mardi 10 mai 2016

Multifactorialité et séquelles



Il est connu que les troubles psychiques soient qualifiés de "multifactoriels", ayant plusieurs causes et non une seule.
Les sciences ont encore du mal à nous traiter, et aucun type de traitement révolutionnaire n'a été découvert depuis les neuroleptiques au débuts des années 50 (Henri Laborit, amour éternel), simplement affinés (nouveaux antidépresseurs, nouveaux neuroleptiques, traitements plus ciblés)
La littérature abonde évidemment et j'en ai peu lu, je l'admets tout simplement.


Les causes possibles et imbriquées des pathologies psychiques sont la génétique, l'environnement social et familial, la neurochimie, l'histoire de vie, la santé somatique parfois. J'en oublie probablement.
La psychiatrie, la neuropsychiatrie, la neurologie, les psychologies, la psychanalyse, les médecines dites alternatives, les neurosciences se penchant sur nos cas. Cela nous fait un beau bataillon !

Pour mon cas, celui de troubles schizo-affectifs, il apparait des facteurs génétiques (troubles bipolaires dans ma famille paternelle), environnementaux (relation particulière à mes parents, sans charger qui que ce soit, je parle de relations, pas de personnes), anamnétiques (des événements de vie) et sans doute neurochimiques puisque les traitements chimiques agissent bien (sans savoir quoi déclenche quoi)

Au cours de l'histoire de ma maladie j'ai été hospitalisée relativement souvent, j'ai pris une grande variété de traitements avant de "trouver le bon", j'ai accompli deux thérapies par la parole.

La sensation que j'ai réellement, qui n'est pas que sensation, qui est aussi réflexion, est d'une "base" neurochimique et psychologique, sur laquelle s'est rajoutée les "séquelles" ou les traumatismes des épisodes de maladie.En matière de traumatisme je parle de fracture psychique, comme ce qu'il peut advenir lors d'une expérience sous LSD.

Avoir été en état de maladie aiguë c'est avoir, souvent vécu l'horreur. Et l'horreur en soi, d'où on ne peut se sauver. Je psèe mes mots. Cela laisse des traces.
Vivre un état de maladie aiguë, en plus de ce traumatisme prime, ce sont des pertes, perdre des ami-e-s, perdre des membres de sa famille pour certain-e-s, perdre ses amour-e-s, son emploi, sa street cred, sa dignité. C'est parfois avoir des ennuis avec la justice, c'est parfois mettre en péril sa santé physique, sa vie, c'est parfois perdre la vie.

Et c'est rester marqué-e- par le stigmate de la maladie psy, envers les proches, ami-e-s, collègues...


Un épisode de maladie en soi engendre un traumatisme. Une hospitalisation engendre possiblement un traumatisme (claustration, dépouillement de son identité, de sa liberté, violences institutionnelles)

Et en plus de garder apaisé son encéphale à coups de cachets (ou autres), en plus, quand on en a les moyens financiers et personnels, de travailler sa vie ou son enfance dans une thérapie par la parole, nous avons à gérer ces traumatismes, cette façon d'être au monde et dont le monde nous considère alors, nous fous.

Je suis persuadée qu'il existe "la maladie" et "la maladie générée par la maladie", qui peut être syndrome de stress post traumatique, dépression caractérisée (On me dit que ce sont mes cycles thymiques un an de dépression incurable après six mois d'état mixte...), grave perte de l'estime de soi, j'en passe.

Ainsi je pense qu'il est important de traiter et travailler cela, plutôt que de l'enterrer en vagues "vous ne vous rendez pas compte de comment vous étiez alors" et "il est inutile d'en parler"

Sous peine de s'enfoncer encore et encore sous des couches d'angoisse, de culpabilité et de chagrin.

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