mercredi 18 novembre 2015

Altérité, le risque de la psychophobie






J'écris ce jour, 18 Novembre à une très courte distances des tueries de Paris.

J'ai partagé sur la page Facebook l'intervention du 10 Janvier 2015 de Cyrulnik.

Il m'est important de dépsychiatriser, dépsychologiser les auteurs des attaques meurtrières, abominables. Ils ne sont pas "fous". Quand l'horreur surgit nous avons tous besoin de rejeter les coupables dans l'altérité tant nous avons du mal à comprendre pourquoi nous avons si cruellement été atteints, si aveuglément.

Nous ne sommes pas l'Autre, nous ne sommes pas l'inquiétant étranger, nous sommes humains. Nous ne sommes pas hors de l'humanité - je ne comprends pas le crime, je ne cherche plus à le comprendre. Il y a sans doute des modes de pensée qui nous échappent complètement, des référentiels moraux antagonistes aux nôtres (croyons nous, sans doute, je suis en pleine lecture des Identités Meurtrières d'Amin Maalouf)

Je suis bien incapable de faire une quelconque "analyse" des événements venant de se produire, je trouverais d'ailleurs cela indécent, mais beaucoup de "retours" me pèsent. Me mettent mal à l'aise, en tant que malade psy.

Les injonctions à boire de l'alcool, les injonctions à être heureuse - pour résister. La résistance à la douleur morale est une partie de l'histoire de ma vie. La résistance à l'alcool aussi. La configuration change, des drames ont eu lieu, d'autres surviendront j'en ai la conviction. Oui, je suis préoccupée, oui, je lutte pour le bonheur comme j'ai toujours lutté.

Je vous demande, ami.e.s, de ne pas englober les terroristes dans les"fous", je vous demande de ne pas adhérer à ce que j'ai pu lire sur les "délires mystiques". Que va-t-il arriver, sinon, aux usager.e.s réellement aux prises avec un délire mystique, ceulles qui se vivent Jesus, Mahomet, Dieu lui-même ? Je garde confiance envers les soignant.e.s pour garder juste mesure et ne pas dénoncer des états de souffrance ou d’exaltation, transitoires, aux forces de l'ordre. L'hôpital (hospitalis domus, maison où l'on reçoit les hôtes) est un lieu de soins, de refuge, un abri. Je garde la confiance qu'il le restera.

Mon intentio n'est pas moraliste, mon billet est ma pierre vers la construction permanente d'un certain vivre-ensemble.


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