vendredi 4 mars 2016

Sentiment d'horreur






Il m'arrive que depuis deux ou trois mois je me réveille.
Cela semble être le cycle habituel, une rechute, un an d'apathie.
Une année de manque d'énergie, une année où "ma" dépression, que je considère constitutionnelle, ou quasi, m'enveloppe tranquillement et pour tout dire insidieusement, me garde dans un grand calme.
Depuis deux ou trois mois je me réveille, je dors moins, j'ai davantage d'énergie pour faire des choses, à nouveau je plaisante beaucoup - je suis éveillée.
Ce qui arrive aussi c'est que j'oublie de prendre mon traitement du matin en me levant, parce que je ne suis alors pas la proie de "freins", d'événements étranges dans ma tête, je ne sens pas mon cerveau "vibrer", je ne sens pas l'intérieur de moi en décalage avec tout le reste à l’extérieur de moi
Je me réveille "normale", "bien", comme certain-e-s soignant-e-s disent "iel est bien aujourd'hui, en ce moment"
Pas "iel va bien" mais tout-à-fait "iel est bien"
Je touche, frôle puis palpe cette différence entrer aller et être, entre ce qui en moi est fragile, bancal, distordu peut-être, et ce qui en moi est solide, bien plane, de la terre ferme.
Tout cela forme moi-même mais je n'en ai pas le pressentiment, je dois, de force, le mentaliser.
Je me lève je suis bien, je ne pense pas tout de suite à prendre mon traitement, qui est constitué le matin de la paroxetine, du tercian et des trois baclofène.
Je bulle comme toute personne qui a du mal le matin, qui est dans le pâté et qui boit son café en scrollant sa timeline Facebook.

Alors vient un ressenti, un truc, qui n'est pas un ovni, qui ne m'est pas inconnu, loin de là, mais que j'oublie et oblitère à chaque fois.
Ce ressenti, ce truc, pour moi c'est l'avènement en moi des Grands Anciens, de Cthulhu, c'est un sentiment d'horreur.
N'avoir jamais réellement, réellement et en contact avec l’extérieur, vécu l'horreur, fait l'horreur, mais en ressentir les effets.
Ressentir la mort, que j'aurais connue, je serais morte, mes aimé-e-s seraient mort-e-s, j'aurais causé la mort de quelqu'un-e. Je serais atroce, des trucs atroces me seraient advenu.

Ce machin, les Grands Anciens, ce n'est pas vraiment de l'angoisse. Je ne sais pas si cela a un nom, dans la clinique. La clinique me semble spécialement pauvre en termes decrivants la vie et la mort intérieures, elle est par contre très riche en description de symptômes. Voir et vivre, observer et éprouver.


Je sens tout d'abord une gêne, aurais-je oublié de faire un truc important ? Non. Aurais-je mal parlé et boudé ou blessé mon très bel amour ou une autre poersonne que j'aime ? A priori et a posteriori, non.
Puis Ça monte, cela devient un sentiment d'horreur.

Alors je sais, je sais que ce sentiment est très lié à des moments de maladie, parce qu'en un éclair je me souviens. Je reconnais et connais ce ressenti, et en un éclaitr je sais que je dois agir; sinon l’extérieur va faire effraction sur l'intérieur et inversement. Que le sentiment va monter, gonfler et gronder et qu'alors je devrai rester encocoonée dans un plaid à claquer des dents en essayant de me convaincre que non, oh non, je n'ai tué personne.

En déroulant très vite nle petit fil de la toile je me souviens de ce que je n'ai pas fait : prendre le tercian du matin. Alors piteuse de moi-même je vais le prendre. Il met une heure quasiment à m'apaiser, mais tout le gros ch'ni du matin reste a minima

C'est me trouvant dans ces moments là, me souvenant un peu de ce que j'ai pu éprouver par le passé, je me dis qu'il y a la schizophrénie, les moments de maladie (à distinguer) et par-delà la maladie en elle-même, la gestion du traumatisme qu'a engendré la maladie.

Le schizophrène ne distingue pas le fantasmé, le symbolique et le réel

Me dit la littérature.


Lol


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