mardi 9 février 2016

Psychiatrisation psychologisation à outrance



Voilà un travers que j'ai longtemps eu, les interprétations sauvages de faits, gestes, mots, comportements de mes proches ou moins proches. Les lapsus, les actes manqués, les "dénis" (quand on commence hors contexte pro à employé le "iel est dans le *" ça part mal), les forclusions, j'en passe (cocher tous les mécanismes de défense répertoriés), sans parler de ce qui est connu comme pathologie psychiatrique, de structure de personnalité, c'est festival.

Je m'en suis plus ou moins dépouillée, cela m'a fait du bien de me peler de ce "bagage" me concernant (s'envisager avec moins de filtre, nuancer, se redécouvrir avec fraîcheur) et je me rends compte, depuis une année, que cela est bénéfique pour moi et autrui d'envisager les autres avec simplicité et ouverture.

Le terme "psychosomatique" m'a décollé la pulpe le premier, voilà longtemps. Que je pense de moi-même, que quelqu'un pense d'iel-même qu'un symptôme organique est une manifestation de problème psychique, très bien. Sinon, on n'a avancé ni dans le psycho ni dans le somatique. Mal de dos plein le dos, cystite "besoin de marquer sa place" (oui, réellement entendu à mon propos), j'en passe...

J'ai tellement envie de dire "foutez la paix à mon inconscient". Si je suis "dans le déni" me le dire ne m'avancera pas, je vous l'assure. Si je suis "dans le déni" il y a une bonne raison à ça. Si je dis "à très bite" en lieu et place de "à très vite", je pensais peut-être à une bite, ma langue a peut-être fourché, ça peut être rigolo, gênant en situation officielle, mais pas plus. Si je casse un verre c'est que je manipule mal et brutalement les objets, je n'ai pas le désir inconscient de briser quoi que ce soit entre nous. ET même si c'était le cas, si ça peut se régler en brisant un simple verre, n'est-ce pas très bien ?

Bien sûr je passe sur tous les diagnostics et refus de mon diagnostic de la part de gens bienveillants. Sérieux, l'enfer est pavé de bonne volonté : tu es parano, tu es perverse, tu es... Tu n'es certainement pas schizophrène, j'en connais ielles sont pas comme toi (scoop, les gen.te.s sont toustes différent.e.s)

Je suis agacée dans l'écrit mais je m'admoneste moi-même de la même façon, psychologiser autrui c'est être, bien souvent, dans une forme de jugement, de jugement pernicieux car c'est un jugement qui porte sur les différences psychiques, neurobio, où la frontière est toujours fine et poreuse entre "tu te fais du mal en étant dans le déni" et "c'est mal d'être dans le déni" avec un fort soupçon de "mais tu vas te rendre compte que tu es en dépression caractérisée nom de dieu ?!".

J'en appelle à moi-même , à rester simple, ouverte, à essayer d'accueillir l'autre (ou pas trop ou moins) sans ces filtres qui sont mes protections à moi contre le malaise lié à l'altérité. Sans fascination pour le "bizarre", le "différent", le "folklorique", mais sans crainte et défense de cet ordre. C'est un travail délicat, pour moi, de me défaire de cette tenue, mais je n'avance pas toute nue. Sans doute, j'évite certaines personnes, par flip. Je n'ai pas vocation à être tendre avec tout le monde, et personne ne me le demande d'ailleurs. Et me défaire de cela me demande de me défaire des transpositions sauvages, raisonnements bancals et comparaisons tout aussi bancales...


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