, relèvent également des TCA (syndrome mannequin)
Depuis mon adolescence je varie entre une maigreur (45kg) et une obésité modérée (95kg) sur des cycles qui parleront peut-être aux lecteurices bipolaires : état maniaque/mixte/hypomanie = perte de poids conséquentes, fin de l'état dans le sang et les larmes = continuité de la perte de poids, hospitalisation ajustement du traitement, phase dépressive (un an minimum) = prise importante de poids, bouclage de la boucle avec retour à un état stable = reperte de poids aux alentours de 60kg et on reprend depuis le début.


Evidemment ces cycles infernaux ont bousillé mon métabolisme de base et je ne peux plus espérer accéder à la minceur sans me maltraiter, je ne le souhaite pas.

Maintenant je vois bien, empiriquement, que plein de personnes avec mon parcours de soins et de santé vivent les mêmes variations, le même type de TCA.


Je passe donc aux conseils de la dietéticienne pour limiter la casse, phase 1 : pour mes "casse-croûtes" (crises), ne pas me refrener en quantité mais privilégier jambon blanc, pain complet, fromage blanc avec canderel, surimi, blancs de poulets (legumes aussi). Noter tout ce que je mange sur un mois "pour que je puisse avoir une idée". Limiter tous les sucres simples (pain blanc je pense à toi) sauf pendant les repas. Tenter une stabilité de l'alimentation. Prendre un vrai petit dejeuner et un vrai déjeuner (diner pour les belges). La régularité est la clé.


Mes conseils perso pour se sentir mieux dans son corps passe par la vêture, alors faut avoir des thunes. Ce qui me grée mieux sont les robes coupes rockabilly (chez belldandy) et je shoppe principalement chez asos, pas forcément ligne Curve d'ailleurs (puisque les coupes dites classiques vont jusqu'à mon 46), Bonprix est un bon plan niveau budget, certains Emmaüs ou secours pop aussi ont de grandes tailles (les grands surtout), je vais aussi chez Forever21 qui a une ligne plus size mais si je me souviens bien les fdp, voilàvoilà.

La folle et Fort Boyard

En voilà une histoire qu'elle fait un peu de bruit dans le milieu des psychiatrisé-e-s et familles d'icelleux.
A raison.
L'épreuve de Fort Boyard, jeu d'équipe avec des célébrités traversant moult périples afin de gagner un pactole à remettre à une association (bonne initiative), nommée "la cellule capitonnée" (anciennement "l’asile") m'a marquée quand j'en ai eu vent et l'ai regardée.
La séquence que j'ai regardée aujourd'hui tôt, après avoir pris mes médications matutinales a été diffusée hier sur France 2.
Un des joueurs se fait passer une camisole couverte de petites boules pelucheuses, puis enfermer dans une cellule capitonnée. Il doit se frotter aux murs pour décrocher les boules et les placer avec les dents dans des tuyaux.
Malaise quand je me prends dans le cerveau le souvenir encore aigu, vingt ans après, de mes 15 jours de claustration en chambre "forte". Erreur me disent mes souvenirs. Si je n'ai pas été sanglée, erreur dans la conception de la chambre "capitonnée", la mienne ne l'était pas et ça faisait des bosses de se frapper la tête contre les murs. Erreur, il n'y avait pas de cuvette de WC, mais un simple seau où pisser et chier. Erreur dans les tags aux murs, je n'avais pas droit aux marqueurs, crayons, stylos, non plus qu'à de simples livres a couverture souple. Et on s'ennuie H24 entre 4 murs sans compagnie qu'un infirmier dix minutes trois fois par jour pour le plateau repas prédécoupé qu'on mange par terre.
Et en vingt ans les conditions de contention se sont plutôt durcies.
Les souvenirs affluent : l'hôpital psy insalubre, les chambres à trois lits, les pyjamas bleus, les soignant-e-s jamais là, les patient-e-s pervers-e-s ou désespéré-e-s, en conditions carcérales, qui prédatent et trafiquent. Mais aussi lieu d'asile au sens noble, le lieu qui m'a permis plusieurs fois de ne pas mourir.

