vendredi 24 juin 2016

Positiver les troubles : Mon côté chou






Mon immaturité m'est peut-être très personnelle - néanmoins elle fait jonction avec mes troubles schizo-affectifs.
Pour les schizophrénies j'ai entendu parler de "naïveté", dans le sens difficulté à saisir le second degré, le sens caché, l'entre-lignes, à différencier ce qui tient du symbolique et du "réel"; non d'un point de vue intellectuel ni en n'ayant aucun sens de la blague (j'en ai pas mal) mais en croyant ce qui est dit au prime abord, à la manière des petits enfants. Par exemple les collègues sur mon dernier poste s'amusaient que je croie tout ce qu'on me dit. Par ailleurs souffrant de troubles du jugement de nature paranoïdes par moment, qui m'incitent à me méfier de tout le monde et à surintepréter divers signes, je suis forcée de filtrer tout consciemment. Pour la petite histoire, je décide consciemment de croire ou pas et ma politique globale de croyance est de penser qu'on ne me ment pas. Notamment envers les commerces, opérateurs téléphoniques etc, et je ne me fais pas bananer plus qu'une personne méfiante qui gueule tout le temps (en me fatiguant beaucoup moins)
Cette difficulté est surtout présente à l'oral, en direct.
Par ailleurs je suis dépendante affectivement, comme le petit enfant et immature sur bien des points (la gestion de moi-même)
Lors d'un entretien avec le psychiatre d'une clinique TCC, sur un exercice portant sur les défauts et qualités, je me suis trouvée coincée à trouver une qualité s'appariant avec cette immaturité. Le psychiatre m'a parlé de "naïveté dans le bon sens", de fraîcheur en somme, de la capacité de m'émerveiller de toutes petites choses.


On peut voir que tout cela peut être invalidant dans la vie quotidienne et les relations aux autres. DE plus j'ai longtemps paru moins que mon âge et l'On pouvait me croire mineure alors que j'avais plus de 25 ans. Donc présentation des papiers pour acheter de l'alcool, difficulté à être prise au sérieux, être victime de paternalisme, manque de confiance accordée.

Par contre, j'ai un côté chou qui fonctionne bien, plus encore sans doute car il est totalement involontaire. On me rend facilement des services quand j'en ai besoin (je suis réellement démunie devant un problème technique et comment le résoudre), les gen-te-s sont davantage câlins et tactiles, ce que j'apprécie beaucoup et dont j'ai besoin, On m'accorde plus volontiers de la patience et je constate parfois (les rares fois où je m'en rends compte) que je touche réellement les personnes de mon entourage voire des inconnu-e-s (qui ne sont pas forcément sensibles à cette faille de personnalité, mais celleux qui le sont le sont beaucoup)

J'ai mis du temps à réaliser cette partie enfantine importante en moi, et à raccorder tous les morceaux : profonde affection envers les personnes que j'apprécie, dépendance envers mes parents et mes amoureux, maladresse relationnelle bizarre, franchise déplacée à certains moments, je-me-suis-fait-avoir-omg-comment-ai-je-pu-croire-ça. Et j'ai mis du temps à l'accepter, tout bien pesé, avec les points positifs (gros retour d'affect et de soins) et négatifs (infantilisation).
Je couinais sans cesse "je sais faire j'ai trente ans !" (bien mature ça) ou "je ne suis pas mineure", j'implosais quand on me donnait du "Mademoiselle" et quand On m'ébouriffait les cheveux (oui alors ça... Les hommes trentenaires surtout adorent m’ébouriffer les cheveux, ça doit être la tranche d'âge où ils ont envie d'avoir des enfants) Puis je me suis visualisée en gros chiot affectueux et patauds, ce qui m'a donné une première prise vers la bienveillance. Partant de là, j'ai accepté cela, comme faisant partie de ma personnalité fragile, de mon atypicité, de mon étrangeté aux yeux de certain-e-s, que cela soit vu positivement ou négativement.

Et à ce qu'on me demande partout si j'ai le tarif étudiant-e-s (ou jeunes) Si l'on me regarde je semble bien avoir 40 ans, mais quelque chose dans ma vêture, mon attitude, peut donner une impression tenace que j'en ai beaucoup moins.

Bonus : ça ne m'a jamais empêchée d'être désirée charnellement, en tant que femme adulte.


M'apaiser avec cela est m'apaiser énormément avec moi même et avec ma maladie. Oui je suis malade à certains moments, oui cela peut se voir, non cela n'est pas haïssable ni honteux.

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