samedi 11 août 2018

"Fais attention"






Bon, je suis maladroite, distractible et souvent inattentive. Donc mes proches (et parfois des inconnu-e-s, par exemple si j'oublie non la CB mais carrément le billet dans le DAB) m'enjoignent souvent de "faire attention"

Cette injonction n'est pas forcément agressive. Mais elle signe une mécompréhension de mes troubles.

Je ne suis pas dys* a priori, je n'ai pas de Trouble Déficit de l'Attention  non plus. J'ai des troubles schizo-affectifs (je suis psychotique, schizo bipolaire)

Mon psychiatre de Haute-Savoie m'avait informée que dans mon type de trouble (et ça se retrouve probablement dans d'autres formes de psychose/schizophrénie/bipolarité) au niveau purement somatique, neurologique, mes aires cérébrales ne sont pas équilibrées comme celles d'une personne neurotypique. C'est à dire que le "cerveau reptilien" (le cervelet, maybe, il ne m'avait pas précisé, le cerveau des émotions), ne se gère pas automatiquement avec le "cerveau rationnel" (le lobe frontal je pense)

Ce qui implique que constamment, consciemment (mais bon ça tourne en tâche de fond) je dois équilibrer mes émotions et mes pensées rationnelles pour fonctionner OKLM dans la société et ne pas trop être débordée, ni par les affects, ni par les pensées.

Ça occasionne je cite "une fatigue physique du cerveau"


Pour les personne NT qui me liraient, c'est la fatigue ressentie après un examen ou une réunion intense de 4h. Sauf que c'est couramment dans ma journée.

Si je peux préciser et personnaliser : sans cesse (coucou les personnes avec anxiété, vous vous reconnaitrez) je pense au pire. L'imagination est fertile dans ces cas là. Se forment des scenario très élaborés de maladie et décès pouvant survenir à mes proches ou à moi-même, la façon dont le drame se déroulera, ce qui se passera après.

Je dois réguler ces pensées.

Je ressens une intensité de sentiments débordante aussi. Ça fait partie de ce que j'appelais ans un autre billet "mon côté chou" : je suis gavée de love jusque dans les vibrisses, et je vais vers les gen-te-s un peu comme un chiot pataud mais débordant d'affection. Vous me direz : c'est plutôt positif. Pas forcément, car je me dois de respecter les distances envers les autres personnes. Je ne souhaite pas restée collée à l'être aimé H24 et le submerger de câlins étouffatoires ni sollicités ni désirés : je limite ces démonstrations, parce qu'il a le besoin de respirer de temps en temps.

Comme je l'aime à la folie (huhu), je gère cela constamment en sa présence.

Je suis dépressive de base (mon trouble est schizo-affectif forme dépressive), donc je dois gérer ma tristesse. Constamment. Me rassurer, me consoler, être ma "bonne mère en moi" comme disent les psy, m'occuper de moi, pour mon propre confort moral. Je le fais H24, 7/7.

Je suis souvent en colère (hétéro-patriarcat tu m'auras pas). Je tempère selon les moments.

Mais je souhaite bien préciser que si je ne fais pas cet effort, sans cesse, consciemment, mes émotions me débordent complètement, sont douloureuses et aboutissent à de grandes crises clastiques/scènes avec les proches, larmes, auto-mutilations, ivresses pathologiques, etc. entrainant une auto destruction et une destruction des liens avec : mes proches en particulier, toute la société plus globalement.

Alors voilà, tempérer les pensées rampantes, l'amour, la colère, la tristesse, pour juste fonctionner et ne pas être trop "bizarre" ou toxique pour autrui me demande une énergie considérable. Souvent je ressens un phénomène, peut-être en partie neurologique, et en partie hallucinatoire, de "cerveau qui vibre" et d'aponévrose qui vibre dans tout le corps. Si je dois faire un effort particulièrement intense (sociabiliser a minima durant une soirée, ou avoir un RDV d'une heure avec mon banquier, etc.) je sens mon sang battre violemment dans mes tempes et au cœur de mon cerveau.


Mon cerveau et moi-même nous défendons : je dis que "je m'absente" très régulièrement. En fait je me mets sur le mode "veille" et j’écoute plus rien, je repose ma caboche. Je fais attention à rien. Souvent je scrolle sur fb en regardant des mèmes et des GIF de chats. Je suis pas là. Restauration en cours. Je refais mes accus.

Ça peut même arriver au cours d'une conversation. Mon compagnon se plaint que je décroche. Je comprends que ça doit être agaçant, peut-être blessant. Dans l'absolu tout ce qu'il dit m'intéresse, je n'ai juste pas la possibilité physique d’être attentive tout le temps.

J'ai du mal à me concentrer du coup, parce que je suis hyper fatigable à ce niveau là, donc je pioche des activités (comme la lecture, une passion) par de nombreuses sessions de 5-10mn et énormément de pauses.

Quand il y a plus de deux personnes je n'arrive plus à gérer et le brouhaha ambiant (effet cocktail) me perturbe énormément.


Je suis "empotée" je casse plein d'objet. Je suis taxée de bourrine, mais en fait c'est compliqué au niveau neuro de gérer les pensées, les émotions, la motricité et éventuellement une personne qui me parle en plus.

En plus j'ai le sentiment de stocker une quasi infinité d'infos triviales, qui me reviennent avec précision. La teneur d'une conversation sur le prix du litre d'essence en 1996. Le souvenir d'un ourlet de jean aperçu dans la rue en 2002. Je mets à part les souvenirs douloureux, qui comme chez beaucoup de gen-te-s reviennent dans ma gueule avec out autant d'émotion que quand la scène s'est produite, il y a parfois 35 ans de cela.



Donc si, je fais attention, mais je ne peux pas, neurologiquement, faire attention à tout, et tant pis pour les verres et les mugs.







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