mercredi 21 octobre 2015

A l'hôpital






L'hôpital psy, qu'il soit Unité de Soins Normalisés, Unité de Soins Spécialisé, Etablissement Public de Santé Mentale a bien changé en vingt ans - ouf.
J'ai vécu une quasi dizaine d'hospitalisations, toutes différentes. Pour toutes j'entrais volontaire (même si pour l'une je fut placée en hospitalisation sous contrainte en cours de route). J'ai également été hospitalisée en clinique privée en centres de cure de sevrage alcoolique, sur lesquels je passerai cette fois, atnt ils sont organisés différemment.
Dans le public, ma chance dirais-je est que je n'avais pas peur des personnels, des usagers, de l'hôpital, étant moi-même infirmière.
Je me disais : je vais me faire hospitaliser, et puis ça ira mieux.
Et puis, une fois arrivée à l'hôpital, qu'on m'ai présenté le service et ma chambre (dans la plupart des cas, des chambres triples, ce qui n'arrive plus dans l'hôpital de référence du fait de construction de nouveaux bâtiments) je me disais, à chaque fois "et maintenant ?"
Je voulais de toute force aller mieux, c'était bien sûr vital.
Je voulais de toute force être une bonne patiente, qui progresse qui n'emmerde pas, ou pas trop les infirmiere.s et les pasychiatres, bien adhérer au traitement et tutti quanti.
Mais comment faire ?
Assise sur mon lit après avoir rangé mes affaires, fouillées, dans mon placard, je ne savais pas comment faire pour aller mieux.
Le jugement soignant a parfois été délicat.
Sympathiser vite et bien avec les autres usagers c'était montrer une hyper adaptation suspecte.
Ne pas le faire était montrer une inhibition suspecte, peut-être du snobisme.
De toute façon je ne sympathise jamais vite avec personne.
Rester dans la chambre, c'était jouer contre mon camp, ne pas "participer à la vie du service"
Mais hors de ma chambre, surtout la première semaine où je n'étais pas même autoriser à sortir du service, c'était soit glander devant la télé sur des programme que bon voilà, soit squatter la salle télé fumeur, et fumer et se faire taxer autant de clopes que je pouvais en fournir.
On m'encourageait à me laver chaque matin et faire mon lit, pour recouvrer une dignité, renouer avec mon corps, etc. C'était sans compter à l'époque sur les douches communes, il fallait faire la queue, et elles n'étaient pas ouvertes sans cesse. Doonc je devais me laver, mais de 7h à 9h, sous réserve qu'une douche soit libre.
J'étais certes "sub délirante et agitée". Je comprenais mal ces restrictions, si je demandais pourquoi il m'était répondu "c'est la période d'observation"
Je ne comprenais pas en quoi ni comment on m'observait, sinon que j'avais vite tout faux.
Bref, j'étais là pour aller bien, j'étais motivée, mais je ne savais comment faire pour aller bien.
Je dois dire cependant que ça marchait, puisque j'allais vite mieux. Le repos, la sécurité (relative mais j'y reviendrai), les repas et le sommeil à heures fixes, un traitement pris à heures régulière, et comme il faut...
Et tant d'ennui pourtant. "Il vous est bénéfique de vous confronter au vide"
Bon, pour moi, obliger qui que ce soit à se confronter au vide est une forme de torture, et j'attends ecore que l'on m'explicite en quoi cela peut être bénéfique à qui que ce soit. Flûtiot, laissez les usagers en mauavais point à ce moment de nos vies de sortir un peu du chaos dans la tête, de l'appel du vide qui génère une angoisse majeure et terrifiante. Le repos, c'est cela aussi.
Mes pensées qui allaient bien trop vite, mes angoisses cataclysmiques, les idéations bizarres, je voulais m'en dtacher pour retrouver le sol plus ferme d'une réalité commune, d'un apaisement. Réfléchir à ma vie m'était trop flippant. Je me savais très malade sans savoir quand comment en quoi, précisément, ni que faire; avouons que "retrouvez un bon  rythme circadien et prenez bien vos médication", si c'est efficace, constaté empiriquement, ne répond à rien de ces questions pressantes ni de ses angoisses.
J'aurais aimé plus de discussion avec les infirmier.e.S, un dialogue plus ouvert où mes interlocut.eur.trices n'auraient pas craint pour ma santé en me disant "vous êtes agitée, vos idées sont encore bizarre, vous avez besoin d'être très contenue. C'est dû à votre schizophrénie mais cela va s'apaiser, même s'il est compliqué d'être patiente Alors vous retrouverez votre vie"
Cela a progressé, je le vois, je l'ai vu et vécu. Je m'en réjouis.
Que l'on ne nous pose plus dans nos chambres en disant "faites ce que l'on vous dit et ça ira" et puis l'on ne vous dit rien.
L'HP m'a sauvé la vie à de nombreuses reprises. J'y ai rencontré des soignant.e.s qui m'ont énormément aidée. Mais je m'y sentais si seule et apeurée, et dans les serices fermées le vécu carcéral est si douloureux.
Cela est sans doute à progresser ensemble, tou.te.s les interlocuetur.trice.s, usager.e.s, rofessionel;le.s de santé, sur un pied d'égalité, pour que nous puissions tou.te.s progresser de concert vers des soins toujours de plus grande qualité, toujours plus confortable.
J'ai grand espoir. Et je remercie les professionnel.le.s de soins.

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