Hello les p'tit-e-s chat-te-s,
Bon je vais être hospitalisée 15j en service addicto d'un HP, pour sevrage physique alcoolique puis du valium subséquent au sevrage alcoolique, et me mettre un peu au vert (effondrement d'état mixte, me soulager de l'intendance, etc)
Donc j'ai fait ma valise (je pars demain matin à 8h) Et rien qu'en faisant ma valise ùme sont revenues en masse toutes les violences sexistes et sexuelles vécues en HP et/ou alcoologie.
Attention, je ne dis pas que les fols ou les toxico-alcoolo dependant sont plus prédateurs que les consommateurs occasionnels. Mais en addicto 85% de la pop est mâle et cis et la promiscuité et la claustration aidant, on se fait prédater (comme dans la rue, à la maison, dans le métro, au jardin public, en diner de famille...) et ce qui est folfolfol c'est que le "cadre de soin" empêche d'y répondre comme mon évolution militante me le suggère actuellement.
Alors mon positionnement actuel c'est : une violence égale une violence. En gros c'est "ta main sur mon cul ma main dans ta gueule".
Or, dans un cadre de soin lors d'un contrat librement consenti (comme "tu signes ou tu te casses) les violences sont proscrites. Donc si un mec me met la main à la chatte et que je lui mets ma main dans la gueule je risque d'être exclue du milieu de soin.
Parce que il faut "communiquer", il faut surtout "comprendre" (on me le demande d'autant plus que j'ai un bon passing, un passé d'IDE psy et que globalement je me tiens) e t"en référer aux soignants et surtout au médecin qui prendra des mesures"
La seule et unique fois où je l'ai fait le docteur s'est montré choqué des propos, n'a pas exclu le gars et moi j'ai été menacée pendant les 15j suivants de mon hospit. Cool. Parce que en milieu HP si tu "dénonces" t'es une balance et t'es de "leur" côté. C'est dû au côté carcéral de l'HP (claustration, promiscuité, traffics de tous genre legitimes ou pas entre usager-e-s, mode d'auto defense contre le cadre rigide et souvent maltraitant des soignant-e-s)
Je me rappelle aussi qu'en HP une fois je portais un treillis avec pressions sur le côté qui sautaient selon mes postures et qu'une infirmière m'a enjoint de me changer parce que "quand même il y a des messieurs ici". Donc ouais ça laisse des traces. Donc ouais au moment de poser une (UNE) jupe dans ma valise j'ai hésité. Parce que les zommes seront toujours plus protégés de la vision de mes jambes en collant opaque que moi de leurs remarques et gestes degueulasses.
Je me rappelle du mec qui a insisté pour venir dans ma chambre, pour m'embrasser, pour "faire l'ampour, sisi j'ai des capotes" alors que c'était juste un pote (omg salope que je suis je l'ai friendzoné) Je me rappelle des demandes incessantes pour tailler des pipes, contre une cigarette, contre un café, contre rien, à 5h du mùat dans la salle fumeur. Je me rappelle des soignant-e-s qui me disaient que bon "c'est sa maladie". Alors que les mecs leur proposait jamais ça à elles donc ils devianet bien avoir conscience que c'est inapproprié.
Je sais que je me tire des plans sur la comète, que j'angoisse. Par ailleurs je me suis toujours bien entendue avec les toxico dependants en HP (souvent des mecs cis avec troubles de personnalité borderline, lâchement appelés pevers ou psychopathes alors qu'ils l'étaient moins que les encadrant-e-s) C'est des gros mogwai fourrés à la guimauve en vrai. Juste ils kiffent l'hero. Et si (c'est arrivé et j'ai accepté) iels te demandent vingt balles pour acheter du neocodion en ville, ils t'en filent une plaquette sans penser que bad idea (la pk de neocodion moi ça me donne la gratte et le trismus donc je le leur laisserai dorenavant)
Je sais juste que y'a 99% de chance que je vive des expé sexistes et des violences, que je pourrai pas me défendre raisonnablement "à cause du cadre" et que merde, les soignant-e-s en HP, revisez vos bases question violences faites aux femmes.
mardi 27 novembre 2018
samedi 24 novembre 2018
Perdre un proche dans ma psychose
Alors voilà un an presque jour pour jour mon père est mort d'un cancer foie/pancréas. C'est allé très vite entre le diagnostic et le décès (six semaines)
J'avais des relations fusionnelles et compliquées avec lui depuis toujours. Quand ma mère s'est séparée de lui, j'avais huit ans et il a été si depressif pendant deux ans qu'il n'a "pas pu vous aimer ta soeur et toi". Je l'ai compris bien sur quand il me l'a dit 20 ans plus tard mais sur le moment j'étais juste une gamine avec aucun recul sur rien et j'ai été très dépressive à mon tour.
Mon daddy a mis vingt ans et moi aussi à ce qu'on puisse se témoigner de l'affection autrement qu'en donnant/recevant de l'argent (lui m'en donnant), mais bien pendant dix ans on a pu se faire des câlins et se dire qu'on s'aimait. On a beaucoup progressé tous les deux.
Il avait ses défauts, bourru, gueulard, islamophobe dans des affects de haine, très psychophobe, envers moi aussi et plusieurs fois ça a failli partir à la baston. Mais il m'a toujours soutenue, recueillie quand j'ai été à la rue, me donnant du fric que je depensais dans des conneries pour pas que je finisse à la rueet, vraiment présent, même quand il devait se lever pour taffer à 4h30 et que je l'appelais à 2h am parce que j'allais vraiment pas bien.
On était fusionnel, on s'appelaitplusieurs fois par jour dès qu'il a été à la retraite.
Je me rappelle du jour où ma mère me ramenait de Caillac où j'avais décompensé un état catatonique et la Haute Savoie. Je m'qinuiétais pour lui me disant qu'il allait se suicider de me savoir mal à nouveau, par désespoir. Et il avait disparu soir et matin. Bref j'ai lancé l'alerte dans la famille et il avait fait une dissection aortique et était en réa cardiaque à Annecy. Malgré mon état (j'étais nebuleuse, plus catatonique mais hyper bizarre, avec un regard fixe et des larmes), dès que j'ai été dans sa chambre j'ai été "normale". Je l'ai salué, embrassé, expliqué que mon état etait moins grave que "les autres fois", j'étais complètement adaptée et sans plus de signe de ma psychose jusqu'à mon depart (vers l'HP)
En fait j'ai été très calme durant sa maladie puis sa mort. Il a pu mourir à la maison de la manière dont il le souhaitait, avec son chat (que j'ai promis d'adopter "au cas où ça se passe mal")(il est maintenant mon frère près de moi) et on a toustes accepté ses souhaits 'arret des soins, tranquilité, manger tout ce qu'il voulait/pouvait manger)
Mais moi ça faisait cinquante ans que je l'imaginais mort chaque jour. Que j'avais peur de le perdre. Que dès qu'il répondait pas au téléphone dans la minute je me disais "omg il a eu unn accident il est mort" Donc son décès dans la réalité a été plus smooth peut etre que pour les autres membres de la famille qui n'y avaient jamais pensé. J'ai pu passer du temps avec lui, lui prendre longuement la main, lui dire tout mon amour, on za pu regler les choses pas dites...
Ce n'est que ce 18 novembre, un an pile, que ça a vraiment dezingué. Il me manque trop je pense à lui tout le temps, je lui aprle. Et là, premier anniversaire... accès mixte, reprise de l'acool après un dur sevrage à la maison, cure prevue, immense fatigue.
Mais peut-être que nous schizo vivons tellement de deuil et de mort au quotidien que nous sommes moins "choqués" opar la mort en réel. CE qui est dur est la séparation. Et nous vivons aussi tellement de séparation en nous depuis toujours que nous y sommes "habitués"
Arvi Daddy
J'avais des relations fusionnelles et compliquées avec lui depuis toujours. Quand ma mère s'est séparée de lui, j'avais huit ans et il a été si depressif pendant deux ans qu'il n'a "pas pu vous aimer ta soeur et toi". Je l'ai compris bien sur quand il me l'a dit 20 ans plus tard mais sur le moment j'étais juste une gamine avec aucun recul sur rien et j'ai été très dépressive à mon tour.
Mon daddy a mis vingt ans et moi aussi à ce qu'on puisse se témoigner de l'affection autrement qu'en donnant/recevant de l'argent (lui m'en donnant), mais bien pendant dix ans on a pu se faire des câlins et se dire qu'on s'aimait. On a beaucoup progressé tous les deux.
Il avait ses défauts, bourru, gueulard, islamophobe dans des affects de haine, très psychophobe, envers moi aussi et plusieurs fois ça a failli partir à la baston. Mais il m'a toujours soutenue, recueillie quand j'ai été à la rue, me donnant du fric que je depensais dans des conneries pour pas que je finisse à la rueet, vraiment présent, même quand il devait se lever pour taffer à 4h30 et que je l'appelais à 2h am parce que j'allais vraiment pas bien.
On était fusionnel, on s'appelaitplusieurs fois par jour dès qu'il a été à la retraite.
Je me rappelle du jour où ma mère me ramenait de Caillac où j'avais décompensé un état catatonique et la Haute Savoie. Je m'qinuiétais pour lui me disant qu'il allait se suicider de me savoir mal à nouveau, par désespoir. Et il avait disparu soir et matin. Bref j'ai lancé l'alerte dans la famille et il avait fait une dissection aortique et était en réa cardiaque à Annecy. Malgré mon état (j'étais nebuleuse, plus catatonique mais hyper bizarre, avec un regard fixe et des larmes), dès que j'ai été dans sa chambre j'ai été "normale". Je l'ai salué, embrassé, expliqué que mon état etait moins grave que "les autres fois", j'étais complètement adaptée et sans plus de signe de ma psychose jusqu'à mon depart (vers l'HP)
En fait j'ai été très calme durant sa maladie puis sa mort. Il a pu mourir à la maison de la manière dont il le souhaitait, avec son chat (que j'ai promis d'adopter "au cas où ça se passe mal")(il est maintenant mon frère près de moi) et on a toustes accepté ses souhaits 'arret des soins, tranquilité, manger tout ce qu'il voulait/pouvait manger)
Mais moi ça faisait cinquante ans que je l'imaginais mort chaque jour. Que j'avais peur de le perdre. Que dès qu'il répondait pas au téléphone dans la minute je me disais "omg il a eu unn accident il est mort" Donc son décès dans la réalité a été plus smooth peut etre que pour les autres membres de la famille qui n'y avaient jamais pensé. J'ai pu passer du temps avec lui, lui prendre longuement la main, lui dire tout mon amour, on za pu regler les choses pas dites...
Ce n'est que ce 18 novembre, un an pile, que ça a vraiment dezingué. Il me manque trop je pense à lui tout le temps, je lui aprle. Et là, premier anniversaire... accès mixte, reprise de l'acool après un dur sevrage à la maison, cure prevue, immense fatigue.
Mais peut-être que nous schizo vivons tellement de deuil et de mort au quotidien que nous sommes moins "choqués" opar la mort en réel. CE qui est dur est la séparation. Et nous vivons aussi tellement de séparation en nous depuis toujours que nous y sommes "habitués"
Arvi Daddy
mardi 20 novembre 2018
Handie psy avec du fric
Ce billet pour montrer les différences de traitement que j'ai connue en ayant ou pas du fric dans la vie quotidienne.
J'habitais à Thonon (74) ville bourgeoise très classiste avec beaucoup de mépris de classe (et la froideur que revendiquent elleux-même les savoyard-e-s)
J'ai souvent eu "peu de thunes". Soit parce que j'avais moins salaire d'infirmière (1700€ on va dire en fin de carrière) mais étais mega endettée, soit sous curatelle ( 60€ de liquide par semaine... je sais c'est beaucoup tous autres frais payés) et puis avec 700€/mois sans APL en payant un loyer de 400€ et les charges, puis avec 700€ en vivant chez mon conjoint donc avec charges minimes (mutuelle, essence et assurance de mon scooter) Puis avec 1000€/mois de pension de retraite en étant logée (je sais c'est énorme... Mais j'étais toujours à la banque X auvergne rhône alpes... et 20€ de découvert non autorisé iels pardonnent pas, c'est agios, taxes de dossier pour un sms automatique envoyé etc)
Mon papa me payait beaucoup. Je suis très dépensière et/ou sujette aux achats compulsifs, surtout alcoolisée ou en hypomanie (inhibitions envolées) Donc en gros je suis toujours fauchées. ET Papa payait mes dcouverts. Il gueulait il tempêtait (il avait riaosn, mais il comblait les trous et ça a représenté BEAUCOUP d'argent.
Il fut un moment ou suite à la perte (méritée) de mon permis B j'étais au chômage à toulouse, sans droit à rien car fonctionnaire en dispo pour convenance personnelle, et pes en etat de taffer (état maniaque puis melancolique). Donc oui avec san on a connu les longues semaines sans bouffer que des flocons d'avoine a l'eau chaude, sans clopes, sans rien. Et c'est papa qui m'a rapatriée chez lui, nourrie, logée, blanchie, payait mes bieres alors que je replongeais dans l'alcool, me chouchoutait, m'engueulait, menaçait de me foutre dehors, acceptait de me donner 100 balles pour que je me rachete des fringues chez Tati alors que du 34/36 je passais au 40/42.
