jeudi 7 juillet 2016

Neuroatypique, neurotypique ?






La question se pose régulièrement, ai-je vu, sur les réseaux sociaux, et je me la pose aussi, la question de l'ontologie des neuroatypies, quelle est notre essence, comment (se) définir NA ou pas et l'éternelle petite rengaine "Qu'est-ce qui vraiment différencie un-e NA d'un-e NT ?"


Nous pouvons revenir sur le terme précis de "neuroatypiques" qui a je crois été créé par des personnes avec autisme ou traits autistiques et désignait au commencement les "neuirodivergents" (dys*, personnes avec autisme, personnes HQI, HP,...)
Puis et dans le même élan nous, fous, nous sommes greffés. J'ai pu lire aussi que cela déplait parfois aux initiateurs, mais mes petit-e-s potes-se-s nous avons l’habitude de déplaire [insérer un sourire de Cheshire]
Je ne tiens pas au terme Neuroatypique en soi, je dis de moi malade, vivant avec troubles, handicapée, invalide, fou, le terme "anormale" me plait aussi, en opposition aux "normaux", cela pour mes préférences personnelles.
Avec "NA" est né "Psychophobie", discrimination, oppression, envers les fous-anormaux-NA-whatever et lutte contre cette psychophobie.

Il et compliqué de nous trouver un dénominateur commun, souvent se pose la question des personnes avec addiction, également, mais comme a dit un-e ami-e "les drogués et les tarés tout le monde s'en fout"

Nous définissons-nous par rapport à une particularité cérébrale, une neurodivergence, un "câblage" atypique ?
Moi non, il y a sans doute de ça (les neurosciences nous en apprendrons plus) mais je ne me définis pas que comme ça.
Par rapport à un diagnostic ?
Perso, pas seulement, des diagnostics j'en ai eu plein et quand j'y pense ils voulaient tous dire la même chose : que j'étis différente, anormale, et pour moi que je souffrais et galérais. Certaines personnes n'ont pas de diagnostic, ni d'autodiag : difficulté à trouver un-e spécialiste, appréhension/ non volonté de consulter, nombreux spécialistes consultés sans obtenir de diagnostic, non volonté de s'inscrire et d'inscrire son vécu et son expérience sous une étiquette psy (je vous renvoie à Foucault et à la façon dont certains comportement, certaines manières d'être ont été inscrites dans un abondant et précis discours pour les médicaliser, les renfermer - renfermer celleux qui le vivent)
Par rapport à une marginalisation, une perte quelconque d'autonomie ? Des bizarreries flagrantes ?*
Toujours pas : stabilisée, et c'est de cela dont j'ai titré le blog Schizonormale je semble comme vous et moi.Pourtant je suis folle, par moments, je dois prendre un traitement, avoir un suivi. Pourtant j'ai souffert et souffre de psychophobie, régulièrement.

La question reste glissante et limite trigger pour nombre de NA, tant on a entendu "on est tous un peu fous" "je te connais tu n'es pas vraiment schizophrene" "moi aussi je suis un peu fou-j'ai des coups de mou parfois - on a tous nos problemes" ce qui sont des moyens de silencier nos vécus et nos vies. En même temps n'est-ce pas c'est le discours du groupe dominant qui se sent exclu pour une fois dans sa fucking life d'un groupe et le supporte mal. Sans compter que les folies drainent dans l'imaginaire un flot de fantasmes exotisants, romantisants, fascinants.

Alors, et du fait de nos parcours nous sommes si different-e-s les un-e-s des autres, pathologies differentes, cerveaux differents, vies differentes... Je prends le parti de définir mon anormalité par rapport à ce que le groupe normal me renvoie. Je suis NA car jke souffre de psychophobie, parce que ça m'a rendu difficile l'accès à l'emploi, à la vie stable, parce qu'à la banque on m'a ri au nez (true story) car j'étais sous curatelle d'Etat, parce qu'on m'a évitée dans la rue du fait de mon étrangeté/ma saleté (défaut d'autosoin), car on m'a traitée de folle, de tarée, de cinglée, de parano, de chtarbée, parce que quand je dis que je suis schizophrène les gen-te-s sont le plus souvent mal à l'aise, parce que la société présente les schizo comme des personnes avec deux personnalités dont une malefique, parce que les thrillers, parce que je subis une oppression systémique fondée depuis des millénaires, de nef des fous en insulinothérapie, de sangles en "on vous rappellera"
On ne peut définir la normalité, elle est mouvante à travers les âges et les lieux. On peut cerner avec souplesse celle d'un groupe. On peut voir le groupe des "normaux" réagir (et rejeter, souvent) ce qui diffère, pour se rassurer sur sa propre force et inocuité à la fois et oui, on le sait, bien souvent, quand on est cellui qui diffère. Je définis ainsi ma différence, mes troubles, en faux, ensuite il y a des milliers de degrés et pas de juge pour trier à l'entrée des groupes "toi t'es NA toi t'es normal-e toi je sais pas trop reste dehors reviens plus tard" Et ensuite je me calme et déclare : je suis unique, comme tout le monde *"




*mis moi plus, haha

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