Mais de quoi serais-je morte ? De trop d'alcool, de trop de toxiques, de trop de cette automédication désespérée. De trop de souffrance, de trop de solitude, de trop de TS qui un jour se réussissent, de cette détermination à crever couplée à ce devoir-vivre, ce vouloir-vivre féroce qui toujours tient, quelque part.

Je serais morte de la discriminations, de la société qui veut éliminer les anormaux qui ne peuvent pas se corriger, cette discrimination qui prend racine dans la culture populaire, dans les légendes urbaines, dans des images telles que celles que j'ai vues, ce matin, tôt, juste après ma prise de traitement. L'image d'un fou, furieux, qui "marche sur la tête" (la cellule tourne sur elle-même, la caméra restant fixe, donnant l'impression que le "fou" marche sur les murs et au plafond) Je serais morte de ce que mon père croit encore que l'asile et les fous c'est comme ça. Je serais morte des comptines des enfants biberonnés à la télé qui croient que l'HP et les fous, c'est ça.

Mais je serais pas morte de pas en rire. J'en ris, de ma folie, même mes rares voix parfois me font des blagues fort à propos. Je ris d'absurde de situation, je ris de kafkaïsmes administratifs et hospitaliers qui touchent au grotesque et nous broient chaque jour. Je sais me divertir, je chante, je lis, je ris, j'échange, avec des fous, avec des normaux.

J'aime rire et me divertir, j'aime plaisanter de sujets graves, tant que je suis concerné-e directement par cette discrimination, je n'aime pas me moquer méchamment de celleux qui souffrent, je n'en peux plus que nous fous soyons encore les sujets de blagues niveau carambar ou facholand, que nos souffrances et nos conditions de "détention thérapeutique" soient un sujet de divertissement.


Je nous épargne la comparaison avec d'autres types de souffrance dont presque personne ne rit, le rire c'est la politesse du désespoir parait-il, ce qui n'autorise pas les personnes qui ne sont pas désespérées à en faire usage aux dépens de celles qui le sont.

Cette épreuve de Fort Boyard est stigmatisante, autant pour les usager-e-s de la psychiatrie que pour les lieux de soin et les soignant-e-s qui essaient souvent frénétiquement de faire leur taff dans des conditions austères de merde, elle est insultante, elle est "trigger" (elle ravive un traumatisme), elle n'a rien à foutre sur une chaine de service public dans un programme destiné en partie à la jeunesse.

jeudi 18 mai 2017

Les psychiatrisé-e-s et la normativation de l'expression de la souffrance

Il s'avère que je vis une rechute dépressive et alcoolique. Cela a surtout été aigu ces derniers jours, les causes peuvent en être multiples : juste la vie de mon cerveau, une modification de traitement voilà 4 mois, vivre à mon tour en soutien de mon compagnon qui traverse un burn-out (un état dépressif donc) depuis un an.
C'est ce dernier point qui a surtout été douloureux ces derniers temps, entre le sentiment d'impuissance saisissant, l'absence psychique même en présence, la peine de voir l'être aimé souffrir. Ce sont là des réactions classiques et assez typiques de ma part, m'a rassurée mon infirmière référente.
Il est à noter que mon conjoint ne souhaite pas se médiquer - ni rencontrer un-e soignant-e specialisé-e pour poser un peu sa souffrance. Cela est son choix que je respecte, c'est sa tête, son psychisme, sa vie et sa souffrance.

De mon côté qu'avons-nous ? Une personne, une femme (cis) (je crois que c'est important) avec troubles schizo affectifs tendance dépressive, médiqués et psychiatrisés depuis une vingtaine d'année. Une femme fatiguée, qui se remet à consommer de l'alcool d'abord par pulsion, puis comme automédication, puis parce que plus le choix.

Oui mon aimé a entendu ma peine, le manque d'attention dont je me sens (à tort ou à raison mais visiblement à raison) dépérir, ma lutte quotidienne et archi fatigante pour ne pas prendre pour moi la multitude de petites remarques dues à l'irritabilité dépressive de mon conjoint. Il ne pouvait rien y faire visiblement, ce n'est pas la fête pour lui non plus.
Mais la réponse a été de m'enjoindre à voir rapidement mon médecin psychiatre
Ce que j'ai fait par ailleurs avec un doublement de mon traitement antidepresseur. De femme fatiguée qui avec sa particularité souffre de manière aigue d'une situation extra-ordinaire sur la durée, je suis passée à personne malade devant corriger de mauvais penchants par des soins chimiques.