Et puis Papa est mort. Je lui consacrerai un billet. Et d'un coup j'ai eu beaucoup d'argent. En premier, 47000€ sont venus sur mon compte. Je me disais miyonaire. Et TOUTES les portes se sont ouvertes, et TOUT a été plus facile
J'ai ouvert un compte dans le sud ouest, au CA. Mon banquier etait cool, et pas méprisant, et etait issu de milieu rural comme me le disait son "ça depend où que vous allez placer l'argent"
Avoir du fric c'est en économiser. Avoir du fric c'est ton banquier qui te fait sauter les agios quand t'es a decouvert, plutot que de te taxer plus frais de dossiers plus blocage du compte plus frais d'huissers donc 500 balles au final, pour 20 euros qui debordent. Avoir du fric c'est avoir l'emprunt facile. Aujourd'hui 5000 euro pour ma pomme à 1 et des brouettes pour cent parce que black friday.
Avoir du fric c'est le placer et gagner de la thune sans verser de tva, impots (assurance vie), rien, le cul sur ta chaise. Avoir du fric c'est qu'on te conseil un livret pour pauvre (parce que t'es aisé mais que ton bulletin de pension c'est toujours mille balles) qui rapporte deux fois plus que le livret A que l'autre banquier t'avait proposé sans te parler du livret special gen-te-s dans la dèche.
Je dois toucher encore 75 000 euro de la vente d'un appart. J'ai eu des moments durs, au niveau addictions, emotions (anni du décès de papa, toussaint) mais là j'ai depensé en 4j 1700 balles de paiements paypal pour des cadeaux de Noël (oui, wtf). Tout ça c'était du decouvert. Mais mon banquier m'a juste gentiment dit de me calmer, et qu'il me fait volontier un credit. Dans ma boite aux lettres personne ne veut saisir mes meubles mes chats ma télé et mon âme. C'est juste "oui oh, vous etes à -1700, faut arreter un peu avec la CB"
Etre riche c'est pas compter les sous pour faire les courses. Donc manger meilleur et plus équilibré. Et ENCORE faire des économies. Pour deux dentifrices acheté un est moitié prix. Ca vaut le coup. Mais quand t'as dix balles pour tes courses, t'en prends qu'un, parce que t'a pas les moyens de faire des économies. Pareil pour len produit vaisselle. Qui sera mieux degraissant, donc en fait tu en mettras moins, tu galérerés moins, tu depenseras moins. Oui mais à l'achat faut que 3€ deviennent 1.50 sur la liste de course. Et ça pour tout.
Avoir du fric c'est avoir un congelo. Le congelo (un bac du frigo pour nous) ça coute, ça consomme, ça prend de la place. Mais dedans tu peux mettre des legumes congelés, du poisson congelés, plein de matière saine et presque pas perissable et bon marché. TU gagnes de la thune.
Avoir du fric c'est ne pas s'inquieter sans cesse du niveau d'essence pour aller au CMP, en addicto, en radio etc. Avoir du fric c'est pouvoir se payer sans sacrifice de la melatonine pour dormir huit heures la nuit (13€ pour 15j)... et autres complements alimentaires.
Avoir de la thune c'est avoir du turn over, donc faire des économies. C'est pouvoir aller passer une osetodensitometrie et ra&quer 40 balles sans te dire que tu boufferas des pâtes 15j en attendant le remboursement secu.
Avoir de la thune c'est de la tranquillité d'esprit.
Avoir de la thune quand t'es grosse (je ne le suis plus mais suis restée un an taille 50) pour acheter commander payer etc des tenues belles qui font que ça aide a accepter ton corps et à te sentir awsome.
Avoir de la thune c'est te faire un plaisir sans que ça signifie que du coup tu te priveras d'un besoin.
Avoir de la thune et de la place ça vaut dire que t'as le turn over pour acheter pour 100 balles chez Zooplus en croquettes et pâtées, que ça te fera économiser 50 balles sur le mois. Mais tu as le turn over et t'habites plus dans 20m² où tu peux pas stocker six sacs de croquettes. D'ailleurs ça veut aussi dire croquettes plus healthy, ET croquettes a volonté. Et pâtée.
Avoir du fric en definitive c'est 'enlever une tonne de charge mentale. La charge mentale economique on n'y pense pas. Quand on est handi-e psy ou phy surtout phy, on a ENCORE PLUS besoin de thune et on en palpe ENCORE MOINS et on nage dans le méandre kafkaïen des administrations. Avoir de la thune c'est comme être comme ce patron de nissan qui a detourné du fric alors qu'il palpe deja 7 million l'année ou le mois, je sais même plus et nissan se dit "bah on va peut etre le garder comme patron". C'est pas gagner 400 balles par mois en stage cap emploi et te faire virer pour avoir pris une gomme, ou juste avoir été bizarre.
L'injustice me tue, même quand j'en profite. C'est pour quoi je redonne quand je peux à celleux qui ont besoin.
dimanche 30 septembre 2018
Mon outing, mes nouveaux privilèges
Pouvoir dire que l'on est schizophrene, pouvoir se balader les bras nus couverts de cicatrices, pouvoir être "raisonnablement bizarre", pouvoir dire qu'on a une invalidité psychiatrique, ce n'est pas une évidence du tout et c'est quelque chose que j'experimente depuis trois ans que je vis dans le sud ouest avec mon aimé, ses proches, ses collègues et qui est bienreçu.
J'ai conscience de cet immense privilège.
Alors tout d'abord dans ce milieu rural et dans cette région les gen-te-s sont super open et tolérant. Je viens de Thonon-les-Bains, moyenne ville bourgeoise et normative, où les gen-te-s sont froid-e-s et facilement rejetants. Ici je peux me montrer gentille (je ne me fais pas mousser, c'est ma super compétence) sans que cela soit pris comme une faiblesse, un signe de limitation intellectuelle, quelque chosed 'envahissant et agaçant.
Ici les habitant-e-s me trouvent simplement sympa et chou, iels accueillent cela avec beaucoup de bonheur. Ma candeur leur fait plaisir.
Je peux avoir un bon passing au niveau de la vêture, rarement discordant, amsi avec des extravagances : soit sapée limite pyjama, soit super sapée avec des fringues de princesse pour aller acheter du jambon ches Casino, ou avec un manteau en fausse fourrure rose fuchsia et TOUT LE MONDE S EN FOUT. Je peux enfin me sentir moi même sans subir de regard jugeant.
Quand je vais chez une nouvelle coiffeuse, ou esthéticienne, ou dans un magasin, les employé-e-s bavardent volotienrs. Je peux dire que je suis en retraite pour invalidité psy, que j'ai des troubles schizo affectifs et que je suis malade alcoolique, iels ne jugent pas. Iels disent "ah bon". Iels ne posent pas de questions invasives ou chelou. Iels ne me soupçonnent pas d'être criminelle, d'avoir deux personnalités dont une tueuse,iels ne me questionnent pas sur mes scars, iels s'en branlent allegrement et accueillent cela.
Idem pour les collègues de l'être aimé que je rencontre. Déjà je n'ai pas l'habitude de dire "je suis en retraite pour invalidité" sans subir mille question sur l'invalidité en question et être soupçonnée de gruger l'état et le contribuable et de me la couler dopuce par paresse. Les collègues de L ne me demande même pas quel est mon "visiblement invisible" handicap. Quand iels le font c'est bienveillant, il n'y a pas de remarque, mon diagnostic est accueilli sans préjugé. Je peux aussi dire "je ne bois pas, j'ai un probleme avec l'alcool" sans que l'on me jette des pierres.
Et franchement mes petit-e-s potes c'est tellement reposant. Quelque chose que je n'avais jamais connu. Pouvoir juste être malade, PA, différente, sans que cela soit perçu comme une menace ou une monstruosté.
Je vous souhate à toustes de connatre cela un jour.
J'ai conscience de cet immense privilège.
Alors tout d'abord dans ce milieu rural et dans cette région les gen-te-s sont super open et tolérant. Je viens de Thonon-les-Bains, moyenne ville bourgeoise et normative, où les gen-te-s sont froid-e-s et facilement rejetants. Ici je peux me montrer gentille (je ne me fais pas mousser, c'est ma super compétence) sans que cela soit pris comme une faiblesse, un signe de limitation intellectuelle, quelque chosed 'envahissant et agaçant.
Ici les habitant-e-s me trouvent simplement sympa et chou, iels accueillent cela avec beaucoup de bonheur. Ma candeur leur fait plaisir.
Je peux avoir un bon passing au niveau de la vêture, rarement discordant, amsi avec des extravagances : soit sapée limite pyjama, soit super sapée avec des fringues de princesse pour aller acheter du jambon ches Casino, ou avec un manteau en fausse fourrure rose fuchsia et TOUT LE MONDE S EN FOUT. Je peux enfin me sentir moi même sans subir de regard jugeant.
Quand je vais chez une nouvelle coiffeuse, ou esthéticienne, ou dans un magasin, les employé-e-s bavardent volotienrs. Je peux dire que je suis en retraite pour invalidité psy, que j'ai des troubles schizo affectifs et que je suis malade alcoolique, iels ne jugent pas. Iels disent "ah bon". Iels ne posent pas de questions invasives ou chelou. Iels ne me soupçonnent pas d'être criminelle, d'avoir deux personnalités dont une tueuse,iels ne me questionnent pas sur mes scars, iels s'en branlent allegrement et accueillent cela.
Idem pour les collègues de l'être aimé que je rencontre. Déjà je n'ai pas l'habitude de dire "je suis en retraite pour invalidité" sans subir mille question sur l'invalidité en question et être soupçonnée de gruger l'état et le contribuable et de me la couler dopuce par paresse. Les collègues de L ne me demande même pas quel est mon "visiblement invisible" handicap. Quand iels le font c'est bienveillant, il n'y a pas de remarque, mon diagnostic est accueilli sans préjugé. Je peux aussi dire "je ne bois pas, j'ai un probleme avec l'alcool" sans que l'on me jette des pierres.
Et franchement mes petit-e-s potes c'est tellement reposant. Quelque chose que je n'avais jamais connu. Pouvoir juste être malade, PA, différente, sans que cela soit perçu comme une menace ou une monstruosté.
Je vous souhate à toustes de connatre cela un jour.
vendredi 28 septembre 2018
Mon corps et ma psychose
Le corps dans la psychose est vécu de façon... étrange, pârfois exterieur, parfois mort, animal, monstrueux ou robotique.
Très longtemps j'ai été quasiment insensible à la douleur et je confiais mon corps à tout et tous, en pleine confiance ou inconscience. J'ai ainsi laissé faire de nombreux et douloureux et longs soins dentaires sans broncher, en étant "tr-s sage" disait le dentiste à ma maman. Je me laissais faire des examens désagréables et douloureux très passivement (fibroscopie gastrique sans anesthésie) Je me laissais toucher pénétrer et caresser sans forcément de plaisir, plutôt avec résignation et sentiment de fatalité (mention speciale au généraliste qui m'a violée digitalement à de nombreuses reprises jusqu'à ce qu'il veuille me couper de mes parents et que mon père me dise de ne plus retourner le voir)
Longtemps ça a été ça : mon corps, cet étranger.
Et puis il y avait ce conflit avec lui, conflit qu'ont consolidé et majoré des soignant-e-s maltraitants. Je m'en voulais d'avoir un corps si lisse et pur alors qu'interieurement je me sentais indigne et déguaulasse. J'ai essayé de me laisser mourir de faim. J'ai été maigre. Ca me plaisait d'être maigre et de ne plus avoir mes règles, mais je n'étais pas dysmorphophobe et n'avait pas de passion pour le comptage des calories. Je voulais le priver. Ca a été le priver de bouffe, d'eau, de sommeil, le battre avec des boucles de ceinture, prendre des bains glacés. Pas pour le sentir : je ne le sentais pas. Pour qu'enfin il reflète le monstre intérieur que je me sentais, et pour me punir à ma juste mesure d'être un être étrange et déviant.
Ca a été me couper ensuite. Un bras si lisse, une peau si douce ? Coup de lame de rasoir. Stigmate ? Alors je me couperai le haut des bras, l'arrière des mollets, la plante des pieds. Le sang semblait me purifier, je le voyais comme du pus, du mal qui sortait enfin de moi.
En HP ? J'ai demandé mon dossier. 20 ans plus tard, je me demande quelle sera la justification médicale de ce que j'ai entendu "Encore ce conflit avec le corps ? Bon, je vais recoudre sans xylo alors"
Ca a été prendre des cigarettes, de l'alcool, dès mes treize ans. Je ne pouvais pas rester pur, il fallait que mon exterieur se montre sali. Après, ça a eu un effet anxiolytique et l'addiction s'est enclenchée.
Ca a été prendre du poids. Pas par "peur du désir des hommes, couche de graisse protectrice". Par hyperphagie et désir, besoin de me gaver pour oublier le vide. Pro tip : ça protège pas du désirr des hommes. A nouveau j'étais touchée, pénétrée, manipulée, avec comme seul consentement le "bah, si tu veux".
Je me soignais pourtant, j'avais de mauvais soignants. Ou, comme le disent pudiquement mes nouveauxlles soignant-e-s qui ne veulent pas me perturber en denigrant un-e collegue, comme si l'ensemble des psy de france etait un couple parental qui devait rester coherent "qui ne me convenait pas"
J'ai appris à m'aimer, un peu. A force de soins, de vie, de bonnes rencontres. J'ai appris a etre moins passive. Sauf aux diktats : j'ai appris a mincir, me mettre de jolis vetements, me maquiller. Je ne m'aimais pas mais j'étais sans cesse validée. J'ai beaucoup couru les hot cam, les partenaires multiples. Me disant personne ne peut m'aimer, mais un coup de bite, c'est du désir, ça peut etre du plaisir, c'est comme un câlin.
