lundi 9 mai 2016

Le fric c'est chic ? Dépenses inconsidérées



Je me fends d'un billet (lol tro drol jpeu arrêT d'écrire là) sur mes dépenses - je ne sais si cela est courant pour mon type de troubles, si c'est courant chez les schizophrènes en général, ou chez les bipolaires (hors état maniaque), mais ça me semble lié à ma partie malade, qui n'est pas une partie circonscrite qui s'exprime parfois de façon subaiguë, mais qui est lié en moi et intriqué dans ma partie dite saine - c'est moi.

Je dépense beaucoup, je me mets en difficulté régulièrement du fait de ces dépenses. Cela m'a semblé aller avec tous mes trucs compulsifs ou addictifs, manger trop, souvent, fumer trop, souvent, être malade alcoolique binge drinker, prendre trop de benzo, cette recherche constante de plaisirs qui semble cadrer avec toute ma facette addict. Et oui, je vis de ces "lunes de miel" avec des achats, ça peut me procurer des sensations ébrieuses.

Mais je suis convaincue qu'il ne s'agit pas que de ça.

Je dépense, le plus souvent très facilement, le plus souvent de choses dites inutiles, parfois de choses qui ne me plaisent même pas. Mais ce sont des objets, société de consommation tu m'as eue, qui rattachent à une certaine norme.

C'est bien cela que l'on nous vend dans la pub, les magazines relais de pub à peine déguisés, une certaine jeunesse, une certaine beauté, une certaine joie. Bois du Coca tu seras heureuse, achète Diadermine tu seras belle, etc, je vous la fait pas en longueur, on sait toustes ça.

Mais ce qu'on nous vend c'est aussi, surtout, le canon de la norme. C'est tout le monde boit du coca (ou du bon vin, ou de l'eau thermale, whatever, chacun sa petite tranche de n ormalité, junk food, bio ou ascète), tout le monde a ses "rituels beauté", tout le monde porte une robe à fleur, un perfecto et de la jopncquaille au printemps. Achète ça et tu seras comme tout le monde.

Je crois que c'est cela que je tente sans cesse d'acheter, parce que mon grand rêve, le mien a moi, c'est pas d'être un flocon de neige, c'est pas "d'être un peu folle" lolilol comme en rêvent certain-e-s neurotypiques parce que la folie donnerait un cachet rock, ou fraîche, ou libre, mon rêve perso ce serait d'être normale, perçue comme normale et ne pas vivre ces moments gênants quand j'ai dit ou fait un truc réellement curieux, ou pas adapté, et qu'il y a un flottement, même sans malveillance.


C'est cela que je veux acheter, être une femme du printemps deux mille trouze avec des docs et une robe à fleurs, comme plein de femmes du printemps deux mille trouze et oui je me trompe en pensant en dessous que c'est en achetant encore une robe à fleur que je vais l'être et que ma démarche sera moins panzer et mes yeux moins partis en gonade.

Et puis, j'en suis persuadée, acheter est un acte fort qui nous est demandé pour faire partie de la société, pour être un-e consommateurtrice. Je pense qu'on ne peut pas le comprendre quand on n'a pas été en galère de thune prolongée, qu'on ne l'a pas éprouvé. Quand ce n'est pas un choix, il est très douloureux de se sentir au ban, et je ne parle pas seulement de la survie bouffe-clopes. Acheter est un acte puissant qui me rattache à la société.


Quand j'achète l'espace de quelques instants je suis des leurs.

Enfin, je n'aime pas l'ragent, auquel cas je le garderais. Il est pour moi un moyen, plus qu'un moyen, un medium, donc. Cette "légèreté" avec les liquidités m'a valu des emmerdements sans fin, qui durent encore à moindre bruit et je me suis fait sermonner durement, parfois par des personnes qui réparaient mes lâchages, et qui ont eu raison de me recadrer. Ca revient sans cesse et je comprends que ça rende fou, c'est une experience qui ne fait que peu de marque en moi. C'est un comportement, un flux de pensée et d'émotions, que je me dois de travailler, au niveau psychique comme comportemental, car ces dépenses sont dangereuses et sources continuelles de stress. Je demeure cependant convaincue que ce n'est pas une recherche de ce danger, mais une recherche vaine de cette normalité que je n'arrive pas à acter. C'est cela que je me dois de lâcher, que j'accepte une vie alternative, être alternative.

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