samedi 9 janvier 2016

Mésestime



Je vis avec des troubles schizo affectifs forme dépressive. Cela singifie que j'ai des symptômes et "parts" schizophrènes, d'autres bipolaires, mais plus volontiers vers la dépression, assez constante en "douceur" et parfois mélancoliforme.
"Parts" est un mauvais terme, je ne suis plus partitionnée.
Mais c'est plus simple.

Cela entraine une faible estime de moi, que je peine à "restaurer", à équilibrer. Les périodes hypomanes ou mixtes me donne de l'assurance à foison, mais il s'agit exactement de la même chose, de la même faible estime de moi-même.

Se déroulent dans ma tête les termes cliniques pour désigner ces sentiments quand ils s'enracinent dans des personnes dépressives : "sentiment d'indignité" "sentiment de culpabilité" "sentiment de ruine" aussi, que je rattache au cortège.*
"Les lunettes grises du mélancolique".
Que l'on qualifie de trouble, que je qualifie comme une façon de se voir et de voir le monde sous un seul angle, le laid, le douloureux. Cela ne me semble pas délirant, du laid est en mot. Mais cela est tronqué car j'ai la prétention de penser qu'il n'y a pas que ça.

Bref, depuis l'enfance, quand a commencé la grande tristesse, j'ai tendance à me dégoûter, à m’embarrasser moi-même. Je relie ma grande peur de l'abandon à ceci. Si je suis indigne et incapable, j'ai besoin des autres. Si je suis indigne et incapable les autres vont me quitter. Donc je vais crever. Ou pire, je ne vais même pas en crever et cela durera pour les siècles des siècles.


Cela se double d'un psychophobie intériorisée, ancrée dans ma psyché, dans mon corps même. La somme de la silenciation, du jugement, de la négation, des moqueries, du mépris, de la peur, du rejet,de la haine parfois. De tout un chacun. Que j'ai connue, vue, entendue, bue, dont j'ai usé envers autrui, avant de me penser malade, et pendant un temps encore plus en me pensant malade.

Ça va de la qualification de "fou" pour tout acte semblant sortir du chemin pavé de bonnes intentions de la normalité des braves gens. A l'idée commune, implicite et souvent explicite que les fous sont dangereux, "à lier". A l'idée commune, très explicite, que les fous "ne savent pas que" "n'ont pas conscience de". Rappelons que la conscience est le propre de l'être Humain , la conscience de soi. N'avoir "pas conscience de son état" ? Ne "pas savoir ce qui est bénéfique pour soi" ? La conscience de soi est déniée aux fous et aux animaux non humains. A des injures parfois, au fameux signe de la main ou du doigt sur la tempe. A des discriminations, sur le lieu de travail. Au capacitisme, au validisme.


Cela était ancré en moi et j'ai encore bien du chemin pour me déconstruire.

Cela a tellement atteint en moi, d'une telle faille, ce que je ressens et pense de moi, que cette psychophobie intériorisée a été je pense un des puissants moteurs de mon très long déni.

Je travaille à m'aimer, à m'apprécier à ma juste valeur. Ni trop ni trop peu. Unique comme tout le monde. Et si et si et si. ET si je ne devais pas prendre dans la gueule toute la psychophobie ordinaire sur les réseaux sociaux et dans les medias, dans ma famille parfois, de la part de machin et bidule, de la banquière et du boulanger, des soignant.es assez souvent, toute cette "moisissure qui s'infiltre" comme dit Jaddo au sujet du racisme et du sexisme...
Si...

Eh bien, foi de rat, cela serait plus aisé. Il y a tout ce chemin entre ce sentiment, vibrant, chaud et libérateur, d'accepter ma pathologie et de me tonitruer à moi-même "je n'ai pas honte" et puis ouvrir la porte et le crier au monde, alors le monde répond "mais quand même, tu devrais"

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