A Toulouse j'ai été en état maniaque. Et très schizophrene. Je suis morte un jour, le 14 janvier 2008. Il avait beaucoup neigé, j'avais poussé mon scooter jusqu'à plus pouvoir, fait du stop, pris le metro. Je devais aller dans un refuge pour femmes, mais la neige était haute, mes muscles tremblaient, il faisait nuit et froid. Je me suis assise a terre, me laissant recouvrir par la neige peu à peu, et je suis morte. Puis le sens du devoir est venu, je me suis relevée et ai bataillé jusqu'au centre d'herbegement. L'éducateur qui m'a ouvert m'a dit "tu es en retard". Par contre, la patiente que je visitais a été.... d'une perfection parfaite. Elle m'a dit "tu as le cou cassé ce soir" "oui, je suis très fatiguée" "la princesse de switzerland doit trouver un chateau et dormir pour mille ans" "oui" (elle me savait suissesse)
Après ça je voyais mon psy parrfois. Je lui parlais de ce corps mort. De l'esprit qui devait fonctionner seul et actionner les membres jusqu'aux patients pour les soigner. De mon inhumanité. De l'odeur de moisi que je degageais malgré de nombreux changes.
Ca a été dur. Un jour j'ai pris conscience (pas en un jour ni en ce declic magique que nous vendent les nt qui n'y comprennent rien) que je n'étais pas en mon corps comme un pilote en son navire, que j'étais moi, corps, cerveau, que je meritais respect, soins de mon corps, dignité. Que je n'étais pas degueulasse, simplement schizophrene ("alors ce n'est que ça").
Tout ce que je peux en dire c'est que chaque fibre de mon corps desormais accueille et jouit du contact charnel de l'être aimé, et que je ne supporte plus que très mal les soins dentaires.
Très longtemps j'ai été quasiment insensible à la douleur et je confiais mon corps à tout et tous, en pleine confiance ou inconscience. J'ai ainsi laissé faire de nombreux et douloureux et longs soins dentaires sans broncher, en étant "tr-s sage" disait le dentiste à ma maman. Je me laissais faire des examens désagréables et douloureux très passivement (fibroscopie gastrique sans anesthésie) Je me laissais toucher pénétrer et caresser sans forcément de plaisir, plutôt avec résignation et sentiment de fatalité (mention speciale au généraliste qui m'a violée digitalement à de nombreuses reprises jusqu'à ce qu'il veuille me couper de mes parents et que mon père me dise de ne plus retourner le voir)
Longtemps ça a été ça : mon corps, cet étranger.
Et puis il y avait ce conflit avec lui, conflit qu'ont consolidé et majoré des soignant-e-s maltraitants. Je m'en voulais d'avoir un corps si lisse et pur alors qu'interieurement je me sentais indigne et déguaulasse. J'ai essayé de me laisser mourir de faim. J'ai été maigre. Ca me plaisait d'être maigre et de ne plus avoir mes règles, mais je n'étais pas dysmorphophobe et n'avait pas de passion pour le comptage des calories. Je voulais le priver. Ca a été le priver de bouffe, d'eau, de sommeil, le battre avec des boucles de ceinture, prendre des bains glacés. Pas pour le sentir : je ne le sentais pas. Pour qu'enfin il reflète le monstre intérieur que je me sentais, et pour me punir à ma juste mesure d'être un être étrange et déviant.
Ca a été me couper ensuite. Un bras si lisse, une peau si douce ? Coup de lame de rasoir. Stigmate ? Alors je me couperai le haut des bras, l'arrière des mollets, la plante des pieds. Le sang semblait me purifier, je le voyais comme du pus, du mal qui sortait enfin de moi.
En HP ? J'ai demandé mon dossier. 20 ans plus tard, je me demande quelle sera la justification médicale de ce que j'ai entendu "Encore ce conflit avec le corps ? Bon, je vais recoudre sans xylo alors"
Ca a été prendre des cigarettes, de l'alcool, dès mes treize ans. Je ne pouvais pas rester pur, il fallait que mon exterieur se montre sali. Après, ça a eu un effet anxiolytique et l'addiction s'est enclenchée.
Ca a été prendre du poids. Pas par "peur du désir des hommes, couche de graisse protectrice". Par hyperphagie et désir, besoin de me gaver pour oublier le vide. Pro tip : ça protège pas du désirr des hommes. A nouveau j'étais touchée, pénétrée, manipulée, avec comme seul consentement le "bah, si tu veux".
Je me soignais pourtant, j'avais de mauvais soignants. Ou, comme le disent pudiquement mes nouveauxlles soignant-e-s qui ne veulent pas me perturber en denigrant un-e collegue, comme si l'ensemble des psy de france etait un couple parental qui devait rester coherent "qui ne me convenait pas"
J'ai appris à m'aimer, un peu. A force de soins, de vie, de bonnes rencontres. J'ai appris a etre moins passive. Sauf aux diktats : j'ai appris a mincir, me mettre de jolis vetements, me maquiller. Je ne m'aimais pas mais j'étais sans cesse validée. J'ai beaucoup couru les hot cam, les partenaires multiples. Me disant personne ne peut m'aimer, mais un coup de bite, c'est du désir, ça peut etre du plaisir, c'est comme un câlin.
A Toulouse j'ai été en état maniaque. Et très schizophrene. Je suis morte un jour, le 14 janvier 2008. Il avait beaucoup neigé, j'avais poussé mon scooter jusqu'à plus pouvoir, fait du stop, pris le metro. Je devais aller dans un refuge pour femmes, mais la neige était haute, mes muscles tremblaient, il faisait nuit et froid. Je me suis assise a terre, me laissant recouvrir par la neige peu à peu, et je suis morte. Puis le sens du devoir est venu, je me suis relevée et ai bataillé jusqu'au centre d'herbegement. L'éducateur qui m'a ouvert m'a dit "tu es en retard". Par contre, la patiente que je visitais a été.... d'une perfection parfaite. Elle m'a dit "tu as le cou cassé ce soir" "oui, je suis très fatiguée" "la princesse de switzerland doit trouver un chateau et dormir pour mille ans" "oui" (elle me savait suissesse)
Après ça je voyais mon psy parrfois. Je lui parlais de ce corps mort. De l'esprit qui devait fonctionner seul et actionner les membres jusqu'aux patients pour les soigner. De mon inhumanité. De l'odeur de moisi que je degageais malgré de nombreux changes.
Ca a été dur. Un jour j'ai pris conscience (pas en un jour ni en ce declic magique que nous vendent les nt qui n'y comprennent rien) que je n'étais pas en mon corps comme un pilote en son navire, que j'étais moi, corps, cerveau, que je meritais respect, soins de mon corps, dignité. Que je n'étais pas degueulasse, simplement schizophrene ("alors ce n'est que ça").
Tout ce que je peux en dire c'est que chaque fibre de mon corps desormais accueille et jouit du contact charnel de l'être aimé, et que je ne supporte plus que très mal les soins dentaires.
Conseils aux aidant-e-s
Bon j'ai beaucoup râlé sur les trucs psychophobes et enfonçants que peuvent faire nes NT, proches ou pas de personnes PA (je me concentrerai ici sur mes troubles, par ignorance de ce qui peut affectivement aider les autres)
Tout d'abord ami-e-s proches : vous comptez. Votre amitié compte, votre amour compte, votre présence compte, énormément, immensément.
Parfois vous avez un sentiment d'impuissance, d'inutilité : vous venez au contact, on n'écoute pas vos conseils, ou alors on continue à aller mal quand même. Mais rien que votre présence compte immensément. Ca ne sert pas à rien.
J'ai été infirmière psy et aussi à domicile et parfois je considérais ceratins de mes mots ou de mes conseils comme des graines : je les posais, je les lançais à la volée, et elles finissaient par germer. Pas de suite, pas le lendemain, pas même le mois prochain peut-être. Mais elles restent dans un coin de la psyché comme une graine qui pourra germer quand le terreau douloureux global sera plus favirable.
En gros on peut vous dire c'est pas vrai, je suis une merde, j'ai honte ou développer des idées paranoïdes, mais la parole donnée là reste dans un coin : et elle y existe, même si inhibée par le mal.
Je sais (et je l'ai vécu aussi comme aidante prroche ou aidante thérapeutique) on a l'impression de servir à rien, voir de pas exister.
Alors j'ai une image pour ça : quand on est au ond du puits, personne n'y est avec nous. Que la douleur soit physique ou morale. On est toujours seul-e dans la souffrance. C'est ainsi. Cependant, on voit quand même les gens qui nous regardent depuis la margelle, et ça aide à tenir.
Voilà pour la souffrance morale.
Sachez aussi que qu'on qu'on ai l'air, qu'on qu'on dise, quoi qu'on fasse : on vous aime et on tient à vous.
Pour les problèmes d'addiction (je parlerai ici de l'alcool qui me concerne). Je conçois que ça soit très très compliqué, dur et peinant à gérer. Surtout si vous cohabitez avec la personne (big up à mon être aimé). C'est toujours bien de dire "je trouve que tu consommes trop" "je vois que tu as bu, cela m'inquiète et me déplait" (car oui, ça a le droit de vous déplaire, vous avez le droit de le dire) "je trouve que tu ne maitrises plus ta conso/que tu cobnsommes de plus en plus". Ce qui sera hardcore pour vous est le déni. Le déni va avec cette maladie. Le mensonge et la dissimulation aussi. Il est klégitime que vous en soyez vexé/blessé/agacé/encoléré. Il m'est compliqué de vous dire de ne pas juger ça. Mon conseil : essayez de parler. Ca va etre comme les graines de la souffrance, y'aura toujours un neurone qui retiendra le truc. Et bien sûr, vous avez le droit de poser vos limites.
Essayez simplementt de ne pas être pris dans une spirale de jugement de type dégoût. Ca ne servira ni à la personne bien sur ni à vous.
Essayez d'être soutenant et patient sur les periodes de sevrage : les 3/4 des reactions atypiques seront dues a de simples modifications neurochimiques. Aidez a restaurer la personne : s'alcooliser, et ça devient aigu en periode de sevrage, entraine une haine de soi immense. Pouvoir dire "mon amour/amitié est intact-e" "tu es très courageuxse" aide à un point... ça sauve
Pour les phenomenes delirants. Il est possible de dirre "je suis qinuièt-e" "tu n'as pas ces diées habituellement" Ma position face à mes usager-e a toujours été de dire "je ne sais pas si c'est réel, délirant, autre chose, mais ça vous empeche de vivre. Alors oui je vous conseille de prendre les cachets qui minoreront votre pouvoir/connection/idéeation"
N'oubliez jamais que l'on vous aime, que vous êtes immensément utiles, même si souvent vous n'avez pas l'impression de faire la difference : vous la faite.
Tout d'abord ami-e-s proches : vous comptez. Votre amitié compte, votre amour compte, votre présence compte, énormément, immensément.
Parfois vous avez un sentiment d'impuissance, d'inutilité : vous venez au contact, on n'écoute pas vos conseils, ou alors on continue à aller mal quand même. Mais rien que votre présence compte immensément. Ca ne sert pas à rien.
J'ai été infirmière psy et aussi à domicile et parfois je considérais ceratins de mes mots ou de mes conseils comme des graines : je les posais, je les lançais à la volée, et elles finissaient par germer. Pas de suite, pas le lendemain, pas même le mois prochain peut-être. Mais elles restent dans un coin de la psyché comme une graine qui pourra germer quand le terreau douloureux global sera plus favirable.
En gros on peut vous dire c'est pas vrai, je suis une merde, j'ai honte ou développer des idées paranoïdes, mais la parole donnée là reste dans un coin : et elle y existe, même si inhibée par le mal.
Je sais (et je l'ai vécu aussi comme aidante prroche ou aidante thérapeutique) on a l'impression de servir à rien, voir de pas exister.
Alors j'ai une image pour ça : quand on est au ond du puits, personne n'y est avec nous. Que la douleur soit physique ou morale. On est toujours seul-e dans la souffrance. C'est ainsi. Cependant, on voit quand même les gens qui nous regardent depuis la margelle, et ça aide à tenir.
Voilà pour la souffrance morale.
Sachez aussi que qu'on qu'on ai l'air, qu'on qu'on dise, quoi qu'on fasse : on vous aime et on tient à vous.
Pour les problèmes d'addiction (je parlerai ici de l'alcool qui me concerne). Je conçois que ça soit très très compliqué, dur et peinant à gérer. Surtout si vous cohabitez avec la personne (big up à mon être aimé). C'est toujours bien de dire "je trouve que tu consommes trop" "je vois que tu as bu, cela m'inquiète et me déplait" (car oui, ça a le droit de vous déplaire, vous avez le droit de le dire) "je trouve que tu ne maitrises plus ta conso/que tu cobnsommes de plus en plus". Ce qui sera hardcore pour vous est le déni. Le déni va avec cette maladie. Le mensonge et la dissimulation aussi. Il est klégitime que vous en soyez vexé/blessé/agacé/encoléré. Il m'est compliqué de vous dire de ne pas juger ça. Mon conseil : essayez de parler. Ca va etre comme les graines de la souffrance, y'aura toujours un neurone qui retiendra le truc. Et bien sûr, vous avez le droit de poser vos limites.
Essayez simplementt de ne pas être pris dans une spirale de jugement de type dégoût. Ca ne servira ni à la personne bien sur ni à vous.