Frères et soeurs en folie vous voyez ce dont je parle. Les fucking injonctions
"prends tes cachets"
"tu n'es pas en colère c'est ta maladie qui parle"
"parles-en à ton psy"
"il faut corriger ça"
Nos souffrances peuvent être massives (vmvc). Elles durent. Elles ne s'expriment pas joliment par de longs poèmes tristes et beaux sous la pluie. Il y a de l'alcool (ou autre), des larmes avec de la gnare et du spasme du sanglots, des reproches parfois, des cris, des comportements plus ou moins "choquants". On n'est pas des beauelles, on correspond pas à l'image romantisée du fou. Surtout les femmes parmi nou-e-s je crois, qui sont fantasmées très minces, très introverties, très languides. Aura de la mélancolie, de TCA hyper fantasmées et romantisées, de la meuf qui se suicide par amour (sans abimer son frele et beau corps)
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier disait Stieg Dagerman. Cependant d'une part, là où nous cherchons les bras chauds de la consolation souvent nous trouvons un renvoi vers les froides clés à mollettes psychiatriques pour "réparer" "to fix" "arranger" notre cerveau (et nos personnes mêmes) d'autre part une terrible silenciation d'émotions légitimes vise à nous normaliser et à nous faire taire.

Nous fousolles sommes déconsidérés, parfois même infantilisés ou animalisés (consigne entre Infirmier-es de ne pas se contredire devant un-e usager-e de peine de lae perturber, comme on le dit en éducation face à de petit-e-s enfant-e-s, de notre besoin de cadre comme si nous étions en cours d'éducation, ou de dressage, de ne pas nous mentir parce que "ils le sentiraient" sic, entendu plusieurs fois)
L'expression et l'intensité atypiques de nos émotions semble invalider pour la masse des normauxles leur légitimité. La psychophobie s'exprime alors à plein, sous forme de peur, malaise, rejet, souvent bien policés et présentés comme conseils bienveillants. Ce paternalisme doublé de froideur réactive nous fait dépérir chaque jour plus.

Je prends deux fois plus de paroxetine pour que mon conjoint supporte ma réaction à son état que par ailleurs il ne traite pas.

mercredi 17 mai 2017

"Tu es très courageuse"

On m'a -très- souvent dit que j'étais "très courageuse" face à ma maladie psy.
Je suis tellement courageuse que je peux passer des mois sans me laver ni sortir de chez moi.
Je suis tellement courageuse que face à ma maladie j'ai essayé de mourir six fois.
J'en parlais une fois avec un ami qui était mucoviscidosique. Il n'était pas plus courageux que moi (ts en moins)
Les gen-tes... C'est juste qu'on n'a pas le choix.
C'est juste que la survie, le devoir-vivre nous pousse.
C'est juste qu'on a eu de la chance (de rencontrer de chouettes personnes, d'avoir eu un lieu de soin pas trop pourri, de pas avoir pris la "bonne dose" de medocs)
Dire qu'on est très courageux c'est dire qu'on est tout le temps, consciemment, et en plein consentement partant pour vivre et aller mieux, c'est dire que c'est toujours souhaitable pour nous, c'est dire aussi, mine de rien, qu'on a le choix entre la maladie et aller bien. Et qu'on a choisi d'aller bien. Parce que personne ne m'a jamais qualifiée de très courageuse dans des moments où j'allais très mal. Non là on me considère comme faible, gênante, devant se secouer, hashtag mes ami-es qui m'ont laissée parce que "je peux rien faire elle veut pas aller mieux"
Ca va aller le double discours ? Donner des tapes dans le dos de gen-tes qui vont bien en leur disant bravo, t'as réussi (??? à quoi au juste) c'est aussi leur dire qu'ils le pouvaient, qu'ils ont consciemment et à la force de la volonté travaillé pour aller mieux.
Alors certes on y travaille toujours, plus ou moins. Spoiler : personne aime souffrir la torture et personne aime aller mal hein. Mais simplement très souvent aller mieux on n'y peut rien, la volonté mon cul en papillote ça existe pas (ou alors dites aux gens fracturés de se lever et de marcher, marcher c'est de la volonté aussi) et recouvrer la santé est un ensemble defacteurs qui ont peu avoir avec le courage.
Donc tes compliments... garde les pour quand je vais très mal et me sens comme une merde.
Merci bisou merci

dimanche 2 avril 2017

Nou-e-s les "toxiques"






