mardi 14 août 2018

"Tu ne veux pas t'aider"

Michel Foucault se demandant ce qu'il fait sur ce blog... "Ah mais oui, on parle du contrôle des corps et des psychismes, ah oui"


J'ai souvent entendu, et ma foi des bouches les plus cruelles "Tu ne veux pas t'aider/ tu refuses mon aide/ Je ne peux rien faire pour toi" comprendre : tu ne mérites pas que je t'aide.


Sérieux les gen-te-s, j'ai jamais vu, rencontré, lu, une personne qui veuille pas aller mieux, aller bien, ou au moins prendre des plaisirs dans un mode yolo, si vraiment cette personne se crâme le foie etc.
Donc cher-e-s non-ami-e-s neurotypiques, reprenons le fil des NAPA (NeuroAtypiques, PsychoAtypiques) "qui refusent d'aller bien" "qui refusent l'aide" avec la version bonus combo encore plus jugeante "qui ne se respectent pas"

  • "Refuser d'aller bien" plus globalement c'est ne pas pouvoir. Pour vous qui êtes généralement confort sinon heureux (bien que stressé-e-s par "cette vie de fol que je mène") il suffit d'attendre que le coup de blues passe, que vous ayez surmonté une épreuve (je suis bien d'accord un deuil ou une séparation, une perte d'emploi etc ça arrive à toustes), que vous ayez "rebondi". Dans le cas d'une psychose décompensée, d'une dépression, de troubles anxieux, d'un syndrome de stress post traumatique : SCOOP, CA DURE. Longtemps, parfois. On aimerait désespérément aller bien, aller mieux, souvent juste souffrir un chouïa moins pour que le lendemain soit un peu moins déchirant. Mais ça n'arrive pas. Ça continue. Encore. Et encore. Et encore. Ça dure des semaines, des mois, des années. 15 ans ici. Et ma foi ce n'est pas une gymnastique psychique ou thymique que tout le monde peut faire, de "penser à autre chose". "Voir la vie du bon côté" (beaucoup de troubles psychiques impactent l'humeur, la volonté, la façon de se considérer et de considérer le monde et la vie) sortir s'aérer etc.
  • "Refuser d'aller bien bis" : certaines personnes NAPA ne supportent pas bien le fait d'aller bien, ou en fait, plus pertinemment, de prendre du plaisir. Le sentiment de culpabilité indu. La solidarité ou loyauté envers un-e proche que l'on sait ou pense souffrant-e ou décédé-e. Et cela ne signifie pas forcément que ces personnes "se mettront en échec". Simplement que l'accès à la sérénité sera plus long et complexe. 
  • "Refuser de l'aide" : ça sera le plus souvent "Tu refuses d'aller "te faire soigner"". Avec une méconnaissance étonnante de la maltraitance et de l'incompétence pouvant exister dans le milieu psychiatrique. D'ailleurs, le "tu refuses de l'aide" sera souvent le "tu refuses de te faire aider". Posez vous deux ou vingt minutes. Oui, vous, non ami-e-s NT qui m'avez abandonnée parce que je refusais d'aller bien et que j'allais crever. Vous pensez d'abord à vous en disant cela. "Tu m'embarrasses j'aimerais que tu règles ça ailleurs merci" Mes discours et comportements quand je suis souffrante vous effrayent, vous mettent mal à l'aise, vous mettent en colère. Je vous laisse vous briefer tout-e-s seul-e-s ou entre vous pour en connaitre les causes. Je pleure je crie, j'appelle la nuit, je me bourre la gueule. Je me lame, je me fais du mal. Visiblement vous vous sentez dépassés mais surtout vous ressentez le besoin urgent de me remettre d'aplomb dans la norme. Les personnes "comme moi", souvent schizophrènes, borderline, peut-être histrioniques n'ont pas la souffrance normée, pas dans son expression. Surtout les femmes et identifié-e-s comme femmes. Une meuf, ça pleure gentiment et pas trop longtemps et ça mange des Hagen Daazs au chocolat en regardant Coup de foudre à Notting Hill, avec une boite de mouchoirs, en pyjama en pilou (propre et rose) pour être confort. Une meuf appelle ses copines ou sa maman mais juste une heure, et juste entre le retour du bureau et le repas du soir. Une meuf doit pas vous perturber dans vos horaires. Une meuf peut être pompette mais pas ronde comme une queue de pelle. Une meuf doit être triste CHEZ ELLE et pas aller rechercher de la compagnie dans un bar où elle se fera violer, ce qui signifie bien qu'elle a BESOIN D'AIDE mais veut pas. La mise en danger tu vois. Bref, comme Virginie Despentes s'est retrouvée un peu sidérée dans King Kong Théorie qu'on parle de ses "vagissements" vs les femmes "très dignes" après un viol je me retrouve un peu sidérée devant l'injonction "éventuellement tu peux aller mal, mais vite fait et discret hein" Je reprends : tu refuses d'être aidé-e c'est "tu refuses d'aller chez lae psy" (lequel, quand, comment, avec quel argent, quel type de psy, quelle orientation de soins ? OSEF, le tout est que ça se passe discret planqué dans un cabinet ou un hosto qui te répare bien et tu ressors normal-e, fonctionnel-le, pas chiant-e et avec la possibilité de rendre aux autres tout ce qu'iels t'ont donné en te supportant deux heures quand tu étais très malade et en t'enjoignant "d'aller voir quelqu'un-e) Et puis, prendre des médicaments.
  • "Refuser de l'aide" ça veut souvent dire refuser le parcours normativant psychiatrique. Je précise que je suis toujours allée aux soins, depuis mes 17 ans. De ma poche
  • "Tu te respectes pas" est hyper chaud, blessant, offensant. Pas se respecter c'est se dénigrer parfois, pas se laver, grossir (maigrir je sais pas), s'habiller "comme un sac" et globalement quand on est ralenti-e on a le retour "tu te respectes pas" (jamais compris)
  • "Tu te respectes pas" c'est aussi : tu es une femme et tu as des comportements d'homme (multiples partenaires, alcools, toxiques) Souvent quand "on se respecte pas" des gen-te-s pensent qu'iels peuvent ne pas nous respecter. Scoop : c'est pas l'auto respect la jauge de "respect mérité". Si mes ami-e-s ont un manque de "dignité" (wtf ça puisse vouloir dire) abh je les respecterai pour deux. Puis je reverrai mes critères de jugement. Je dis "mes ami-e-s". Je leur trouve des qualités.
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  • BREF vos présence compte, ami-e-s. J'ai été vachement seule au fond du gouffre, souvent. Je sais bien que ma foi, c'est souvent que la lâcheté ordinaire "je voulais pas te voir mourir". Il parlait d'autree chose Sartre quand il parlait des lâches ordinaires, mais pour lui iels restaient  des salauds.

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