Essayez d'être soutenant et patient sur les periodes de sevrage : les 3/4 des reactions atypiques seront dues a de simples modifications neurochimiques. Aidez a restaurer la personne : s'alcooliser, et ça devient aigu en periode de sevrage, entraine une haine de soi immense. Pouvoir dire "mon amour/amitié est intact-e" "tu es très courageuxse" aide à un point... ça sauve
Pour les phenomenes delirants. Il est possible de dirre "je suis qinuièt-e" "tu n'as pas ces diées habituellement" Ma position face à mes usager-e a toujours été de dire "je ne sais pas si c'est réel, délirant, autre chose, mais ça vous empeche de vivre. Alors oui je vous conseille de prendre les cachets qui minoreront votre pouvoir/connection/idéeation"
N'oubliez jamais que l'on vous aime, que vous êtes immensément utiles, même si souvent vous n'avez pas l'impression de faire la difference : vous la faite.
jeudi 27 septembre 2018
Symptômes de mec, genre, orientation sexuelle
Gamine je me posais peu de question. J'avais pas d'amoureux (trop timide), j'avais des copines dont j'étais amoureuse (mais je croyais que c'était de l'amitié), je portais des robes ou des salopettes, je jouais aux barbies (qui ont vecu de grandes histoires on joue a la maman et a la maman), aux Lego Technique, à Pong sur l'Atari de Daddy.
On me demandait, j'étais une fille. J'avais les cheveux courts, un slip de bain rouge, on m'appelait "jeune homme" et j'aimais bien.
C'est après que ça se complique, à l'adolescence quand j'ai refoulé ma bisexualité (le coming in a été long) et que j'ai commencé à montrer des symptômes de maladie pris d'abiord pour un TPB, un truc de mec. Multipartenaires ? Un truc de mec. Binge drinking ? Un truc de mec. Perchée trois jours aux festivals ? Un truc de mec. Regarder des films pornos avec mes copains mecs ? Un truc de mec.
Pour moi c'était clair, j'étais une femme hétérosexuelle et hétéroromantique (placard interieur, que tu etais douillet, un peu comme une vierge de fer)
Mais on me disait "on dirait un mec". Habillée en jean, en treillis, cheveux courts ou rasés, anneau autopiercé dans le sourcils en 1996 quand ça se faisait moins. Représentation de femmes lesbiennes ou bies, ou questionnant l'expression de genre (fems, butches ?) que dalle. Ville bourge de province, jeune fille en jupe, doc martens ou rangeo rares...
Et mes symptômes : errance sexuelle, crises clastiques, troubles du comportement, troubles addictifs, petite delinquance. Es-tu un mec ? Es-tu lesbienne ? Es-tu amoureuse de ta copine Caro chez qui tu passes tout ton temps ? Tu ne te respectes pas, tout le lycée te slut shame et te traite de garçon manqué.
Y'a un endroit, où l'expression de la maladie menace la binarité de genre et de son expression, où peut-être la fluidité de genre et de son expression, et le "choix" des symptomes sont subversif (etre folle c'est aussi performer sa folie), je sens une intersection entre la NA/PA et le "trouble dans le genre" comme dit Butler.
Maintenant je me sais bie, je me sais plutot femme mais aussi gender fucker, je ne vis pas tout ce que je pourrrais/voudrais dans mon exporession et ressenti de genre et ma folie s'est polissée.
On me demandait, j'étais une fille. J'avais les cheveux courts, un slip de bain rouge, on m'appelait "jeune homme" et j'aimais bien.
C'est après que ça se complique, à l'adolescence quand j'ai refoulé ma bisexualité (le coming in a été long) et que j'ai commencé à montrer des symptômes de maladie pris d'abiord pour un TPB, un truc de mec. Multipartenaires ? Un truc de mec. Binge drinking ? Un truc de mec. Perchée trois jours aux festivals ? Un truc de mec. Regarder des films pornos avec mes copains mecs ? Un truc de mec.
Pour moi c'était clair, j'étais une femme hétérosexuelle et hétéroromantique (placard interieur, que tu etais douillet, un peu comme une vierge de fer)
Mais on me disait "on dirait un mec". Habillée en jean, en treillis, cheveux courts ou rasés, anneau autopiercé dans le sourcils en 1996 quand ça se faisait moins. Représentation de femmes lesbiennes ou bies, ou questionnant l'expression de genre (fems, butches ?) que dalle. Ville bourge de province, jeune fille en jupe, doc martens ou rangeo rares...
Et mes symptômes : errance sexuelle, crises clastiques, troubles du comportement, troubles addictifs, petite delinquance. Es-tu un mec ? Es-tu lesbienne ? Es-tu amoureuse de ta copine Caro chez qui tu passes tout ton temps ? Tu ne te respectes pas, tout le lycée te slut shame et te traite de garçon manqué.
Y'a un endroit, où l'expression de la maladie menace la binarité de genre et de son expression, où peut-être la fluidité de genre et de son expression, et le "choix" des symptomes sont subversif (etre folle c'est aussi performer sa folie), je sens une intersection entre la NA/PA et le "trouble dans le genre" comme dit Butler.
Maintenant je me sais bie, je me sais plutot femme mais aussi gender fucker, je ne vis pas tout ce que je pourrrais/voudrais dans mon exporession et ressenti de genre et ma folie s'est polissée.
Vulnérabilité neurochimique
Je suis schizo-affective, avec alcoolo dependance en comorbidité. Et les deux se plaisent à aller main dans la main.
Ainsi je viens de vivre une "courte" bi rechute. Courte car la (re)chute a pris trois mois et vient d'être régulée, vs autrefois des modifications thymiques intenses et sur des périodes de un à 3 ans.
Mon traitement a été légèrement modifié (contre mon gré... psychiatre qui n'écoute pas). De deux unités alcool je suis passée à trois, quatre. Dix quand mon pcsé n'était pas là. Puis l'angoisse et le dégoût de moi est venu, l'alcool depressogène et astheniant a provoqué l'apathie, alors pour ne pas voir je suis passée à dix verres par jour, puis quinze.
Mes amies m'ont alertée : ne voudrais-tu pas refaire une cure, ou un sevrage ? Mon infirmière (que je chéris) m'a demandé si j'étais prête pour une période d'abstinence.
Mais noooooon, tmtc, je maitrisais, et puis j'avais besoin.
D'ailleurs, ne venais-je pas de vivre un passage plus qu'hypomane où je me sentais à nouveau profondément connectée à Freyja ?
Les IM de Risperdal, au rythme d'une par 14j, temperaient, et puis ne suffisaient plus sur la durée.
Et puis j'ai vu l'être aimé inquiet pour moi et malheureux.
Alors j'ai demandé le sevrage à domicile à la médecienne addicto que je chéris d'amour therapeutique.
J'en ai chié des ronds de chapeau.
J'ai vécu angoisse, manque, euphorie de la mise en route du baclo (ami dysthymique, le baclofene rend hypomane voire maniaque) et puis la tristesse noire.
Perte de sens.
Et au jourd'hui, rdv addicto. Larmes, mais qui faisaient du bien. Expression de ce sentiment d'impuissance "je fais tout pour aller bien mais Ca revient toujours." Oui, Ca, la Bête, le clown affreux avec son ballon et ses crocs. Toujours tapis dans un recoin de mon cerveau.
Marion a repris mon dossier depuis ces derniers mois. Et il a été flagrant que la baisse minime de risperdal avait enclenché le déséquilibre neurochimique qui a ensuite fait boule de neige.
On est bien peu de chose et mon amie la serotonine me l'a dit ce matin. On l'ffleure elle divague. J'ai cette fragilité. Le Risperdal il m'en faut 50mg en forme retard, et 2mg chaque soir. ET NE PLUS JAMAIS Y TOUCHER. Même si "ça va pas d'en avoir en IM et per os". On s'en contrebranle que ça fasse pas propre. Ca me convient. J'ai un cerveau humain, fragile et perturbable. Et les infimes modifs, je les paye cher.
Leave my brain alone.
Mais je me remets :) Et je me remets de mieux en mieux. Et sérieux les gars les filles les guilles, un bon réseau de soin, ça sauve la vie.
jeudi 13 septembre 2018
Schizo lucide
Aussi appelé "Vous êtes une exception" ou encore "C'est ça qui fait pas schizo" (citations originales de mon psychiatre hospitalier)
Alors oui par périodes aiguës (surtout accès maniaque, décompensations schizophréniques) je peux délirer à fond les ballons et être hallucinée, et je peux encore entendre et sentir des "trucs" dans ma tête en période disons stable.
Cependant je les critique toujours, en live. Je sais que le "déni" et la non conscience des troubles semblent fondatrices du diag de schizo. Mais, alors que je me croyais seule dans ce cas et encore plus bizarre que les autres bizarres, je suis loin d'être un cas isolé.
J'en ai pris conscience en fréquentant les groupes et autres NAPA.
C'est simple, l'idée délirante est une conviction erronée. Mais ce n'est pas parce que je critique cette idée en même temps qu'elle se produit qu'elle n'est pas une conviction. Je suis convaincue de parler à Freyja/avoir des énergies particulières/être capable d'écrire de la littérature psy qui révolutionnera le monde et en même temps je sais que c'est infondé. Alors souvent je me laisse vivre mon délire (qui pour le coup est agréable) sans essayer d'évangeliser les foules avec mon truc.
C'est comme les hallus : j'entends la tourterelle, mon cerveau et mes aponévroses vibrent, je ressens des vertiges, j'entends mon père chuchoter à mon oreille ou mon amoureux rentrer. Je les entends et ressens réellement mais je sais que ce n'est pas réel. Et contrazirement à l'idée assez ancrée que le savoir les fait disparaitre, ça ne les fait pas disparaitre.
Par moments je peux dérailler hein, bien sûr, parce que ça engendre une tonne d'émotions, de sensations, de ressentis. Et ça peut être genre allô, je ne peux plus refouler mes trucs tout arrive en chantant.
Mais je suis complètement capable de dire plus ou moins calmement au psychiatre "J'ai des idées bizarres en ce moment".
Ca ne veut pas dire que je suis "moins malade". Ca ne veut pas dire que je suis guérie. Ca ne veut pas dire que j'invente des trucs et qu'en fait c'est pas délirant. Ca veut juste dire que je suis à peu près lucide sur ce qu'il se passe dans ma tête.
Le Dr B (que je chéris, le psychiatre hospitalier qui m'a suivie pendant 15 ans) m'a ainsi dit, alors que je lui expliquais que lors de ma dernière crise je m'étais vue décompenser sans rien pouvoir faire "ça fait pas schizo". Il était bien embêté. Ca remettait en question son diag.
Je pense que les psychiatres hospitaliers ont un biais : ils connaissent surtout des personnes hospitalisées, donc dans un état de maladie relevant de l'urgence. Iels voient pas ou peu les psychotiques qui se gèrent à la maison, et qui sont on va dire comme moi. Parce qu'on est nombreuxses. Et qu'on est légitimes. Peut-être bien que les symptômes positifs sont juste l'expression d'un excès de sérotonine ou autre neuro transmetteur, et qu'on n'a pas toustes des problemes psychiques sérieux (mais que du coup ces dits symptômes en crée, ainsi que la discrimination psychophobe)
Mais non, je ne suis pas une exception, et big up à toustes celleux qui parlent à leurs hallus en sachant qu'elles sont un pur produit de leur esprit.
"Tu fais rien" apragmatisme et sidération
Voilà le grand reproche couplée de la grande inquiétude des proches "Tu ne fais rien"
Je reviens rapidement sur le travail rémunéré (que je distingue d'un autre travail tout aussi important, celui intra foyer, qui lui ne l'est pas, rémunéré) La culture du travail est au XXIeme siecle profondément ancrée en nous (et ce n'est pas une nouveauté). Il nous faut participer à la vie de la communauté, de la société, produire des biens, des services, de la culture. On m'a toujours inculqué cela, la valeur du travail (tandis que la gestion du foyer traditionnellement réservé aux femmes est sous évaluée, bénévole - sauf dans le cas de personnels exterieur, mal payés- et trivialisée comme du domaine de la base "c'est de toute façon à faire")
Donc voilà, après avoir été quinze ans infirmière, puis secrétaire puis assistante archiviste, j'ai décidé pour sauver ma peau de ne plus taffer.
Le reproche court souvent sous jacent et je crois que le jugement de valeur "Tu ne travailles pas = Tu ne sers à rien" est apposé à bien des personnes en situation de handicap. Il faut être un-e bonne invalide, rendre tout ce qu'on nous octroie (pensions, maigres assistances) être courageuxse, "se bouger" pour "s'en sortir".
Je ne peux simplement pas, plus. Je ne le souhaite plus. Bref, "je ne fais rien".
Mais ce qui peut inquiéter mes proches davantage est que je ne fasse rien à la maison. Comprendre pas de hobby, pas de sport, peu de vie sociale, peu de tâches ménagères (par période)
Bon, déjà je ne fais pas "rien" : je scrolle sur FaceBook, je lis, je câline les chats, je prépare les repas et fais la vaisselle. Pas très productif hein? Et pourtant ce sont des choses que je fais (et big up à toustes les vieilleux comme moi qui ont connu l'oisiveté pré internet, la mort par ennui)
Rien faire ça peut être lié aux mouvements thymiques. Habituellementn j'ai des "phases" de quinze jours à peu près dynamiques, quinze jours apathiques. Je peux me forcer à faire des choses, comme la vaisselle, la bouffe. Nettoyer les sols. Lire dix pages d'un bouquin. Mais ça m'est extrêmement pénible - et je tiens à dire que ce n'est pas lié à de la paresse ou à la célèbre procrastination. En vrai je n'ai pas de deadline. Je n'execute pas les tâches elles ne sont pas faites, voilà tout. Il s'agit et ne s'agit pas de cette texture particulièreb de flemme. L'apathie monte. L'aboulie m'envahit : je n'ai envie de rien, je m'ennuie, je ne prends plaisir à rien.