Je me suis questionnée ces derniers mois. Ces dernières années même. J'ai appris que les gen-te-s normauxles pouvaient mettre fin à une relation amoureuse alors qu'ils sont amoureuxses encore mais avec des projets incompatibles. Et ce dans le calme, malgré le chagrin. Je sais depuis longtemps que dans toute famille, même de l'apparence la plus normaée avec même le sourire qui brille il y  a des squelettes dans le placard. Je me suis rendue compte à quel point, chez les normauxales, un membre de la famille est écarté voire rejeté car iel s'écarte de la norme psychique, cisgenrée, heterosexuelle ou romantique, mais aussi simplement car ce membre de la famille s'écarte de la norme sociale au sens le plus ténu. Et j'ai entendu, sur MadmoiZelle (flemme de chercher le lien) comme un peu partout qu'il fallait se défaire de ses relations "toxiques", "qui pèsent", "qui n'apportent rien".

Je voudrais revenir sur ce modèle là de rejet qui semble épidermique, naturel et sensé, alors qu'absolument pas. Quand on essaye de le penser et de le dire. Je ne parle ici as de relation abusive, de mauvais traitements physiques et/ou psychologiques. Je parle de "la personne toxique" souvent pointée du doigt, lae dépressifve "qui ne fait rien pour s'en sortir", "qui se plaint tout le temps" et sa cohorte de préjugés sur "iel devrait voir un psy" (ah bon, t'en connais un bien, qui ne soit ni maltraitant, ni indifférent, ni hors de prix, ni qui te met sur liste d'attente six mois ? Tu m'intéresses), "iel ne fait rien pour aller mieux" (si), "depuis le temps iel ne fait que se plaindre" (conseil : dis-lui d'aller mieux c'est magique. Non), "iel doit se complaire dans le malheur" (comme... comme personne en fait. Spoiler : souffrir ça fait mal, et on ferait tout pour que ça cesse, simplement tout parfois déjà c'est pas beaucoup et bien souvent c'est pas assez), "je n'ai rien en retour"


Cette dernière phrase cliché surtout me met aujourd'hui en colère. Ce sont tou-jours les normauxales qui exigent "quelque chose en retour". Information : un état dépressif (et autres troubles psy) met du temps à guérir, il n'y a pas toujours de cause qui saute aux yeux, ça peut simplement être la neurochimie qui fait des blagues de mauvais goût et bien des personnes "ne réagissent pas" ou "échappent" aux traitements antidépresseurs (deux formules de psychiatrie qui redisent bien ce que dit le discours normatif, que l'usager-e est coupable de ne pas guérir, iel "résiste aux traitements", ce n'est pas la maladie qui est résistante, lea malade est actifve dans l'échec thérapeutique chimique, et quand on gratte auprès des soignant-es c'est sans doute pour une raison psychanalytique du même ordre : ne veut pas guérir, érotise sa souffrance, "met lea soignant-e en echec")(ce n'est jamais le côté soignant qui est en échec donc, comme si les traitements, même actuels avec les progrès, n'étaient pas lourds, blindés d'effets secondaires de merde et pas efficaces sur tout le monde. Quant aux personnels, je n'ai connu dans toute ma vie de malade que deux qui m'aient directement demandé si je trouvais qu'iels étaient de suffisamment bon-nes soignant-es pour moi et donc si j'acceptais la suite des soins à leurs côtés. Autrement, en cas d'echec j'en étais responsable, en cas de rémission iels se félicitaient)

Ce sont donc, disais-je, toujours les normauxales qui exigent quelque chose en retour. Qu'une relation soit "équilibrée", "symétrique". C'est déjà penser qu'un-e humain-e en souffrance n'apporte rien. Alors que j'ai rarement connu autant de soutien et de bienveillance que sur les groupes d'autosupport NA. Ca donne l'image de la personne en dépression comme un boulet, geignard, lourd, pénible et complètement autocentré.

