lundi 8 août 2016

"Pudeur"






Les NT, je dirais globalement les braves gen-te-s, certain-e-s NA aussi sans doute, aiment les histoires de maladies déchirantes "narrées avec pudeur et dignité".

Que la douleur affleure et qu'on en prenne partie de la mesure par sous entendu, sous des voiles.

La personne qui vit et/ou raconte ses troubles, ses difficultés, souvent dégueulasse, verrait ainsi préservée sa dignité. J'ai parlé dans un billet précédent de "ne pas respecter les gen-te-s qui ne se respectent pas", absurde.

Quand on est fou, folle, on manque de limites dans les crises, ça déborde, c'est affreux, il faudrait en plus qu'on ne gueule pas, qu'on voile d'un paravent pudique le plus douloureux de nos troubles; alors un scoop : ça n'aide que la personne qui entend l'histoire, ça ne sert qu'à rendre moins malaisant le récit, la vue des corps et des psychés tourmentés, malmenés, ça n'aide pas le fou, la folle, ça ne lui apporte rien que le devoir, l'injonction encore et toujours de ne pas déborder, de ne pas déranger le bon fonctionnement de la société, ça ne sert qu'à étouffer de manière psychophobe un long hurlement légitime.

Parce que c'est digne de ne pas réussir à se laver, c'est digne l'esprit qui s'éclate en millions de morceaux, c'est digne la chair et la peau malmenées, c'est digne le sang, les crachats, la merde ? Et encore il faut rentrer tout cela, pour ne pas faire sale, et encore il faut se normativer, se normaliser, auto silencier ses troubles et sa souffrance.

Toute expression de la souffrance ne semble pas acceptable. Si tu as des hallus, des terreurs,des effrois, des yeux écarquillés, une peau balafrée, tu es invité-e à fermer ta gueule et à montrer patte blanche.

Alors cette pudeur là, au service de qui ne comprend pas, ne veut pas comprendre, ne veut surtout pas savoir (voire veut éliminer lae fauterse de trouble) je l'emmerde. Avec de la vraie merde qui pue et qui tache.

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