Je dois ajouter que le ménage est un truc que j'apprécie assez. A exécuter, pour ne profiter après. J'aime l'effort. J'aime accomplir des choses, les petites aussi. Il y a juste des moments où c'est bien trop lourd et pesant.
Également , la sidération, le truc bien psychotique et mélancolique. Rien n'a de sens. Rien que se doucher le matin devient complètement problématique : "je suis dans l'eau et je me touche le corps, pourquoi ?" Impression de profond ridicule, perte de sens. Ne pas savoir quoi faire après s'être mise debout le matin et enfilé sa culotte. Sidérée. Pourquoi pas hallucinée et en proie à des bails super existentiels pour rien.
Et enfin l’apragmatisme : ne pas être raccord avec la ralité materielle, ne pas "voir" ce qu'il y a à faire, ne pas comprendre comment pourquoi avec quoi. Sans parler de ma maladresse (un petit côt dyspraxique qui parait-il va de pair avec les schizophrénies) qui fait que je suis beaucoup plus lente et beaucoup moins efficace qu'une personne lambda.
dimanche 9 septembre 2018
Le rétablissement, comment ?
Je tiens à préciser que je parle d'un rétablissement, le mien, avec les méthodes de soins, care et auto care qui me conviennent à moi : cela ne conviendra pas à toutes les réalités, toutes les personnes, toutees les façons de vivre son trouble schizo affectif.
Ce que le rétablissement ne m'est pas (ou pas seulement) : la volontay, le courage, la gnaque "toucher le fond pour donner un coup de pied pour remonter" (comme disait Mano Solo "y'a toujours plus profond que le fond").
En vrai du courage et de la volonté on en a toustes, ça s'appelle "struggle for life" ou "moteur de survie".
Je me dis désormais rétablie. Il ne s’agit pas d'une santé psychique "parfaite", encore moins d'une vie "normale", habituelle ou d'un confort permanent : je connais des cycles de variations thymiques, je reste très sensible à certaines situations, j'ai parfois quelques hallu... Je continue de vivre avec les troubles schizo-affectifs, mais tellement "lissés" et minorés qu'ils en deviennent largement vivable.
Je me suis pacsée dernièrement avec mon conjoint depuis 4 ans (ma relation romantique la plus longue de toute ma vie, ma première cohabitation avec un autre humain, sans jalousie morbide, sans grands éclats, sans trop de douleur), j'ai pu surmonter la mort de mon daddy sans nécessité d'hiospitalisation, je vis ma vie quoi, sans être trop parasitée par ma pathologie. Je "gère".
Mon rétablissement est fondé sur plusieurs axes
-"La chance", quelques privilèges, les bonnes rencontres : que ce soit mon compagnon qui est complètement décent et soutenant (et pare excitation et cadrant), des rencontres avec des thérapeutes très aidant-e-s (oui je le mets sous le signe de la chance, tmtc camarade en errance diagnostique et thérapeutique), des moyens de vie qui me permettent de vivre et non seulement survivre (une pension de retraite de 1000€/mois, un logis bientôt mien, un coussinet de thune rapport à la succession) Tout cela me permet de débrayer du mode "comment finir la moitié du mois", "comment faire réparer la voiture/le scooter", "comment payer mon loyer ce mois et celui d'après". C'est capital pour obtenir un chill psychique.
- Les médicaments : la chimie m'a quasiment toujours bien réussi. Le Risperdal en injection tous les 14 jours (et c'est mon choix que ce soit sous cette forme) tempère quelques peu les mouvements thymiques et régule beaucoup les idées délirantes et les hallus (mon fameux cerveau qui vibre pendant deux heures le matin, genre chuis un diesel tavu), le Tercian me ralentit, est mon frein aux episodes d'hypomanie dangereux, apaise mon angoisse quasi constitutionnelle, le Seresta arrondit les angles et me permet de moins picoler, la Paroxetine me permet de ne pas être en dépression toute l'année. Je les chéris. Cependant c'est une contrainte, du travail, et des effets secondaires (bouche seche, dents fragiles, prise de poids, une certaine raideur musculaire)
- Les autres soins, nombreux et variés. J'ai plusieurs rdv soignants par semaine. Un entretien infirmier au CMP tous les 14 jours (avec la piqûre de Risperdal), un entretien medico psy tous les trois quatre mois, un entretien psychologue toutes les deux ou trois semaines, un entretien addicto par quinzaine (une fois l'infirmière une fois la médecienne), plus la dieteticienne, le médecin généraliste,la gyneco etc, ceux là pas en lien direct avec les troubles schizo affectifs.
- Le mini réseau social, surtout par le GEM de ma commune, qui me permet de rencontrer et fréquenter d'autres personnes PA et de faire quelques activités
-La lecture et l'auto education, capitales pour moi
-Les réseaux sociaux et le militantisme, même si je fatigue vite et que je suis très duispersée, m'immerger dans les communautés NAPA, aider, être aidée quasi en direct est infiniment précieux.
-Les chats : nous en avons quatre, parmi eux San est la grande impératrice sage infirmière qui m'apaise toujours, son amourr est inconditionnel et à l'épreuve de TOUT (17 ans que nous vivons ensemble), Clo est mon symbiote, notre relation est celle de la fusion totale et de l'amour pur, avec masse de câlins. Avec Grisou et Lubs la relation est très forte mais plus secondaire dirais je. Les chats ont toujours été et sont indispensables à mon équilibre psychique
-La jonglerie avec mon équilibre neurochimique : outre les medicaments, il me faut veiller chaque jour à ma jauge de caféine et de nicotine, sinon ça péclote.
-Pas de travail à l’extérieur : c'est simple, su les dix quinze dernières années de ma vie, travail rémunéré avec obligation de compétence (ce que j'entends tout à fait) = un burn out tous les six mois avec décompensation alcoolique et psychotique, trois ans d'arrêt maladie, des hospit et des soins à gogo.
-Beaucoup de routines et de ce que mon psychiatre hospitalier appelait les rituels : j'aime les changements et les surprises, mais il me faut un fond qui ronronne sinon je suis trop déstabilisée
Voilà donc ce qui m'est nécessaire pour être fonctionnel, à peu près serein et même, parfois heureuse :)
Bonne chance (oui) et courage (enfin, d'aide) à toustes pour le chemin de l'auto soin.
vendredi 24 août 2018
Relations romantiques et amicales
Je crois que la majorité des dukaneries entendues dans ma longue carrière d'usagère de la psychiatrie sont dues au thème "relations sociales et romantiques"
Reprenons.
Je suis psychotique bipolaire.
Je suis dépendante affective.
Je suis bie.
Et toute ma vie on ma dit que je ne savais pas aimer, que j'étais cheloue, que mes relations n'étaient pas saines.
D'abord cette aversion de la psychanalyse pour les relations fusionnelles. On ma seriné que ce n'était pas sain. Morbide et mortifère. [insérer andouilleries sur les relations à la Mère avant 9 mois et la crise de la peur de l'Etranger]
C'est en rencontrant mon amour et compagnon actuel que je me suis lâché la grappe à ce sujet. Je ne vois plus le mal à aimer de façon effrénée, à perdre le souffle, ça n impacte pas ma vie quotidienne, c'est ce dont MOI j’ai besoin (et lui aussi), j'y trouve mon équilibre et suis suffisamment rassurée. Je ne me sens pas aliénée, infériorisée, diluée. Bien au contraire. Mais pour la plupart des psy* c'est mauvais, caca, iels en font un vrai tabou : la relation fusionnelle c'est ta maman et toi dans les premiers mois de vie, sinon en gros c'est de l'inceste.
Allez vous faire cuire vos culs.
Ah, et ce serait révélateur de mon avidité orale hors norme de schizophrène. Et même si, j'ai envie de dire ?
Ma bisexualité, je ne lai que très très prudemment et du coup très peu abordée. Les tenant-e-s de la psychanalyse bien que s'auto bombardant parangons de l'ouverture d'esprit sont hyper chelou-e pour pas dire homophobes et biphobes. Chaque allusion de ma part à des désirs et/ou sentiments envers une femme se voyaient opposer un "c'est de l'ordre du fantasme" "si vous "passez à lacte" cela risque de vous faire décompenser" "vous voulez verifier que vous avez un phallus : ce n'est pas l cas". Donc d'une part pourquoi vouloir subir une telle violence et continuer à sen ouvrir ? Je me suis tue. D'autre part je me suis auto censurée pendant dix ans. Dans ma propre tête je me taisais mes fantasmes au sujet de femmes, mes désirs, ma véritable orientation sexuelle. Et comme on peut pas dire qu'il y ai foule de représentations de femmes lesbiennes sur les écrans, ça a fini à me garder dans mon joli placard bien fermé.
Les relations amicales : donc je suis pas championne en ça. Je suis bizarre de contact et assez inhibée, sauf quand j'ai bu (ceci explique mon alcoolo dependance en partie) Les interactions sociales me fatiguent beaucoup. Les grands groupes mépuisent, je suis plus à l'aise dans une discussion à deux trois qu'à une tabléee de six par exemple. J'ai jamais eu foulitude de copains copines et du mal à men faire de nouveaux. Et je vis bien comme ça. Cessez de vouloir me normaliser. Pourquoi vouloir me faire adopter des types de relations amicales et sociales qui me blessent et me coûtent, rien que parce que ma façon de les vivre serait "pathologique et schizophrène" ? Je suis pathologique et schizophrene, alors pourquoi jairais contre ça ? Pour quoi ? Un "masking" parfait ? Pour pas vous gêner dans vos reprsentations normatives?
Allez manger vos morts, live and let love.
mercredi 15 août 2018
Observation et matériel
Faire des observations et recueillir du "matériel" (des informations, une anamnèse - histoire de l'usager-e) est une chose qu'on m'a appris à l'IFSI : le recueil de données.
Donc comme jeune infirmière j'ai été beaucoup là dedans en psy : recueillir des infos sur les usager-e-s que j'avais en charge, afin de pouvoir mieux comprendre donc aider. D'autant que même durant mes études se sont mes compétences d'observatrices qui ont été appréciées et valorisées. On va dire que d'un-e étudiant-e en stage psy à l'époque en tout cas, on attendait surtout du retrait et de ne pas faire/dire de bullshit.
Bon mais dans la pratique j'ai vite vu que ça posait un problème d'abord pratique : que faire de ces données si ce n'est écrire dans le dossier de soins infirmier et en parler avec les collègues, les médecin-e-s ?
Or, cher-e-s ami-e-s, nous voilà devant un problème éthique et surtout de sémiotique des soins en psy : je vais au contact des usager-e-s au départ pour leur proposer un mieux être, je l'espère, palier une urgence, soulager la douleur, être un relai avec les psychiatres etc. Je ne travaillais pas en psy pour parler avec mes collègues en fait.
Il est facile et dangereux de tomber dans une certaine fascination. Pas forcément de la curiosité malsaine, une certaine fascination, même intellectuelle et clinique. C'est affreux à dire comme ça et c'est affreux quand on est de l'autre côté du soin, et ça je l'ai appris très vite, en tant moi-même hospitalisée.
Les soignant-e-s ont à même de nous amener à parler. Parler de notre vécu, de nos sentiments, de nos émotions, de surtout bien parler, exposer, détailler délires et symptômes positifs. Comme ça iels (nous) savent. Et c'est super chouette de savoir. On peut en discuter en se trouvant trop cool de raccorder ça aux théories de [insérer un psychanalyste] et d'avoir tout compris. Le psychiatre peut affiner le traitement. Et pendant ce temps, l'usager-e, ben iel a tout déballé et iel en est au même point.
"Il faut savoir ouvrir, mais il faut aussi savoir refermer" me confiait un jour mon psychiatre chef de service au décours de l'année 1997. C'est indispensable de faire quelque chose de ce que dit l'uisager-e parce qu'ellui c'est sa vie.
Parce que nous c'est nos vies.
Alors oui vous avez découvert l'eau tidèe quand on vous a dit avoir été violé-e. Mais c'est indispensable de faire quelque chose de cet effort douloureux souvent que de l'exposer, de s'exposer. C'est pas tout de se dire "ah, iel le dit enfin, je vais vite en parler au psychiatre" Et j'ai aussi eu l'expérience de partager un vécu difficile sinon traumatisant et d'entendre "Il faut en parler au PSYCHIATRE". Ok, cool, il va me dévioler ?
Les traumas et les paroles c'est pas du pus (ou pas que) il ne suffit pas de "percer l'abcès" pour que les difficultés s'écoulent magiquement dehors et que du coup il n'y ai plus de problème. Ça peut faire du bien. Notamment si on est reconnu-e, soutenu-e, paulé-e. Si le seul retour est "ok et j'en réfère à qui de droit" qui de toute n'y pourra mais, c'est inutile voir blessant.
Faire quelque chose de nos paroles. Ne pas nous enjoindre de trop à parler. Accepter des entretiens impromptues à des heures pas dans le cadre aussi, parfois (la nuit, très tôt le matin, à l'heure d'un repas, pendant un soin somatique). La parole vient souvent avec des émotions, elle ne se libère pas forcément à un moment M, pratique ou qui semble convenable. La souffrance n'est pas convenable elle vient n'importe quand.
Ne laissez pas seul-e un-e usager-e qui s'est beaucoup livré-e, avec beaucoup d'intensité.