Pour mes ami-es je ne dis pas, certain-es ont été là. Mais sinon... De mon expérience, ce sont les normauxales qui s'écoutent, qui veulent être écouté-es, pour des problèmes de vie quotidienne d'enfants pas sages de mari pas tendre de copine dépressive (une autre sans doute) et les normauxales n'ecoutent pas, iels disent (vécu jusqu'à ce que j'arrête de me confier forever) "appelle-moi quand tu veux". Ce qui est une manière de dire "ta gueule" en se donnant bonne conscience. On te demande pas ton numéro de téléphone nom de nom on te demande quinze minutes d'écoute maintenant. Tu es mal à l'aise tu sais pas quoi dire, souvent y'a rien à dire, c'est toi qui n'apporte rien. Peut-être dans un autre billet reviendrai-je sur des conseils pour soutenir des gen-tes qui sont en depression (malgré la variabilité, mais partager un repas, faire un hug si la personne est tactile, ou juste fermer sa bouche et recevoir) mais c'est d'une violence rare de nos traiter de monstres comme je l'ai si souvent lu "vampires". C'est pas non plus par réel choix qu'on vous sollicite. Imaginez-vous vous péter une jambe, et puis aux urgences on vous dit "vous avez un orthopediste, moi je m'occupe pas de ça le week end, parce que bien sur c'est le week end que vous vous fracturez, attendez lundi et allez voir votre généraliste", votre généraliste ne veut pas vous "morphiniser de suite" et vous propose de vous mettre au yoga bon pour la posture et d'en parler avec des joggers, vos proches vous conseillent de simplement marcher "moi je le fais tous les jours et c'est de plus en plus facile ! Le tout c'est la motivation :) "

On est rejeté-es par x% du corps médical, et psychosocial, on souffre d'une maladie grave et tout le monde s'en branle, alors si vos ami-es vous trouvent boulets, là, avec votre jambe pétée a jamais vouloir aller au ski sans faire d'effort et pleurer et grimacer tout le temps et vous traite de vampire à jamais porter les courses des copin-es alors que elleux sont allé-es vous chercher un verre d'eau.


Donc les appels à "dépolluer" (sic) "assainir" (sic) les relations... Je trouve cela hyper fascisant et hygieniste mentalement.


De ce qu'on en sait si l'Huamin a prospérer c'est bien parce que l'espèce humaine n'abandonne jamais les blessés, c'est le fondement de la société, qu'aussi ceulles qui teinnent la route aident ceulles qui le peuvent moins. Ou alors on est toustes de gros-ses winneurses, sinon on crève.


"N'avoir que des relations épanouissantes" (sic), sous cet angle là, c'est dire "marche ou crève, je m'en fous je suis du bon côté de la domination"

dimanche 22 janvier 2017

Syntonie et cyclothymie

Lors de l'entrtien di hebdomadaire avec "mon" infirmière du CMP", celle-ci m'a appris le terme de syntonie. Je décrivais mes réactions en miroir face à l'inquiétude d'autrui pour moi (être inquiète pour elleux de la même façon, avec possiblement une escalade en miroir de l'angoisse)
En physique la syntonie est une égalité de fréquence (en qualité et intensité) entre deux circuit. Par extension en psychologie elle désigne le fait d'être totalement en acord avec l'ambiance devant laquelle on est. Elle a été décrite par Bleuler et Jung, avec une louche de psychanalyse dessus, comme étant typique de la personne cyclothymique (et extravertie)

Pour moi concrètement elle s'exprime en un mix d'empathie, absorption dans l'émotion que me présente l'autre, et alimentée et déformée par ma projection constante.
C., mon infirmière, me dit que c'est typique de mes troubles - en cela je ne sais si elle pense à troubles schizo affectifs ou bipolaires type I, les deux comportant cependant une humeur cyclique.

