vendredi 28 septembre 2018

Mon corps et ma psychose

Le corps dans la psychose est vécu de façon... étrange, pârfois exterieur, parfois mort, animal, monstrueux ou robotique.

Très longtemps j'ai été quasiment insensible à la douleur et je confiais mon corps à tout et tous, en pleine confiance ou inconscience. J'ai ainsi laissé faire de nombreux et douloureux et longs soins dentaires sans broncher, en étant "tr-s sage" disait le dentiste à ma maman. Je me laissais faire des examens désagréables et douloureux très passivement (fibroscopie gastrique sans anesthésie) Je me laissais toucher pénétrer et caresser sans forcément de plaisir, plutôt avec résignation et sentiment de fatalité (mention speciale au généraliste qui m'a violée digitalement à de nombreuses reprises jusqu'à ce qu'il veuille me couper de mes parents et que mon père me dise de ne plus retourner le voir)


Longtemps ça a été ça : mon corps, cet étranger.


Et puis il y avait ce conflit avec lui, conflit qu'ont consolidé et majoré des soignant-e-s maltraitants. Je m'en voulais d'avoir un corps si lisse et pur alors qu'interieurement je me sentais indigne et déguaulasse. J'ai essayé de me laisser mourir de faim. J'ai été maigre. Ca me plaisait d'être maigre et de ne plus avoir mes règles, mais je n'étais pas dysmorphophobe et n'avait pas de passion pour le comptage des calories. Je voulais le priver. Ca a été le priver de bouffe, d'eau, de sommeil, le battre avec des boucles de ceinture, prendre des bains glacés. Pas pour le sentir : je ne le sentais pas. Pour qu'enfin il reflète le monstre intérieur que je me sentais, et pour me punir à ma juste mesure d'être un être étrange et déviant.
Ca a été me couper ensuite. Un bras si lisse, une peau si douce ? Coup de lame de rasoir. Stigmate ? Alors je me couperai le haut des bras, l'arrière des mollets, la plante des pieds. Le sang semblait me purifier, je le voyais comme du pus, du mal qui sortait enfin de moi.
En HP ? J'ai demandé mon dossier. 20 ans plus tard, je me demande quelle sera la justification médicale de ce que j'ai entendu "Encore ce conflit avec le corps ? Bon, je vais recoudre sans xylo alors"

Ca a été prendre des cigarettes, de l'alcool, dès mes treize ans. Je ne pouvais pas rester pur, il fallait que mon exterieur se montre sali. Après, ça a eu un effet anxiolytique et l'addiction s'est enclenchée.

Ca a été prendre du poids. Pas par "peur du désir des hommes, couche de graisse protectrice". Par hyperphagie et désir, besoin de me gaver pour oublier le vide. Pro tip : ça protège pas du désirr des hommes. A nouveau j'étais touchée, pénétrée, manipulée, avec comme seul consentement le "bah, si tu veux".


Je me soignais pourtant, j'avais de mauvais soignants. Ou, comme le disent pudiquement mes nouveauxlles soignant-e-s qui ne veulent pas me perturber en denigrant un-e collegue, comme si l'ensemble des psy de france etait un couple parental qui devait rester coherent "qui ne me convenait pas"


J'ai appris à m'aimer, un peu. A force de soins, de vie, de bonnes rencontres. J'ai appris a etre moins passive. Sauf aux diktats : j'ai appris a mincir, me mettre de jolis vetements, me maquiller. Je ne m'aimais pas mais j'étais sans cesse validée. J'ai beaucoup couru les hot cam, les partenaires multiples. Me disant personne ne peut m'aimer, mais un coup de bite, c'est du désir, ça peut etre du plaisir, c'est comme un câlin.


A Toulouse j'ai été en état maniaque. Et très schizophrene. Je suis morte un jour, le 14 janvier 2008. Il avait beaucoup neigé, j'avais poussé mon scooter jusqu'à plus pouvoir, fait du stop, pris le metro. Je devais aller dans un refuge pour femmes, mais la neige était haute, mes muscles tremblaient, il faisait nuit et froid. Je me suis assise a terre, me laissant recouvrir par la neige peu à peu, et je suis morte. Puis le sens du devoir est venu, je me suis relevée et ai bataillé jusqu'au centre d'herbegement. L'éducateur qui m'a ouvert m'a dit "tu es en retard". Par contre, la patiente que je visitais a été.... d'une perfection parfaite. Elle m'a dit "tu as le cou cassé ce soir" "oui, je suis très fatiguée" "la princesse de switzerland doit trouver un chateau et dormir pour mille ans" "oui" (elle me savait suissesse)


Après ça je voyais mon psy parrfois. Je lui parlais de ce corps mort. De l'esprit qui devait fonctionner seul et actionner les membres jusqu'aux patients pour les soigner. De mon inhumanité. De l'odeur de moisi que je degageais malgré de nombreux changes.



Ca a été dur. Un jour j'ai pris conscience (pas en un jour ni en ce declic magique que nous vendent les nt qui n'y comprennent rien) que je n'étais pas en mon corps comme un pilote en son navire, que j'étais moi, corps, cerveau, que je meritais respect, soins de mon corps, dignité. Que je n'étais pas degueulasse, simplement schizophrene ("alors ce n'est que ça").



Tout ce que je peux en dire c'est que chaque fibre de mon corps desormais accueille et jouit du contact charnel de l'être aimé, et que je ne supporte plus que très mal les soins dentaires.

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