Lisez les dossiers et écrivez, parlez avec vos collègues. On en peut plus de répéter mille fois à mille monde les mêmes choses de notre histoire (c'est toujours les mêmes choses qui vous intéresseront, papa maman, les décès, les maladies, les viols et abus) sortez des sentiers battus, n'ayez pas peur de parler de tout et de rien, du qotidien, ça peut amener à plein de choses (jamais un-e seul-e soignant-e m'a questionnée sur mes chats, un des socles de ma vie ! Et un-e usager-e hopsitalisé- en urgence se fera du souci pour son animal, qui est peut-être seul chez ellui ! C'est primordial !), une bonne question (je l'ai appris en formation systemique) c'est "c'est depuis quand ? / ça dure depuis quand ?" ça libere une fluidit de parole inouie.
Arrêtez de parler des fous, parlez AUX fous.
Merci :)
mardi 14 août 2018
"Tu ne veux pas t'aider"
Michel Foucault se demandant ce qu'il fait sur ce blog... "Ah mais oui, on parle du contrôle des corps et des psychismes, ah oui"
J'ai souvent entendu, et ma foi des bouches les plus cruelles "Tu ne veux pas t'aider/ tu refuses mon aide/ Je ne peux rien faire pour toi" comprendre : tu ne mérites pas que je t'aide.
Sérieux les gen-te-s, j'ai jamais vu, rencontré, lu, une personne qui veuille pas aller mieux, aller bien, ou au moins prendre des plaisirs dans un mode yolo, si vraiment cette personne se crâme le foie etc.
Donc cher-e-s non-ami-e-s neurotypiques, reprenons le fil des NAPA (NeuroAtypiques, PsychoAtypiques) "qui refusent d'aller bien" "qui refusent l'aide" avec la version bonus combo encore plus jugeante "qui ne se respectent pas"
- "Refuser d'aller bien" plus globalement c'est ne pas pouvoir. Pour vous qui êtes généralement confort sinon heureux (bien que stressé-e-s par "cette vie de fol que je mène") il suffit d'attendre que le coup de blues passe, que vous ayez surmonté une épreuve (je suis bien d'accord un deuil ou une séparation, une perte d'emploi etc ça arrive à toustes), que vous ayez "rebondi". Dans le cas d'une psychose décompensée, d'une dépression, de troubles anxieux, d'un syndrome de stress post traumatique : SCOOP, CA DURE. Longtemps, parfois. On aimerait désespérément aller bien, aller mieux, souvent juste souffrir un chouïa moins pour que le lendemain soit un peu moins déchirant. Mais ça n'arrive pas. Ça continue. Encore. Et encore. Et encore. Ça dure des semaines, des mois, des années. 15 ans ici. Et ma foi ce n'est pas une gymnastique psychique ou thymique que tout le monde peut faire, de "penser à autre chose". "Voir la vie du bon côté" (beaucoup de troubles psychiques impactent l'humeur, la volonté, la façon de se considérer et de considérer le monde et la vie) sortir s'aérer etc.
- "Refuser d'aller bien bis" : certaines personnes NAPA ne supportent pas bien le fait d'aller bien, ou en fait, plus pertinemment, de prendre du plaisir. Le sentiment de culpabilité indu. La solidarité ou loyauté envers un-e proche que l'on sait ou pense souffrant-e ou décédé-e. Et cela ne signifie pas forcément que ces personnes "se mettront en échec". Simplement que l'accès à la sérénité sera plus long et complexe.
- "Refuser de l'aide" : ça sera le plus souvent "Tu refuses d'aller "te faire soigner"". Avec une méconnaissance étonnante de la maltraitance et de l'incompétence pouvant exister dans le milieu psychiatrique. D'ailleurs, le "tu refuses de l'aide" sera souvent le "tu refuses de te faire aider". Posez vous deux ou vingt minutes. Oui, vous, non ami-e-s NT qui m'avez abandonnée parce que je refusais d'aller bien et que j'allais crever. Vous pensez d'abord à vous en disant cela. "Tu m'embarrasses j'aimerais que tu règles ça ailleurs merci" Mes discours et comportements quand je suis souffrante vous effrayent, vous mettent mal à l'aise, vous mettent en colère. Je vous laisse vous briefer tout-e-s seul-e-s ou entre vous pour en connaitre les causes. Je pleure je crie, j'appelle la nuit, je me bourre la gueule. Je me lame, je me fais du mal. Visiblement vous vous sentez dépassés mais surtout vous ressentez le besoin urgent de me remettre d'aplomb dans la norme. Les personnes "comme moi", souvent schizophrènes, borderline, peut-être histrioniques n'ont pas la souffrance normée, pas dans son expression. Surtout les femmes et identifié-e-s comme femmes. Une meuf, ça pleure gentiment et pas trop longtemps et ça mange des Hagen Daazs au chocolat en regardant Coup de foudre à Notting Hill, avec une boite de mouchoirs, en pyjama en pilou (propre et rose) pour être confort. Une meuf appelle ses copines ou sa maman mais juste une heure, et juste entre le retour du bureau et le repas du soir. Une meuf doit pas vous perturber dans vos horaires. Une meuf peut être pompette mais pas ronde comme une queue de pelle. Une meuf doit être triste CHEZ ELLE et pas aller rechercher de la compagnie dans un bar où elle se fera violer, ce qui signifie bien qu'elle a BESOIN D'AIDE mais veut pas. La mise en danger tu vois. Bref, comme Virginie Despentes s'est retrouvée un peu sidérée dans King Kong Théorie qu'on parle de ses "vagissements" vs les femmes "très dignes" après un viol je me retrouve un peu sidérée devant l'injonction "éventuellement tu peux aller mal, mais vite fait et discret hein" Je reprends : tu refuses d'être aidé-e c'est "tu refuses d'aller chez lae psy" (lequel, quand, comment, avec quel argent, quel type de psy, quelle orientation de soins ? OSEF, le tout est que ça se passe discret planqué dans un cabinet ou un hosto qui te répare bien et tu ressors normal-e, fonctionnel-le, pas chiant-e et avec la possibilité de rendre aux autres tout ce qu'iels t'ont donné en te supportant deux heures quand tu étais très malade et en t'enjoignant "d'aller voir quelqu'un-e) Et puis, prendre des médicaments.
- "Refuser de l'aide" ça veut souvent dire refuser le parcours normativant psychiatrique. Je précise que je suis toujours allée aux soins, depuis mes 17 ans. De ma poche
- "Tu te respectes pas" est hyper chaud, blessant, offensant. Pas se respecter c'est se dénigrer parfois, pas se laver, grossir (maigrir je sais pas), s'habiller "comme un sac" et globalement quand on est ralenti-e on a le retour "tu te respectes pas" (jamais compris)
- "Tu te respectes pas" c'est aussi : tu es une femme et tu as des comportements d'homme (multiples partenaires, alcools, toxiques) Souvent quand "on se respecte pas" des gen-te-s pensent qu'iels peuvent ne pas nous respecter. Scoop : c'est pas l'auto respect la jauge de "respect mérité". Si mes ami-e-s ont un manque de "dignité" (wtf ça puisse vouloir dire) abh je les respecterai pour deux. Puis je reverrai mes critères de jugement. Je dis "mes ami-e-s". Je leur trouve des qualités.
- BREF vos présence compte, ami-e-s. J'ai été vachement seule au fond du gouffre, souvent. Je sais bien que ma foi, c'est souvent que la lâcheté ordinaire "je voulais pas te voir mourir". Il parlait d'autree chose Sartre quand il parlait des lâches ordinaires, mais pour lui iels restaient des salauds.
samedi 11 août 2018
"Fais attention"
Bon, je suis maladroite, distractible et souvent inattentive. Donc mes proches (et parfois des inconnu-e-s, par exemple si j'oublie non la CB mais carrément le billet dans le DAB) m'enjoignent souvent de "faire attention"
Cette injonction n'est pas forcément agressive. Mais elle signe une mécompréhension de mes troubles.
Je ne suis pas dys* a priori, je n'ai pas de Trouble Déficit de l'Attention non plus. J'ai des troubles schizo-affectifs (je suis psychotique, schizo bipolaire)
Mon psychiatre de Haute-Savoie m'avait informée que dans mon type de trouble (et ça se retrouve probablement dans d'autres formes de psychose/schizophrénie/bipolarité) au niveau purement somatique, neurologique, mes aires cérébrales ne sont pas équilibrées comme celles d'une personne neurotypique. C'est à dire que le "cerveau reptilien" (le cervelet, maybe, il ne m'avait pas précisé, le cerveau des émotions), ne se gère pas automatiquement avec le "cerveau rationnel" (le lobe frontal je pense)
Ce qui implique que constamment, consciemment (mais bon ça tourne en tâche de fond) je dois équilibrer mes émotions et mes pensées rationnelles pour fonctionner OKLM dans la société et ne pas trop être débordée, ni par les affects, ni par les pensées.
Ça occasionne je cite "une fatigue physique du cerveau"
Pour les personne NT qui me liraient, c'est la fatigue ressentie après un examen ou une réunion intense de 4h. Sauf que c'est couramment dans ma journée.
Si je peux préciser et personnaliser : sans cesse (coucou les personnes avec anxiété, vous vous reconnaitrez) je pense au pire. L'imagination est fertile dans ces cas là. Se forment des scenario très élaborés de maladie et décès pouvant survenir à mes proches ou à moi-même, la façon dont le drame se déroulera, ce qui se passera après.
Je dois réguler ces pensées.
Je ressens une intensité de sentiments débordante aussi. Ça fait partie de ce que j'appelais ans un autre billet "mon côté chou" : je suis gavée de love jusque dans les vibrisses, et je vais vers les gen-te-s un peu comme un chiot pataud mais débordant d'affection. Vous me direz : c'est plutôt positif. Pas forcément, car je me dois de respecter les distances envers les autres personnes. Je ne souhaite pas restée collée à l'être aimé H24 et le submerger de câlins étouffatoires ni sollicités ni désirés : je limite ces démonstrations, parce qu'il a le besoin de respirer de temps en temps.
Comme je l'aime à la folie (huhu), je gère cela constamment en sa présence.
Je suis dépressive de base (mon trouble est schizo-affectif forme dépressive), donc je dois gérer ma tristesse. Constamment. Me rassurer, me consoler, être ma "bonne mère en moi" comme disent les psy, m'occuper de moi, pour mon propre confort moral. Je le fais H24, 7/7.
Je suis souvent en colère (hétéro-patriarcat tu m'auras pas). Je tempère selon les moments.
Mais je souhaite bien préciser que si je ne fais pas cet effort, sans cesse, consciemment, mes émotions me débordent complètement, sont douloureuses et aboutissent à de grandes crises clastiques/scènes avec les proches, larmes, auto-mutilations, ivresses pathologiques, etc. entrainant une auto destruction et une destruction des liens avec : mes proches en particulier, toute la société plus globalement.
Alors voilà, tempérer les pensées rampantes, l'amour, la colère, la tristesse, pour juste fonctionner et ne pas être trop "bizarre" ou toxique pour autrui me demande une énergie considérable. Souvent je ressens un phénomène, peut-être en partie neurologique, et en partie hallucinatoire, de "cerveau qui vibre" et d'aponévrose qui vibre dans tout le corps. Si je dois faire un effort particulièrement intense (sociabiliser a minima durant une soirée, ou avoir un RDV d'une heure avec mon banquier, etc.) je sens mon sang battre violemment dans mes tempes et au cœur de mon cerveau.
Mon cerveau et moi-même nous défendons : je dis que "je m'absente" très régulièrement. En fait je me mets sur le mode "veille" et j’écoute plus rien, je repose ma caboche. Je fais attention à rien. Souvent je scrolle sur fb en regardant des mèmes et des GIF de chats. Je suis pas là. Restauration en cours. Je refais mes accus.
Ça peut même arriver au cours d'une conversation. Mon compagnon se plaint que je décroche. Je comprends que ça doit être agaçant, peut-être blessant. Dans l'absolu tout ce qu'il dit m'intéresse, je n'ai juste pas la possibilité physique d’être attentive tout le temps.
J'ai du mal à me concentrer du coup, parce que je suis hyper fatigable à ce niveau là, donc je pioche des activités (comme la lecture, une passion) par de nombreuses sessions de 5-10mn et énormément de pauses.
Quand il y a plus de deux personnes je n'arrive plus à gérer et le brouhaha ambiant (effet cocktail) me perturbe énormément.
Je suis "empotée" je casse plein d'objet. Je suis taxée de bourrine, mais en fait c'est compliqué au niveau neuro de gérer les pensées, les émotions, la motricité et éventuellement une personne qui me parle en plus.
En plus j'ai le sentiment de stocker une quasi infinité d'infos triviales, qui me reviennent avec précision. La teneur d'une conversation sur le prix du litre d'essence en 1996. Le souvenir d'un ourlet de jean aperçu dans la rue en 2002. Je mets à part les souvenirs douloureux, qui comme chez beaucoup de gen-te-s reviennent dans ma gueule avec out autant d'émotion que quand la scène s'est produite, il y a parfois 35 ans de cela.
Donc si, je fais attention, mais je ne peux pas, neurologiquement, faire attention à tout, et tant pis pour les verres et les mugs.
+
mercredi 8 août 2018
"C'est facile de bien manger"
J'entends, je lis souvent que c'est facile, pas cher et accessible à toustes de "bien manger".
J'ai essayé par le passé, dans une longue phase de restriction alimentaire et de quasi orthorexie. Je mangeais en fait 80g de féculents sans graisse, une viande ou un poisson maigre de 100g sans graisse de cuisson, des légumes sans graisse de cuisson ou accompagnement "à satiété" et un yaourt 0% et un fruit en dessert.
A
Chaque
Repas
Sauf le matin, 100g de fromage blanc à 0%, 4 cuillères à soupe de son d'avoine (comme du fourrage) et un fruit aussi.
