samedi 10 octobre 2015

L'observance du traitement






Je n'ai pas toujours été scrupuleuse dans l'observance de mon traitement. Le déni en a été une cause partielle : je me savais très malade, mais surtout pas chizophrène. Ainsi je prenais bien les traitements antidepresseurs et les traitements anxiolytiques et neuroleptiques sédatifs, mais pas toujours bien les antipsychotiques.
Et puis je suivais un mouvement pas vraiment rationnel mais commun à de nombreuses personnes, neurotypiques aussi : quand je me sentais bien, que j'étais stable, je me pensais guérie et échappais à tout traitement. Que cellui qui n'a jamais arrêté les antibio après la fin de la toux me jette le premier pilulier
.

J'entendais dire dans le milieu psy où je bossai que seul.e.s les NA arrêtent leurs traitements. Que les diabétiques par exemple ne les arrêtent pas : sinon eh bien, ils meurent.
Je sais maintenant que certain.e.s diabétiques prennent mal leur insuline, prennent des libertés alimentaires, etc. Simplement est ainsi faite la vie des malades chroniques et tou.te.s nous passons par des phases de déni, de pensées permissives, de révoltes, d'espoirs illusoires, de sentiment de maîtrise absolue, de "ça va aller" et de "et au pire on en meurt"

J'ai eu la chance, par contre, étant infirmière, de connaitre plutôt bien les effets secondaires de tous ces médicaments et de ne pas m'en larmer plus que cela : les contractures (dysarthrie, qui me faisaient la mâchoire serrée), la bouche sèche (de telles doses parfois que tout mon corps était sec, à tel point que je ne pouvais tenir un stylo, sans la moindre sueur, il me glissait des doigts), les impatiences, les jambes qui bougent toutes seules... la prise de poids, la fatigue, etc.
Car PERSONNE ne m'en a parlé. Quand on est identifiée comme infirmière par un.e soignant.e cela donne des raisons de plus de zapper l'explication. Bien sûr énoncer tous ces effets indésirables ferait peur, mais cela fait encore plus peur quand ils adviennent et qu'on ne sait pas d'où ils sortent, je pense. Et l'apprendre ainsi et à moon sens davantage motif à la rupture avec le traitement incriminé, le manque de confiance envers les soignant.e.s prescripteur.trice.s, les lacunes de dialogue.
Comment faire confiance à un.e médecin qui vou a refilé un cachet qui vous a fait vous retourner les yeux vers le plafond ans vous avoir prévenu du risque ?

Aujourd'hui je blinde mes soins, alarmes, piluliers semainiers, injections retard pour le Risperdal, doses supplémentaires dans le sac à main, tout pour ne rater aucune prise (et j'en rate quand même...)
Mais je consomme 23 cachets par jour, en cinq prises. Plus une injection retard, donc. Cela n'est pas facile à gérer. Je relève d'une décompensation en Décembre 2014 et la récupération est toujours longue. Mais j'ai prise sur ma schizophrénie. Je n'ai pas prise sur tout, elle fait partie de moi, elle est partie de moi, mais je blinde autant que je peux, je survis aux décompenation mais ce que je me dis en les vivants est "c'est inhumain quand même". Et je compte me bien traiter.

Mon traitement m'est important

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