mercredi 25 mai 2016

Enragée

Ma "réflexion" aujourd'hui part de tout un questionnement récurrent autours des groupes militants IVL et de ce billet de Lau, de la safitude, d'un discours nécessaire sur les troubles psy (non, nous ne sommes pas plus dangereuxses que le reste de la population, plutôt moins, même, et plutôt plus souvent victimes) mais qui, comme le dit Lau, risque de mettre le "qui déborde" des troubles sous le tapis - des troubles et de certains types de pathologies, notamment les psychoses et les troubles de personnalité borderline, les psychopathies.


Je ne veux pas ici "avouer" mes "écarts" comme pour me libérer, je veux ouvrir ma parole sur ces aspects de moi, liés aux troubles schizo affectifs. Parfois certains de mes billets doivent donner l'impression que je suis une personne parfaitement raisonnable et sensée. Je ne le suis pas toujours. La souffrance peut chez moi pousser à certaines extremités et je peux être amenée à avoir des troubles du jugement, notamment sous influence délirante.

Je suis depuis deux ou trois ans beaucoup plus calme, beaucoup moins productives, et pas du tout intoxiquée par des drogues illégales et l'alcool, ce qui m'aide à garder le contrôle.

Mais je vivais des états mixtes et schizoïdes à la fois, qui pouvaient durer un an ou plus, jusqu'à ce que je me décide, parfois poussée gentiment mais fermement, à l'hospitalisation. Oui l'HP m'a sauvé la vie. Mais oui aussi, j'ai souvent été hospitalisée, toujours en libre, dans des services carcéraux et déshumanisants. Il existe un besoin vital d'hôpital, mais l'hôpital devrait être un lieu accueillant et respectueux, pour toustes.

Durant ces états "schizomixtes" j'étais très productive au niveau délire, je me montrais très exaltée en même temps que très triste et angoissée, je me montais des alliances, une folle loyauté envers certaines personnes, j'étais persuadée d'être à la fois supérieurement intelligente, capable d'écrire de la littérature psy de haute volée, et une sombre merde à la fois.
Dans mes relations amoureuses la jalousie me dévorait, me rendant abusive, stalkeuse, violente verbalement, parfois physiquement, de grandes scènes apocalyptique qui mettait ma vie et celle de l'autre à feu et à sang avant de me laisser comme une terre désolée.

Cela allait de pair avec une méfiance paranoïde envers mes parents que j'accusais de m'avoir rendue folle et inapte à l'amour. Ado je me battais avec ma mère, et durant des années j'ai eu des mots violents envers mes deux parents, violent n'est ici pas un vain mot.

Cela était suivi de longue période de dépression mélancoliforme, durant lesquelles je buvais beaucoup d'alcool en restant très calme et malheureuse et confite dans l'angoisse, ne me lavais plus, devenais la vieille folle à chat, réellement.

Que des images pas glamour de ma folie. Que les images qui font peur, que les images qui dégoutent, que le stigmate.

J'en ai eu souvent honte, terriblement. Aujourd'hui je fais la part des choses avec les états de maladie, sans me déresponsabiliser je l'espère et surtout j'ai compris, en une journée de novembre 2014, que si tous ces gens, ex amoureux, parents, me parlaient encore, m'appréciaient et m'aimaient encore, c'est bien parce que, pour elleux, je suis aimable, que le clivage Saine-Tarée était en moi, jamais en elleux. Que je suis toujours restée "une", que Ju se voyait malgré tout, je me dis même parfois "fichtre, je dois être bien attachante pour que le lien demeure"

Le lien ne demeure pas toujours, j'ai "perdu" des ami-e-s, des potes, j'ai entamé ma réputation et ai pu devenir le mouton noir à certains endroits.

Mais tout cela m'amène à nous enjoindre toustes, dans la vie IRL comme dans la militance IVL à de la bienveillance, à ne pas rompre définitivement le lien face à une personne en difficulté et qui en devient unsafe (insane plutot non ?), à ne pas exclue, on, à ne pas stigmatiser.

A nuancer. Parce qu'on peut toustes être enragé-e, on peut toustes péter un plomb et partir en wild, selon nos neuroatypies et il serait cruel que dans le milieu NA nous nous en voulions pour ça.

2 commentaires:

  1. Bravo pour votre blog. Au delà de vos troubles, je perçois surtout une grande intelligence et humanité.

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  2. Merci Alexandra cela me touche beaucoup

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