dimanche 30 septembre 2018

Mon outing, mes nouveaux privilèges

Pouvoir dire que l'on est schizophrene, pouvoir se balader les bras nus couverts de cicatrices, pouvoir être "raisonnablement bizarre", pouvoir dire qu'on a une invalidité psychiatrique, ce n'est pas une évidence du tout et c'est quelque chose que j'experimente depuis trois ans que je vis dans le sud ouest avec mon aimé, ses proches, ses collègues et qui est bienreçu.

J'ai conscience de cet immense privilège.


Alors tout d'abord dans ce milieu rural et dans cette région les gen-te-s sont super open et tolérant. Je viens de Thonon-les-Bains, moyenne ville bourgeoise et normative, où les gen-te-s sont froid-e-s et facilement rejetants. Ici je peux me montrer gentille (je ne me fais pas mousser, c'est ma super compétence) sans que cela soit pris comme une faiblesse, un signe de limitation intellectuelle, quelque chosed 'envahissant et agaçant.

Ici les habitant-e-s me trouvent simplement sympa et chou, iels accueillent cela avec beaucoup de bonheur. Ma candeur leur fait plaisir.

Je peux avoir un bon passing au niveau de la vêture, rarement discordant, amsi avec des extravagances : soit sapée limite pyjama, soit super sapée avec des fringues de princesse pour aller acheter du jambon ches Casino, ou avec un manteau en fausse fourrure rose fuchsia et TOUT LE MONDE S EN FOUT. Je peux enfin me sentir moi même sans subir de regard jugeant.


Quand je vais chez une nouvelle coiffeuse, ou esthéticienne, ou dans un magasin, les employé-e-s bavardent volotienrs. Je peux dire que je suis en retraite pour invalidité psy, que j'ai des troubles schizo affectifs et que je suis malade alcoolique, iels ne jugent pas. Iels disent "ah bon". Iels ne posent pas de questions invasives ou chelou. Iels ne me soupçonnent pas d'être criminelle, d'avoir deux personnalités dont une tueuse,iels ne me questionnent pas sur mes scars, iels s'en branlent allegrement et accueillent cela.

Idem pour les collègues de l'être aimé que je rencontre. Déjà je n'ai pas l'habitude de dire "je suis en retraite pour invalidité" sans subir mille question sur l'invalidité en question et être soupçonnée de gruger l'état et le contribuable et de me la couler dopuce par paresse. Les collègues de L ne me demande même pas quel est mon "visiblement invisible" handicap. Quand iels le font c'est bienveillant, il n'y a pas de remarque, mon diagnostic est accueilli sans préjugé. Je peux aussi dire "je ne bois pas, j'ai un probleme avec l'alcool" sans que l'on me jette des pierres.


Et franchement mes petit-e-s potes c'est tellement reposant. Quelque chose que je n'avais jamais connu. Pouvoir juste être malade, PA, différente, sans que cela soit perçu comme une menace ou une monstruosté.


Je vous souhate à toustes de connatre cela un jour.

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