J'tais mince et validée par tous mes proches et mes soignant-e-s. "Tu manges mieux, tu dois te sentir mieux" etc. C'est un problème que les pertes de poids quand on part de 90kg et plus pour une femme soit si valorises et ecouragées. Tu perds 30kg en un an ? Superbe ! Tu es en hyponatrémie sévère parce que tu ne manges absolument plus de sel parce que tu penss HTA et rétention ? Génial. T'as la dalle H24 et tu fais des malaises ? Peu importe, tu rentres dans un 38, c'est l'aboutissement ultime.
En fait non, c'est juste la face B de tes TCA, la phase restrictive. Société grossophobe et patriarcat-normée, tu m'auras pas.
En fait je ne comprends même pas pourquoi absolument tous les quidams de ma life se préoccupent de ce que je mange, si c'est quilibré-bio-de saison-léger surtout. Manger bio de saison, c'est manger en prenant un bus pour aller dans la zone commerciale, et genre des radis noirs tout l'hiver. Ca m'a coûté plus cher. Ca m'a coûté plus d'énergie. Ca m'a procuré moins de plaisir et de réconfort. Mais hé, "c'est bon à la santé" (fuck you)
Le but de ce billet est surtout de pointer le fait que tout le monde n'est pas intéressé par son hygiène de vie (ou ne peut simplement pas l'assurer, les raisons médicales ou autres sont nombreuses, TCA, asthénie, lourd traitement neuroleptique, depression ou manie et phase d'incurie,...) et qu'en gros mais qu'est ce que ça peut bien vous foutre ?
J'ai pas une passion pour la nourriture. La plupart du temps, manger m'ennuie. C'est d'ailleurs la lose car je n'ai plus de dent du fond donc je mets un temps infini à mâcher mes brocolis avec mes canines. Je trouve que manger est une perte de temps précieux. Que c'est indécent et chiant de passer des heures a table (ou même vingt minutes). Que le seul intérêt du nourrissage est de mettre du carburant et si possible, en option, éviter de trop grosses carences. Que c'est relou de passer du temps aux fourneaux. Et c'est OK de ressentir ça.
Toutes mes tentatives pour bien manger se sont soldées par d’épuisantes dépenses en temps, argent, transports. Et de toute façon ce n'est validé que si je suis en perte de poids/mince et carniste. Spoiler alert, la santé en fait tout le monde s'en fout, les injonctions c'est pour mieux nous normés (et ma santé ne regarde que moi)
Du coup colère et lassitude de chaton.
mercredi 18 juillet 2018
Vit seule avec son chat...
... dans un état d'incurie totale depuis des mois"
Voilà ce qui est noté dans mon dossier médical d'HP, en 2005 je crois. La tristesse m'a saisie quand je l'ai relue car j'étais à l'époque dans une phase de mélancolie délirante. Mais surtout je ne comprenais pas "vit seule avec son chat". Je ne vivais pas seule, je vivais avec mon chat, une chatte, San (nommée d'après la princesse Mononoke) dont je m'occupais mal et qui s'occupait beaucoup de moi.
Je ne lavais pas mon appartement, je ne lavais pas mon corps, je mangeais le même repas McDo drive chaque soir, je buvais beaucoup d'alcool et prenais masse de traitement. Je voyais une psychiatre psychanalyste (sans résultat notable, mais elle voulait me voir 4*/semaine)(ce qui ne faisait que m'enfoncer davantage), bref :
Je vivais avec San, qui avait alors 4 ans.
San est une des personnes, des individus, les plus importants pour moi, avec l'être aimé. Cette petite personne toujours très digne et courageuse m'a toujours été attachée, m'a toujours aimée, m'a toujours soignée. Elle est vraiment ma chatte nurse, comme J l'est pour mon ami-e S. On entend dire que les chats sont cyniques, très indépendants, s'en foutent des humains quand on les nourrit. C'est à peu près vrai pour quelques rares individus, sinon un lien, différent avec chaque animal comme il le sera avec chaque humain, s'établit e peut être extrêmement fort.
Je n'étais pas isolée. Malgré mon état de déréliction qui m'a vaolu harcelement et mobbying j'avais des collègues, des ami-e-s sûr-e-s, mes parents. Mais sans San j'aurais été totalement seule face au mal.
J'ai lu plusieurs questions et témoignages de personnes NAPA inquiètes de ne pas savoir s'ocuuper de leur animal, voire de la maltraiter.
Alors je dois être courageuse mais surtout honnête : je n'ai pas vraiment été blanc bleu avec San. Je la catapultais le matin quand elle venait me réveiller. Mon angoisse quasi constamment paroxystique la contaminait. Je ne changeais pas sa litière. Je ne nettoyais pas ses gamelles qui parfois étaient infestées de vers. On vivait dans la crasse la douleur et l'inquiétude. Mais une chose existait : je l'aimais et elle m’aimait. San m' TOUJOURS soutenue, dans mes déménagements, ma maladie, mes differentes liaisons. San n'a que deux peurs : me perdre et l'orage. Elle aurait pu se barrer mille fois. Elle a eu une amie humaine avec qui elle a tissé un lien très fort (la femme de ménage de l'immeuble, qu'elle attendait, suivait durant le menage, répondait en miaulant, calinait, choses qu'elle n'a jamais faites avec moi) Elle n'a jamais voulu partir avec cette amie. San, simplement, ronronne immediatement quand je pose juste ma joue contre son flanc, et si je suis malade physiquement ou psychiquement, elle vient vers moi avec beaucoup d'intéret et de sollicitude, jusqu'à ce que ça aill mieux.
J'ai eu plusieurs chats mais la personne qui vit encore avec moi aujourd'hui est Clotilde. San a 17 ans, Clotilde en a 6. J'ai adopté Clotilde dans un moment charnière de ma vie. Ayant repris une activité pro mais recemment en arrêt maladie, me remettant d'un gros traumatisme avec enormement de cauchemars et de réminiscences, je ne sortais pas de chez moi. Sauf pour faire les courses. Ainsi jeme suis occupée à fond de ce bébé de un mois, tandis que San, me voyant moins mal, prenait son indépendance et passait du temps en exterieur ainsi qu'avec sa pote humaine. J'ai "construit" clo qui 'ma construite. On a encore une relation très calinou et fusionnelle qui est très differente de celle avec San. Mais, San ayant moins besoin de moi j'ai eu le grand honneur d'être responsable de la croissance d'un micro chat. J'ai trouvé un équilibre, suis allée consulter une psychologue geniale qui m'a fait beaucoup de bien, ai reconstruit mon existence brique après brique, avec cette nouvelle personne.
Aujourd'hui nous sommes installées à la camapgne avec l'être aimé humain. C'est la retraite de San et la récré de Clo, qui prend plaisir à beaucoup chasser (c'estt encore un bébé, tout ce qui est ludique lui palit".
Nous NAPA avons peur de faire du mal à nos compagnon-ne-s, nos animaux. Nos avons des mouvements d'humeur, une cuillere par jour en phase depressive et nous culpabilisons. Je ne culpâbilise plus pour San. Elle a fait avec ma violence. Elle a vu autre chose que cette déréliction aussi en moi.
Nous vivons désormais à 6 : les deux humains, San, Clo, Lubs le chat de l'être aimé que j'aime comme mon propre chaton, et Grisou, mon frère, que mon père m'a confié avant de décéder.
Chamille nombreuse chamille heureuse :)
mardi 22 mai 2018
La fatigue
La fatigue peut être physique (manque de sommeil, beaucoup d'exercice, maladie, carence,...) ou psychique (je dirais à peu près les mêmes causes, mais psychiques)
Elles peuvent aller de pair, ou pas.
Je suis habituellement, hormis quelques bobos, en forme physique. Ma fatigue psychique par contre évolue au fil du mois, souvent 15j de pêche vs 15j de mollesse. Et, la plupart du temps, mon corps suit : quand je suis dynamique psychiquement, je peux faire à peu près toutes les activités que je veux, quand je ne le suis pas, le corps se contente de rester assis sur la chaise en scrollant des lolcats.
L'autre spécificité de la fatigue, qu'elle soit physique ou psychique, est qu'elle est subjective. Je dirais plutôt, en fait, qu'elle ne se mesure pas : tout juste pouvons nous dire "je suis fatigué-e, je n'ai pas dormi/ fait un trekking/bossé dix heures/whatever"
Ainsi communiquer sur son état de fatigue peut être délicat. Il y a le risque que la fatigue ne soit pas correctement prise en compte, qu'on trouve que j'en fais trop, me plains tôt, ou simplement qu'on oublie que je suis fatiguée une heure après l'annonce (ou 5 minutes hein)
Il existe la théorie des cuillères, mais je n'arrive pas à en retrouver dans ma mémoire la parentalité. Mise au point au départ il me semble pour les maladies chronqiues physiques, elle a été adaptée pour les TSA et au final pour tout le monde de pas dans le moule.
Disons qu'on a dix cuillères d'énergie par jour. Dix unités quoi, matérialisées par des cuillères. Pour une personne en santé, se lever le matin prendra une cuillère, se laver s'habiller deux, travailler quatre etc. Pour une personne en état dépressif ou en crise de SED, se lever prendra dix cuillères ou ne sera simplement pas possible : impossible donc, faute de cuillères (d'energie) de se doucher, travailler, ou bavarder avec ses potes. Ou alors on fait des choix : si je ne me douche pas, je peux sortir acheter le pain => le nombre de cuillère est de toutes façons limité.
Fatigue phy et fatigue psy se confondent souvent. A toustes on reprochera "la flemme" "une tendance à la procrastination" "le manque de volonté". La volonté n'existe pas, l'énergie oui.
On peut plus ou moins agir sur son état de fatigue. Un-e insomniaque pourra prendre des huiles essentielles en diffusion le soir, ou des hypnotiques, ou faire de la relaxation, ou se bourrer la gueule ou se défoncer pour pouvoir dormir, ou whatever, et ainsi grapiller 4h de sommeil par jour ou nuit et être un peu moins fatigué-e. Un-e algique chronique des mains pourra reporter sa prise de morphine de vingt minutes pour aller chercher un recommandé à la Poste, au prix de grandes souffrances. D'autres n'y pourront mais.
Mon conjoint a du mal à saisir cela. Lui même est dur à la douleur (diabetique insulino dependant, événements de vie délicats,...) et je dois dire très à l'écoute : il me croit quand je lui dis que je suis fatiguée.
Là où les choses se gâtent, c'est quand les deux fatigues se mêlent et se démêlent en sarabande.
Car actuellement je suis fatiguée physiquement. Cela fait une année que je me plains de fatigue chronique sans que je sache si ma fatigue est physique ou psychique au juste, ou les deux. Et toi qui es fatigué-e tu sais : les médecin-ne-s s'en tapent souvent pas mal.
Deux événements sont quand même parlant : mon père est mort en novembre dernier (deuil, fatigue psychique) , je me suis spontanément fracturé un pied (fatigue physique).
Or, pour la première fois de ma life, depuis deux jours, je suis hyper en forme psychiquement (toujours aux grands changements de saison, tournant de mon deuil etc), mais mon corps reste complètement crevé, avec des vertige et une énergie à Z.
Et voilà où je me frustre et où l'aimé s'énerve, et où je comprends mieux les malades phy chrniques : je me lance dans plein de trucs mais je suis HS au bout de cinq minutes maximum.
Mon corps est pas ok avec mon activité psychique.
Ma tête tourne, je sens mes jambes peser des centaines de kilos, mais je veux gambader partout, laver a fond la poubelle ménagère, recurer le four et faire l'amour comme une bête.
En gros j'ai vingt cuillères psychiques et deux cuillères physiques.
"Mais tu es en forme" dit l'aimé. "Oui, j'ai le moral mais je suis fatiguée"
ET voilà, je n'ai plus qu'à lui faire lire l'article. Fatigué-e-s de tous les pays unissons nous
Elles peuvent aller de pair, ou pas.
Je suis habituellement, hormis quelques bobos, en forme physique. Ma fatigue psychique par contre évolue au fil du mois, souvent 15j de pêche vs 15j de mollesse. Et, la plupart du temps, mon corps suit : quand je suis dynamique psychiquement, je peux faire à peu près toutes les activités que je veux, quand je ne le suis pas, le corps se contente de rester assis sur la chaise en scrollant des lolcats.
L'autre spécificité de la fatigue, qu'elle soit physique ou psychique, est qu'elle est subjective. Je dirais plutôt, en fait, qu'elle ne se mesure pas : tout juste pouvons nous dire "je suis fatigué-e, je n'ai pas dormi/ fait un trekking/bossé dix heures/whatever"
Ainsi communiquer sur son état de fatigue peut être délicat. Il y a le risque que la fatigue ne soit pas correctement prise en compte, qu'on trouve que j'en fais trop, me plains tôt, ou simplement qu'on oublie que je suis fatiguée une heure après l'annonce (ou 5 minutes hein)
Il existe la théorie des cuillères, mais je n'arrive pas à en retrouver dans ma mémoire la parentalité. Mise au point au départ il me semble pour les maladies chronqiues physiques, elle a été adaptée pour les TSA et au final pour tout le monde de pas dans le moule.
Disons qu'on a dix cuillères d'énergie par jour. Dix unités quoi, matérialisées par des cuillères. Pour une personne en santé, se lever le matin prendra une cuillère, se laver s'habiller deux, travailler quatre etc. Pour une personne en état dépressif ou en crise de SED, se lever prendra dix cuillères ou ne sera simplement pas possible : impossible donc, faute de cuillères (d'energie) de se doucher, travailler, ou bavarder avec ses potes. Ou alors on fait des choix : si je ne me douche pas, je peux sortir acheter le pain => le nombre de cuillère est de toutes façons limité.
