dimanche 9 septembre 2018

Le rétablissement, comment ?






Je tiens à préciser que je parle d'un rétablissement, le mien, avec les méthodes de soins, care et auto care qui me conviennent à moi : cela ne conviendra pas à toutes les réalités, toutes les personnes, toutees les façons de vivre son trouble schizo affectif.


Ce que le rétablissement ne m'est pas (ou pas seulement) : la volontay, le courage, la gnaque "toucher le fond pour donner un coup de pied pour remonter" (comme disait Mano Solo "y'a toujours plus profond que le fond").
En vrai du courage et de la volonté on en a toustes, ça s'appelle "struggle for life" ou "moteur de survie".


Je me dis désormais rétablie. Il ne s’agit pas d'une santé psychique "parfaite", encore moins d'une vie "normale", habituelle ou d'un confort permanent : je connais des cycles de variations thymiques, je reste très sensible à certaines situations, j'ai parfois quelques hallu... Je continue de vivre avec les troubles schizo-affectifs, mais tellement "lissés" et minorés qu'ils en deviennent largement vivable.
Je me suis pacsée dernièrement avec mon conjoint depuis 4 ans (ma relation romantique la plus longue de toute ma vie, ma première cohabitation avec un autre humain, sans jalousie morbide, sans grands éclats, sans trop de douleur), j'ai pu surmonter la mort de mon daddy sans nécessité d'hiospitalisation, je vis ma vie quoi, sans être trop parasitée par ma pathologie. Je "gère".


Mon rétablissement est fondé sur plusieurs axes


-"La chance", quelques privilèges, les bonnes rencontres : que ce soit mon compagnon qui est complètement décent et soutenant (et pare excitation et cadrant), des rencontres avec des thérapeutes très aidant-e-s (oui je le mets sous le signe de la chance, tmtc camarade en errance diagnostique et thérapeutique), des moyens de vie qui me permettent de vivre et non seulement survivre (une pension de retraite de 1000€/mois, un logis bientôt mien, un coussinet de thune rapport à la succession) Tout cela me permet de débrayer du mode "comment finir la moitié du mois", "comment faire réparer la voiture/le scooter", "comment payer mon loyer ce mois et celui d'après". C'est capital pour obtenir un chill psychique.

- Les médicaments : la chimie m'a quasiment toujours bien réussi. Le Risperdal en injection tous les 14 jours (et c'est mon choix que ce soit sous cette forme) tempère quelques peu les mouvements thymiques et régule beaucoup les idées délirantes et les hallus (mon fameux cerveau qui vibre pendant deux heures le matin, genre chuis un diesel tavu), le Tercian me ralentit, est mon frein aux episodes d'hypomanie dangereux, apaise mon angoisse quasi constitutionnelle, le Seresta arrondit les angles et me permet de moins picoler, la Paroxetine me permet de ne pas être en dépression toute l'année. Je les chéris. Cependant c'est une contrainte, du travail, et des effets secondaires (bouche seche, dents fragiles, prise de poids, une certaine raideur musculaire)

- Les autres soins, nombreux et variés. J'ai plusieurs rdv soignants par semaine. Un entretien infirmier au CMP tous les 14 jours (avec la piqûre de Risperdal), un entretien medico psy tous les trois quatre mois, un entretien psychologue toutes les deux ou trois semaines, un entretien addicto par quinzaine (une fois l'infirmière une fois la médecienne), plus la dieteticienne, le médecin généraliste,la gyneco etc, ceux là pas en lien direct avec les troubles schizo affectifs.

- Le mini réseau social, surtout par le GEM de ma commune, qui me permet de rencontrer et fréquenter d'autres personnes PA et de faire quelques activités

-La lecture et l'auto education, capitales pour moi

-Les réseaux sociaux et le militantisme, même si je fatigue vite et que je suis très duispersée, m'immerger dans les communautés NAPA, aider, être aidée quasi en direct est infiniment précieux.

-Les chats : nous en avons quatre, parmi eux San est la grande impératrice sage infirmière qui m'apaise toujours, son amourr est inconditionnel et à l'épreuve de TOUT (17 ans que nous vivons ensemble), Clo est mon symbiote, notre relation est celle de la fusion totale et de l'amour pur, avec masse de câlins. Avec Grisou et Lubs la relation est très forte mais plus secondaire dirais je. Les chats ont toujours été et sont indispensables à mon équilibre psychique

-La jonglerie avec mon équilibre neurochimique : outre les medicaments, il me faut veiller chaque jour à ma jauge de caféine et de nicotine, sinon ça péclote.


-Pas de travail à l’extérieur : c'est simple, su les dix quinze dernières années de ma vie, travail rémunéré avec obligation de compétence (ce que j'entends tout à fait) = un burn out tous les six mois avec décompensation alcoolique et psychotique, trois ans d'arrêt maladie, des hospit et des soins à gogo.

-Beaucoup de routines et de ce que mon psychiatre hospitalier appelait les rituels : j'aime les changements et les surprises, mais il me faut un fond qui ronronne sinon je suis trop déstabilisée


Voilà donc ce qui m'est nécessaire pour être fonctionnel, à peu près serein et même, parfois heureuse :)


Bonne chance (oui) et courage (enfin, d'aide) à toustes pour le chemin de l'auto soin.

6 commentaires:

  1. Chacun son cheminement oui....bravo à toi.
    Je ne supporte pas les neuros personnellement je dois faire sans et je veux faire sans.

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    1. Merci :) Et oui j'ai bien précisé "mon retablissement" car je conçois tout à fait qu'on ne puisse ou ne veuille s'en remettre à la chimie

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  2. Article trèz sympa à lire, merci à l'auteur.

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  3. Très beau parcours de rétablissement !

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    1. Merci ! Ce fut long, 25 ans de maladie non équilibrée avant !

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