Sans avoir de mot ou de concept à poser sur ce phénomène (je disais "éponge" ou "hyperanxieuse" ou je parlais de mon "radar constant" me rendant plus ou moins consciemment perpétuellement à l'affut de l'humeur de l'autre et de ses moindres possibilités de changement), je lutte contre depuis une bonne dizaine d'année. Remettre les choses à leur place, ne pas me sentir "contaminée" par l'ambiance, ne pas "me sentir agie par l'autre" comme me disait une de mes psychiatres quand j'avais vingt ans.

Pour moi l'humeur d'autrui ressemble à un lance-moi. Je la suis je m'y conforme, une humeur dynamique si elle ne me fatigue pas m'enivre et me booste, je me lance sur des rails (le temps que cela dure). A contrario je suis surtout sensible à des mouvements d'humeur, colère, agacement ressenti, que je vis comme éminemment menaçants. De part mon histoire et ms troubles j'ai une énorme tendance à me placer dans le désir des autres pour m'y conformer.

On voit que tout cela - syntonie, besoin de "plaire" (de ne pas fâcher), troubles projectifs et interprétatifs (psychose) - forme un gloubi boulga de réactivité aux autres.

Ce sont les outils comportementaux-cognitivistes qui m'aident le plus pour tenter de désamorcer cela. Et pour moi tout le challenge est au final de me décoller de moi pour mieux être moi. Défusionner. NOn, les réactions, humeurs, paroles des autres ne me sont pas toutes adressées (je dois faire l'effort conscient tout le temps pour prendre de la distance). Oui, je suis, et mes désirs ont autant de légitimité que ceux de proches, dans les limites de la réalité. Non, les autres ne sont pas forcément syntones à ma façon et ne seront pas forcément blessés/en souci/flippés de mes humeurs tristes ou préoccupées.

Je travaille beaucoup cela dans ma vie de couple (avec cohabitation) et j'ai la chance d'avoir un compagnon calme et rationnel bien que sensible, qui me permet, même sans mot exprès, de me réassurer.

Je reste perplexe devant la théorie de CG Jung qui attribuaitla syntonie aux personnes extraverties (peut-être devrais-je le lire pour avoir une idée plus fine de son propos), visiblement elle est souvent vue comme se mettre à l'unisson, totalement et sans distance, de l'ambiance (positive)

A noter que ce symptôme est sans doute amplifié par mon HP récemment diagnostiqué (diagnostic dont je ne sais trop quoi faire)

dimanche 8 janvier 2017

Mes dents de psychotique






J'ai de mauvaises dents depuis que j'ai des dents, il y a là un facteur génétique. Malgré des soins dentaires rigoureux drivés par ma mère durant mon enfance, brossages minutés, complément de fluor (oui... 1980), fil interdentaire, consultations de dentisterie et orthodontie, etc, mes dents ne cessent de se carier.
J'ai remarqué au cours de ma arrière infirmière que les usager-es dont j'avais la charge, qui étaient psychotiques, surtout de forme "déficitaire" (dépressive... abrasée par les neuroleptiques) avaient une dentition très problématique, ce que je mettais sur le compte d'un défaut d’hygiène buccale, et puis j'ai remarqué comme patiente que mes dents continuaient à se carier, notamment sur les collets (entre "la dent" visible et la gencive), que je ne sentais pas la douleur sauf en cas d'abcès et de névralgie caractérisée, ce qui amenait à des soins lourds et des extractions faute de soins précoces (rapport à mon corps du aux troubles, antipsychotiques lourds) et aussi qu'en HP j'étais super mal soignée pour cela.
LOLMDR
En HP je n'avais accès à aucun soin dentaire. Sauf un doliprane et du bain de bouche, et une fois des antibio par la "médecine somaticienne" après que mon abcès signalé ai pété tout seul. Pourtant je fais partie des usagères qui verbalisent, qui savent dire, qui socialisnet très bien, qui savent "se tenir sages" sous la roulette etc, bref, on va dire le haut du panier pour des soins bucco-dentaires.
En HP j'ai aussi bien sûr rencontré nombre d'autres usager-es psychotiques, avec les mêmes problèmes dentaires que moi, dont un bon nombre avec une bonne hygiène de la bouche et des dents.

J'ai posé la question à mon dentiste, et puis j'ai lu