Fatigue phy et fatigue psy se confondent souvent. A toustes on reprochera "la flemme" "une tendance à la procrastination" "le manque de volonté". La volonté n'existe pas, l'énergie oui.
On peut plus ou moins agir sur son état de fatigue. Un-e insomniaque pourra prendre des huiles essentielles en diffusion le soir, ou des hypnotiques, ou faire de la relaxation, ou se bourrer la gueule ou se défoncer pour pouvoir dormir, ou whatever, et ainsi grapiller 4h de sommeil par jour ou nuit et être un peu moins fatigué-e. Un-e algique chronique des mains pourra reporter sa prise de morphine de vingt minutes pour aller chercher un recommandé à la Poste, au prix de grandes souffrances. D'autres n'y pourront mais.
Mon conjoint a du mal à saisir cela. Lui même est dur à la douleur (diabetique insulino dependant, événements de vie délicats,...) et je dois dire très à l'écoute : il me croit quand je lui dis que je suis fatiguée.
Là où les choses se gâtent, c'est quand les deux fatigues se mêlent et se démêlent en sarabande.
Car actuellement je suis fatiguée physiquement. Cela fait une année que je me plains de fatigue chronique sans que je sache si ma fatigue est physique ou psychique au juste, ou les deux. Et toi qui es fatigué-e tu sais : les médecin-ne-s s'en tapent souvent pas mal.
Deux événements sont quand même parlant : mon père est mort en novembre dernier (deuil, fatigue psychique) , je me suis spontanément fracturé un pied (fatigue physique).
Or, pour la première fois de ma life, depuis deux jours, je suis hyper en forme psychiquement (toujours aux grands changements de saison, tournant de mon deuil etc), mais mon corps reste complètement crevé, avec des vertige et une énergie à Z.
Et voilà où je me frustre et où l'aimé s'énerve, et où je comprends mieux les malades phy chrniques : je me lance dans plein de trucs mais je suis HS au bout de cinq minutes maximum.
Mon corps est pas ok avec mon activité psychique.
Ma tête tourne, je sens mes jambes peser des centaines de kilos, mais je veux gambader partout, laver a fond la poubelle ménagère, recurer le four et faire l'amour comme une bête.
En gros j'ai vingt cuillères psychiques et deux cuillères physiques.
"Mais tu es en forme" dit l'aimé. "Oui, j'ai le moral mais je suis fatiguée"
ET voilà, je n'ai plus qu'à lui faire lire l'article. Fatigué-e-s de tous les pays unissons nous
Validisme en milieu PA/NA ?
Dans le milieu militant psychoatypique et neuroatypique on compare souvent les affections psychiques et physiques pour dire qu'en gros on ne nous dirait pas autant de conneries ("fais du sport" "bois de la tisane" "fais de la meditation/du yoga/un régime sans lactose" "fais pas ton intéressant-e") et je dois dire que ça nous fait du bien.
Genre les normauxles se rendraient compte si on tétait en fauteuil roulant/avec un platre/whatever.
Or non, mes pote-sse-s, nous nous trompons je crois.
Je navigue un peu sur des groupes, sites, blogs, de personnes à "mobilité réduite", vivant avec une maladie chronique/orpheline, des douleurs chroniques.
On leur sort la même merde, tout le temps.
Les valides normopathes leur disent de se bouger, de faire des cataplasme d'argile verte, de prier, de pas faire chier, d'être inspirant-e-s, d'êtres UTILES (comprendre performant-e-s dans un taff rémunéré), bref de fermer leur gueule et crever en silence si possible.
Pour beaucoup nous PA sommes physiquement valides. Et, non concerné-e-s, nous ne nous rendons pas compte.
Et nous disons, halala, si ma pathologie/mon handicap était somatique, on me traiterait bien.
C'est dire à nos frères et soeurs handi-e-s "vous avez bien de la chance, vous on vous écoute/soigne/aide"
Trois fois non. Je prône la cessation de l'utilisation de cette comparaison stérile, et offensante à mon sens envers les handi-e-s/malades chroniques/algiques chroniques, et la convergence de nos luttes. Surtout qu'il est possible de cumuler.
T'en penses quoi ?
lundi 21 mai 2018
"Vous et Nous" Nous sommes parmi vous
Des deux bords de la psy (être fol, être soignante) j'entends parler de "eux et nous" "vous et nous". Vous les soigné-e-s nous les soignant-e-s.
De la part des soignant-e-s ça peut être très violent. Je me rappelle d'un Noël passé en HP. Pour marquer le coup l'équipe avait préparé toasts au pâté et autre et jus de fruit pour boire l'apéro avant le repas un peu amélioré servi par les cuisines à tous les services. Celleux qui ont vécu les fêtes à l'hosto savent : on est peu nombreuxses en tant qu'usager-e-s, tout le monde fait un peu la gueule, est un peu plus fragile, et on était une demi douzaine autour des tables rassemblées en gros carrés.
Une ASH suûrement avec la lose de travailler le 24 Décembre au soir faisait un peu la gueule et nous admonestait d'attendre "que tout le monde soit là", c'est à dire un usager qui avait un peu disparu (il était allé consommé en ville en fait) et deux infirmières qui finissaient de ranger le chariot de médicament. Festif de se faire aboyer dessus, et si elle n'était pas ravie de TAFFER le soir du réveillon, elle n'aurait pas dû nous le faire subir à nou-e-s qui ETIONS HOSPITALISES le soir du Réveillon.
Bref un patient fort psychotique et dans son monde a pris un toast, j'ai fini par faire pareil (on attendait de dammer depuis une heure, j'étais fatiguée, je voulais aller me coucher) et cette ASH a hurlé "ON VOUS A DIT D'ATTENDRE ! J'en ai marre, avec eux on peut jamais faire les choses bien"
OK
Je me suis levée, suis allée sur une chaise attendre le traitement de nuit et l'ouverture des chambres (parce que dans ce service on nous enfermait hors des chambres, soit disant pour qu'on larve pas toute la journée et dorme pas la nuit), je n'ai pas mangé, et j'ai contenu très fort mon envie de balancer une chaise contre une fenêtre pour éviter d'en plus de Noël passer la Saint Sylvestre sanglée en chambre forte.
La violence.
Aucune infirmière ne l'a reprise (parce qu'on critique pas un soignant devant les patients), aucune n'est même venue me voir pour me proposer quoi que ce soit, me demander quoi que ce soit ni pourquoi je refusais de manger. Le corporatisme.
Eux.
Nous.
Ici la ligne, comme la ligne de confidentialité à la pharmacie.
Eux ce sont des fols, nous nous sommes des normaux.
Nous on bosse, eux ils sont payés à glander et en plus ils nous font chier ils sont demandeurs.
Bref.
Cependant de par le respect (qui se dilue heureusement mais qui semblait inné voilà encore quelques années) envers le corps médical et para médical, les failles des fols, nos traumatismes passés, l’habituation à la maltraitance institutionnelle, le fait qu'aucun-e soignant-e n'avouera qu'un-e de ses collègue a déconné, que le médecin est un trou duc etc... Nous aussi nous mettons cette frontière.
Il y a nou-e-s, les pas normaux, les brindzingues, les hospitalisé-e-s, les cassé-e-s, les lumineuxses, les fort-e-s à foison, les originauxles, les pertinent-e-s, il y a nou-e-s et il y à eux.
Hors il y a des eux chez nous et des nous chez eux, la frontière n'est que mentale.
Par exemple je suis infirmière retraitée, et malade schizo rétablie, avec un parcours en psy un peu plus long que ma carrière de soignante.
Par exemple mon pharmacien, Mr Z est phobique social, alors qu'il est Dr en Pharmacie et possède son officine. A chaque client-e qui entre il fait une petite attaque de panique.
Par exemple le chef de service de l'unité voisine de celle où j'ai travaillé était dépressif mélancolique. Il n'en parlait pas, il ne se mentalisait pas malade. ET puis il a parlé de plus en plus de la mort. Ses confrères médecien-e-s n'ont pas voulu lui imposer de traitement ou d'hsopit à lui parce que quand même c'est un grand psychiatre. Au final il s'est pendu dans son bureau. Des nous meurent de se croire uniquement eux, des nous meurent d'être eux et pris pour eux, donc normal, donc a "protégé" (lol de pierre)
Par exemple des usager-e-s meurent parce que eux pensent que nous racontons de la merde et ne s'occupent pas des symptômes somatiques que nous décrivons.
Mais nous, nous sommes partout. Il existe des député-e-s alcoolo dependants, des patissiers bipolaires, des infirmières schizo affectives, des médecins psychiatres mélancoliques, et des fous hospitalisés infirmiers, architectes, ouvrier-e-s, sociologue ou archéo.
Vraiment si une chose est dans la tête c'est pas la souffrance (blague éculée) mais la barrière entre elleux et nou-e-s. On ne sait pas toujours si notre boulanger n'a pas été arrêté six mois pour telle ou telle raison psychique et n'est pas revenu faire son bon pain sans paraitre fou. On est parmi eux. Parmi les soignant-e-s et dans toute la société. Dans tous les corps de métiers. On est dans l'armée, dans la police, dans l'assemblée, en bibliothèque, dans les écoles, les facs. Nous sommes partout.
Notre regard sur eux et nous, je nous invite à le modifier, prendre un autre point de vue. Un peu à la "les fous dominent le monde". Les fous aussi construisent le monde, éduquent, enseignent, soignent, pansent, opèrent, dirigent, sont dirigé-e-s.
Nous sommes infiltré-e-s.
vendredi 27 avril 2018
Tout ce que l'on pardonne
Un petit billet sans trop de rapport avec les psychiatypicités.
J'ai été violée plusieurs fois et quand je raconte ça, des gen-te-s, hommes cis comme femmes, me demandent (en 2018) pourquoi je ne me suis pas débattue, quand c'était mon mec, pourquoi j'ai pas quitté mon mec ?
Comme si'elles ne savaient pas tout ce que l'on pardonne.
Comme si le consentement, aussi, était aussi simple que d'accepter ou refuser une tasse de thé. Comme j'ai pu le lire, on fait comment quand on veut le lait et le sucre mais pas le thé ? On se fade le thé quand même. Ca devrait être simple pour cellui qui se voit opposer un refus, mais les ramifications sont multiples.
Histoire de, je vis désormais avec un homme qui est décent, qui connait le terme de consentement, pour qui c'est clair.
Mais oui, le mec qui veut absolument des rapports sexuels alors que je me suis lamé les cuisses et que je ne veux pas qu'il les voit (encore moins les touche) Le mec qui me prend par surprise dans notre lit et rit ensuite, quand je lui dis "j'étais pas d'accord" parce que ça lui semble une bonne blague à me faire, très virile, très ironique, très "je suis ton mec c'est pas un viol".
Alors pourquoi on se débat pas ? Pourquoi on ne dit rien, ou plus tard ? Pourquoi on ne porte pas plainte ? (spoiler : parce que la majorité des plaintes n'aboutissent à rien si ce n'est à encore plus d'humiliation par la maréchaussée)(et à un moment faut arreter de parler de formation, je sais bien qu'on demande pas des qualités humaines pour être flic, mais juste comprendre ce qu'on nous dit et enregistrer la plainte ça demande pas un DU) Pourquoi on se tait, oui, surtout entre nous.
Pourqoi on aime notre mec même s'il insiste le soir pour baiser alors qu'ona pas envie.
Tout ce que l'on pardonne, pour pas blesser l'autre, pour pas le faire se sentir mal. Tout ce que l'on pardonne pour que ce qu'il nous impose, il n'aille pas le faire à une autre. Moche
J'ai été violée plusieurs fois et quand je raconte ça, des gen-te-s, hommes cis comme femmes, me demandent (en 2018) pourquoi je ne me suis pas débattue, quand c'était mon mec, pourquoi j'ai pas quitté mon mec ?
Comme si'elles ne savaient pas tout ce que l'on pardonne.
Comme si le consentement, aussi, était aussi simple que d'accepter ou refuser une tasse de thé. Comme j'ai pu le lire, on fait comment quand on veut le lait et le sucre mais pas le thé ? On se fade le thé quand même. Ca devrait être simple pour cellui qui se voit opposer un refus, mais les ramifications sont multiples.
Histoire de, je vis désormais avec un homme qui est décent, qui connait le terme de consentement, pour qui c'est clair.
Mais oui, le mec qui veut absolument des rapports sexuels alors que je me suis lamé les cuisses et que je ne veux pas qu'il les voit (encore moins les touche) Le mec qui me prend par surprise dans notre lit et rit ensuite, quand je lui dis "j'étais pas d'accord" parce que ça lui semble une bonne blague à me faire, très virile, très ironique, très "je suis ton mec c'est pas un viol".
Alors pourquoi on se débat pas ? Pourquoi on ne dit rien, ou plus tard ? Pourquoi on ne porte pas plainte ? (spoiler : parce que la majorité des plaintes n'aboutissent à rien si ce n'est à encore plus d'humiliation par la maréchaussée)(et à un moment faut arreter de parler de formation, je sais bien qu'on demande pas des qualités humaines pour être flic, mais juste comprendre ce qu'on nous dit et enregistrer la plainte ça demande pas un DU) Pourquoi on se tait, oui, surtout entre nous.
Pourqoi on aime notre mec même s'il insiste le soir pour baiser alors qu'ona pas envie.
Tout ce que l'on pardonne, pour pas blesser l'autre, pour pas le faire se sentir mal. Tout ce que l'on pardonne pour que ce qu'il nous impose, il n'aille pas le faire à une autre. Moche
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