jeudi 21 avril 2016

(Début des) troubles et âgisme






Adolescente j'ai débuté les troubles "explosifs". Entendons-nous bien, avant, mon mal-être se voyait, mes parents l'avaient constaté, certain-e-s professeur-e-s aussi. Mais il s'agissait de dépression, je lisais beaucoup "pour m'évader" et avais de bons résultats scolaires et finalement ça n'avait d'incidence sur la vie de personne, sauf la mienne (si toi aussi t'es depressif-ve et qu'on t'invisibilise tape dans tes mains)

Au décours d'une déception amoureuse j'ai fait une tentative de suicide et à cette occasion vu un généraliste (qui m'a dit en gros que quoi de plus naturel pour une jeune femme de se tuer par amour et t'en verras d'autre allez bon courage) et puis "c'est parti en roue libre". Beaucoup d'alcool, de canabis, des expériences, des partenaires sexuels qui variaient beaucoup (je ne considère pas cela comme un symptôme, mais cela m'a été désigné comme tel), des scarifications, brûlures, maltraitances, des privations de nourriture, eau, sommeil. Des troubles du comportement (engueulades avec ma mère qui avait ma charge, parfois l'on se battait) et puis le début de la jalousie pathologique et son cortège de "scènes", abus de ma part, violences verbales.

Alors on me disait "ado difficile", "ça va passer avec l'âge", "tu es comme tous les ados tu veux être différente" (sauras-tu trouver l'injonction paradoxale qui se cache dans cette phrase ?), "tu fais des expérience" etc
Si bien qu'on est toustes tombé-e-s dans le truc du "c'est l'adolescence". Je me suis dit a posteriori que c'était juste ma famille et moi les déconnant-e-s.
Et puis j'ai discuté avec des gen-te-s, des ados, alors des qui allaient bien, et il n'y avait pas la célèbre "crise d'ado", comme quoi visiblement ce n'est pas obligatoire. Et aussi, des gen-te-s qui allaient mal et aussi visiblement c'était pas lié à l'âge.

Que je sache tous les hommes blancs hetero de 50 ans ne sont pas en situation de souffrance extrême et de détresse, pourtant on parle de "la crise des 50 ans". Une "crise" si crise il doit y avoir, n'a pas forcément à porter atteinte à l'intégrité psychique et physique de cellui qui la vit. C'est une période de bouleversement qui peut être intense et positive débouchant sur un changement. Si ce changement est la mort psychique et/ou physique, il y a un problème, non ?

Le même généraliste vu précédemment avait d'ailleurs refusé de me diriger vers un-e médecin psychiatre alors que je demandais "un travail plus approfondi" sous la raison qu'il n'allait "pas [me] psychiatriser à [mon] âge"
Je sais pas, je ne lui ai pas dit "pitié, envoyez moi 6 mois en Unité pour Malades Difficiles" ni "gavez moi de neuroleptiques", je souhaitais entamer une psychothérapie.
Il y a un âge pour entamer un travail par la parole ? Et jusqu'à cet âge, c'est comme pour le RSA, on peut galérer la gueule ouverte ?

Je ne souhaite pas non plus culpabiliser les parent-e-s plus que ça, parce qu'ok c'est compliqué. Mais les ados ne font pas forcément de "crise", si votre enfant-e se scarifie, cesse de manger, pleure ou est triste sans cesse, se plaint d'angoisse, ce n'est probablement pas une passade, ni pour "se rendre intéressant-e", ni les hormones (pitié, pas les hormones), ni bien naturel quand on a un chagrin d'amour. Ça n'a rien de naturel de tenter de mourir. Là, l'âgisme se couple à la psychophobie pour un cocktail insupportable pour cellui qui débute des troubles, vit des troubles d'ordre psy, invisibilisé plus que jamais, avec un accès difficile aux soins puisque le plus souvent dépendant de ses parent-e-s financièrement et pour les droits Sécu, cela entraine un diagnostic et des soins beaucoup plus longs à venir, et un lot de souffrance.

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