mardi 17 novembre 2015

Super-pouvoirs et lointains bugs - où je vais quand je m'absente



J'ai appris dernièrement en lisant un article que 80% d'entre nous, schizophrènes, avons des "troubles cognitifs", ce qui était spécifié par troubles de la mémoire immédiate, de l'attention et difficultés à se repérer dans l'espace.

Lisant cela je me suis dit "Hhhhhhhha" et me suis trouvée vachement soulagée. Car je souffre de tous ces troubles, en plus d'une "maladresse" légendaire depuis mon enfance (une pseudo dyspraxie) et ce que l'on me renvoie est que je suis une je-m'en-foutiste qui ne fait attention à rien.

J'y pense depuis quelques temps, déjà, depuis le moment où je suis "tombée du déni" et, me rendant pleinement compte que je suis schizophrène, me suis mieux penchée sur les causes neurologiques.

Mon psychiatre m'a expliqué plusieurs choses "cerveau reptilien et cerveau "raisonnable" mal équilibré, me forçant à penser consciemment à mes émotions sans cesse pour rester "équilibrée". Cela cause une fatigue physique du cerveau, terme que ce psychiatre m'a proposé et qui me plait beaucoup.

Donc je suis maladroite, tête en l'air... Je me perds partout, je casse des objets, je ne me rappelle de rien...C'est pénible pour tou.te.s mais au final surtout pour moi.

Imaginez-vous dans un magasin de porcelaine, vêtu.e de trois pulls, d'une doudoune et de moufle, devant manipuler des objets fragiles tandis que d'autres sont en précaire équilibre partout, tandis que, sous l'emprise de calmant ou d'un peu trop d'alcool, vous recevez des consignes.

Pas facile. C'est un peu ma vie quotidienne.

Alors, o sont mes super pouvoirs ? Une chose dont je ris, c'est ma capacité étonnante à savoir ouvrir tous les emballages "ouverture facile" que mes connaissances NT ne peuvent ouvrir qu'à la tronçonneuse. J'ai élbaoré une théorie comme quoi ils étaient conçus par des gens "maladroits" ou dyspraxiques, et que seuls les "maladroite et dyspraxiques" comme moi sont en mesure de les faire opérer.

Pour mes troubles de l'attention, je vis de longues absences. Je les appelle les absences.

Pendant toute la première partie de ma vie disons jusqu'à mes 38 ans, j'avais la capacité de "m'absenter", quand je m'ennuyais ou sous le coup du stress (auto-hypnose spontanée) et en même temps d'enregistrer ce qu'il se passait sans chercher à le comprendre.

Mon exemple est la réunion qui s'éternise, surtout pour une secrétaire. Je pouvais parfaitement prendre des notes exhaustives (qui parle, que dit-iel ?) tout en pensant à complètement autre chose, ou en dormant. Si on me demandait mon avis, j'étais capable de repasser la bande sonore des 30 secondes qui avaient précédé, l'écouter et la comprendre, et répondre. Je présente mes excuses à mes supéreiurs pour ces siestes éveillée, néanmoins je faisais mon travail correctement.

Maintenant, évolution de la maladie, forte charge en benzo et baclo, je ne le peux plus, quand je m'absente, je ne suis plus du tout là.

Pour ce qui est de dormir éveillée, là encore je pense qu'il s'agit d'un état de transe auto-hypnotique. Je dispose d'une espèce d'interrupteur mental, que je peux actionner et, par exemple, tous les matins je fais ma gym en dormant. Un seul de mes neurones est vigilant pour capter les consignes du DVD et les éxecuter, pour le reste, je finis ma nuit.

Où vais-je quand je m'absente ? Souvent, comme c'est involontaire, je "prends" inconsciemment un bout du film, de la conversation, d'un livre (oui, je m'absente en lisant, et pas que des ouvrages que je trouve ennuyeux). Je pense à des moments, à des conversations, à des trucs et des machins, bref, je somnole, je rêvasse.

Quand le déclic est volontaire je pense à des chats, un jardin japonais en fleurs sous la neige, au Lac Léman.

Désormais, benzo, âge, alcool consommé par le passé, mon pauvre encéphale part en brioche. Comme tout le monde j'ai été très choquée par les tueries du vendredi 13. Je me réveille à peine péniblement. Mon très bel amour a compris, toujours bienveillant, sans doute inquiet. Mes bugs étaient longs et fréquents. e me remets, comme nombre d'entre nous, et la façon dont ces attentats m'ai "impactée" ne présente pas grand intérêt.

J'ai tout de même entendu parler de "psychose collective", de "délire mystique" et de "fous" et "d'idiots". Je laisse pisser pour le moment, à tort ou à raison. Je ne risque pas, comme les personnes racisé.e et/ou musulman.e.s d'humiliation, d'oppression pire encore... Dois-je attendre que dans les HP des arrêtés obligent les soignant.e.s à dénoncer les propos problématiques des usager.e.S ? Comme on nous avait demandé (circulaire) de balancer aux flics des étrangers en situation irrégulière ?

Je me réveille dans le chagrin, et la lassitude, déjà.

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